Le gouvernement canadien finance un projet de recherche sur la littératie des médias pour lutter contre la désinformation

Le gouvernement canadien investit 5,5 millions de dollars canadiens pour créer le Réseau canadien de recherche sur les médias numériques (RCRMN).

Annoncé le 7 juin par Dominic LeBlanc, ministre des Affaires intergouvernementales, de l’Infrastructure et des Collectivités, le RCRMN vise à « renforcer davantage la résilience de l’information des Canadiens en étudiant comment la qualité de l’information, y compris les récits de désinformation, influe sur les attitudes et les comportements des Canadiens et en soutenant des stratégies pour la littératie numérique des Canadiens.

Il sera administré par le Media Ecosystem Observatory (MEO), une initiative de recherche dirigée par l’Université McGill et l’Université de Toronto. Le MEO se décrit comme « une initiative de recherche interdisciplinaire dédiée à l’analyse du réseau complexe des dommages en ligne et des menaces numériques à la démocratie, tout en s’efforçant activement de s’en protéger ».

L’approche en cinq volets de l’opération RCRMN est la suivante :

  1. Collecte continue de données : Recueillir des données de trace numérique auprès des principaux réseaux sociaux et mener des sondages réguliers pour comprendre les attitudes et les comportements des Canadiens par rapport à l’écosystème de l’information.
  2. Intendance des données : Construire et maintenir une infrastructure pour distribuer équitablement les données aux communautés canadiennes de la recherche, de la société civile et des journalistes.
  3. Capacité d’analyse : Favoriser une communauté de pratique axée sur la compréhension et la protection de l’écosystème canadien de l’information tout en offrant une formation sur la collecte, l’analyse et l’interprétation des données numériques de suivi et d’enquête.
  4. Mobilisation des connaissances : Analyser les données recueillies pour améliorer l’élaboration des politiques canadiennes, collaborer avec des acteurs de tous les horizons politiques, communiquer les résultats au public et soutenir les initiatives visant à mieux servir les communautés vulnérables et en quête d’équité.
  5. Intervention en cas d’incident : Élaboration d’un protocole d’intervention rapide pour lutter contre la propagation d’informations non vérifiées, trompeuses ou fausses qui peuvent avoir une incidence sur l’intégrité de l’écosystème canadien de l’information.

« Il existe une compréhension profondément imparfaite de la façon dont les Canadiens réagissent à ce qu’ils lisent, regardent et interagissent en ligne », a déclaré Peter Loewen, professeur à l’Université de Toronto. « Le RCRMN est mis sur pied pour produire des recherches de classe mondiale sur les comportements, les attitudes et les désirs des Canadiens. Cette recherche devrait être considérée comme un enjeu important pour soutenir efficacement les Canadiens dans leur utilisation des médias numériques et pour aider les gouvernements canadiens à réagir de manière éclairée et fondée sur des données probantes.

Ce projet fait suite à l’annonce du 6 mars par le premier ministre selon laquelle le gouvernement canadien nommerait un rapporteur pour faire des recommandations sur la meilleure façon de lutter contre l’ingérence électorale.

Le projet renforcera également le Plan pour protéger la démocratie canadienne du gouvernement, initialement annoncé en janvier 2019. Ce plan vise à améliorer la littératie numérique, à combattre l’ingérence étrangère et à protéger les élections canadiennes.

« La vie des Canadiens est de plus en plus façonnée par les technologies numériques. Nous déplaçons notre politique, notre économie, nos relations et notre engagement démocratique en ligne, juste à un moment où la fiabilité des informations circulant dans notre monde numérique s’érode », a déclaré Taylor Owen, directeur fondateur du Center for Media, Technology and Democracy et professeur agrégé à l’Université McGill. « Il est donc impératif que nous comprenions mieux comment fonctionne notre écosystème de l’information, comment nous, en tant que citoyens, partageons et consommons en ligne, et comment la structure de notre monde en ligne façonne notre société. C’est d’autant plus urgent face à la menace croissante d’ingérence étrangère dans notre démocratie. »

Le RCRMN recevra ces 5,5 millions de dollars sur une période de trois ans, dont 1,5 million de dollars en 2022-2023 et les 4 millions de dollars restants entre 2023 et 2025. Le projet est financé par l’Initiative citoyenne numérique, une « stratégie à plusieurs volets qui vise à soutenir la démocratie et l’inclusion sociale au Canada en renforçant la résilience des citoyens contre la désinformation en ligne et en établissant des partenariats pour soutenir un écosystème de l’information sain ».

En plus de fournir une éducation aux médias plus perspicace aux universitaires et à la société civile, le RCRMN va également :

  • Produire et soutenir la production de recherches sur la dynamique de l’écosystème de l’information au Canada et sur la façon dont cette information affecte les attitudes et les comportements des Canadiens ;
  • Informer les Canadiens de la qualité de l’information dans l’écosystème de l’information, y compris les récits de désinformation ;
  • Élaborer et soutenir la mise en œuvre de stratégies plus larges pour renforcer la résilience de l’information et la littératie numérique des Canadiens.

L’article original (en anglais) est disponible sur IT World Canada, une publication sœur de Direction informatique.

Adaptation et traduction française par Renaud Larue-Langlois.

Breanna Schnurr
Breanna Schnurr
Breanna Schnurr est une récente diplômée en journalisme de la Toronto Metropolitan University. Elle adore écrire sur tout ce qui concerne les données, les voyages, la technologie, le style de vie et la sous-culture. Vous pouvez contacter Breanna à l'adresse [email protected].

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