Les inquiétudes des analystes concernant le rachat de VMware par Broadcom ne diminuent pas

Les sonneries d’alarme semblent retentir partout à propos de la vente très retardée de 61 milliards de dollars américains de VMware à Broadcom et de ce que cela signifiera pour la clientèle de VMware. 

Plus tôt cette semaine, le site Web Silverlinings a publié un article indiquant que les consultants de Gartner s’en tenaient à une prédiction faite en décembre selon laquelle la majorité des clients de VMware auraient intérêt à « identifier des scénarios de remplacement des produits VMware déployés, y compris l’identification des solutions alternatives, les plans de migration, les coûts, risques et échéanciers ». 

Ces suggestions figuraient dans une note rapide rédigée par les analystes de Gartner Andrew Lerner, Michael Warrilow et Dennis Smith, dans laquelle les trois déclaraient que « le projet d’acquisition de VMware par Broadcom a été un sujet d’intérêt et de préoccupation pour de nombreux responsables informatiques ». 

« Depuis l’annonce de l’acquisition, Gartner a reçu (et continue de recevoir) de nombreuses demandes de clients de VMware qui s’inquiètent du potentiel d’augmentations spectaculaires des prix, de l’élimination ou de la réduction des investissements dans certains produits VMware et d’une réduction de l’expérience client globale, y compris l’assistance et la distribution. » 

Ils soulignent dans le document que les préoccupations des clients découlent principalement des « actions de Broadcom associées aux acquisitions antérieures de CA Technologies et Symantec, dans lesquelles de nombreux clients se sont plaints d’augmentations spectaculaires des coûts lors des renouvellements, avec une flexibilité très limitée pour les négociations ». 

IT World Canada a contacté la société de recherche cette semaine par courriel, et Andrew Lerner a confirmé que « l’opinion et la perspective fondamentales de Gartner demeurent en grande partie inchangés ». 

En outre, il a déclaré que « le volume d’intérêt des clients de Gartner pour l’acquisition a considérablement diminué. Ainsi, ils ont atteint un niveau d’acceptation et reconnaissent qu’ils ont un contrôle limité. Beaucoup sont tête première dans la planification des négociations et/ou l’évaluation d’autres options, et certains adoptent une approche “on verra ce qui arrive”. » 

Broadcom, a-t-il écrit, a fait des déclarations publiques qui renforcent certaines des principales positions de Gartner, « y compris une forte concentration et un engagement envers la suite VMware VCF et une concentration renouvelée sur les services professionnels. Il y a des préoccupations plus ciblées concernant des produits VMware spécifiques dont Broadcom ne parle pas, comme le portefeuille de traitement utilisateur. 

Gartner n’est pas la seule société de recherche à maintenir ses opinions quant à l’acquisition de plusieurs milliards de dollars, qui doit encore être approuvée par l’Union européenne – et il n’est pas garanti que cela se produise. 

L’année dernière, John Annand, directeur de l’équipe d’infrastructure chez Info-Tech Research et Tracy Woo, analyste principale chez Forrester, ont exprimé leurs inquiétudes et tous deux ont déclaré hier que leur point de vue n’avait pas changé. 

John Annand, dans une réponse par courriel, a déclaré que ses commentaires « sont toujours valables. Nous avons identifié des préoccupations presque immédiatement après l’annonce de la nouvelle l’année dernière, et nous recevons maintenant des demandes régulières de nos membres qui cherchent à discuter d’autres plateformes de virtualisation ». 

Dans un article de blog publié peu après l’annonce de l’acquisition, Tracy Woo a écrit que, malgré les augmentations du cours des actions, ce n’est pas une bonne nouvelle pour les clients de VMware. 

« Pour les entreprises acquises, une acquisition par Broadcom fait craindre des hausses de prix, une diminution du soutien et un retard de l’innovation », a-t-elle déclaré. « À un moment où les clients de VMware doivent rétablir la confiance dans la stratégie et les plans d’innovation de l’entreprise après le départ de l’ex-PDG bien-aimé Pat Gelsinger, ce serait un changement majeur par rapport à ce cap. » 

« Après tout, les clients de VMware devraient s’inquiéter, surtout si Broadcom suit le même plan qu’il a utilisé pour ses acquisitions de CA et de Symantec. Suite à ces achats, les clients de CA et de Symantec ont connu des hausses de prix massives, une détérioration du support et un développement au point mort. » 

 Interrogée hier dans une interview sur la pertinence d’un plan de remplacement de VMware, elle a déclaré que cela dépendait du client, ajoutant que lors d’un récent breffage d’analystes organisé par Broadcom, la société était « très éloquente sur le type de clients qu’elle prend en charge – ses 600 principaux générateurs de revenus, qui appartiennent généralement à des secteurs hautement réglementés ». 

« Ce qui me préoccuperait, c’est si j’étais une petite entreprise et que je cherchais à lancer quelque chose de nouveau sur n’importe quel marché sur lequel je me trouve et que ça dépende de la feuille de route de VMware. » 

L’idée de Broadcom est que les petits clients pourront compter sur le support de la distribution, a déclaré Tracy Woo, mais même cela pourrait ne pas être suffisant pour certains si le support global de Broadcom finit par être réduit. 

En ce qui concerne la chaîne d’approvisionnement, Mme Woo a déclaré « qu’elle a parlé avec des partenaires de chaîne qui ont (également) des inquiétudes et m’ont posé la même question : devrions-nous réfléchir à des plans de remplacement ? Devrions-nous penser à des alternatives ? » 

La réponse aux deux questions, dit-elle, est : « Oui. Je chercherais d’autres partenaires qui ont un profil similaire ou envisagent potentiellement de poursuivre d’autres opportunités de marché. » 

L’article original (en anglais) est disponible sur IT World Canada, une publication sœur de Direction informatique. 

Adaptation et traduction française par Renaud Larue-Langlois.

Paul Barker
Paul Barker
Paul est le fondateur de PBC Communications, une firme de rédaction spécialisée dans le journalisme indépendant. Son travail est apparu dans un certain nombre de magazines technologiques et en ligne sur des sujets allant des problèmes de cybersécurité et du monde en évolution de l'informatique de pointe à la gestion de l'information et aux progrès de l'intelligence artificielle.

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