Implantation commerciale : intérêt des développeurs français envers le Québec

Lors du Forum nord-américain pour les éditeurs de logiciels français, qui a eu lieu à Montréal du 21 au 23 juin 2011, des entrepreneurs français qui envisagent une implantation à Montréal ont pu entendre des témoignages d’entrepreneurs qui ont déjà fait le saut de ce côté-ci de l’Atlantique.

Dans le cadre de l’événement organisé par BeVolution, une société montréalaise d’appui à l’implantation et à la commercialisation en Amérique du Nord pour les développeurs et éditeurs européens de logiciels, le président de Solutions Abilis, Éric Le Goff, a énuméré quelques principaux points forts de Montréal : coûts de production compétitifs (loyer et coût de la vie), crédits d’impôt propres au Québec très avantageux et appui du gouvernement et d’Investissement Québec dans le domaine des TI (R et D, crédit d’Impôt pour le développement des affaires électroniques, etc.).

M. Le Goff, qui a fondé son entreprise à Montréal en 1996, a pointé aussi l’environnement multiculturel qui facilite la personnalisation du service à la clientèle pour les produits logiciels sur les marchés d’Amérique et d’Asie (des employés de 22 nationalités facilitent la communication avec les clients dans plusieurs langues). Il a aussi souligné la présence d’un bassin montréalais de ressources humaines très important.

Par ailleurs, a-t-il dit, la position géographique de Montréal donne accès aux trois quarts du PIB d’Amérique du Nord à l’intérieur de 90 minutes de vol. Sans compter l’accessibilité des sources de financement. Ingénieur de formation, il n’était à son avis pas de la bonne école d’ingénierie pour obtenir du financement de projet de la part d’un établissement français.

Marc Thévenin, directeur général d’Eudonet Canada, établie ici depuis deux ans, a parlé de quatre clés pour réussir, soit trouver un client emblématique (ex. : Musée des Beaux-arts), s’appuyer sur des partenaires professionnels avec réseau, avoir une directrice du développement des affaires québécoises avec expérience et satisfaire le client dans un marché de réseaux.

Flexibilité ou rigidité

La différence de mentalité entre les deux côtés de l’Atlantique a aussi été relevée par Bruno Delhaye, président-directeur général de Holy-Dis et entrepreneur intéressé à poser le pied de son entreprise à Montréal, ainsi que par Didier Reinach, expert marketing RH à BeVolution, qui a proposé une formation sur comment vendre à des Nord-américains.

Le premier a dit vouloir venir à Montréal pour des raisons commerciales oui, mais surtout pour recruter des ingénieurs de développement ou «  architectes d’applications » Java et J2EE et ainsi faire évoluer les produits de l’entreprise. Il a dit apprécier ici la formation, la disponibilité, la stabilité, le bilinguisme et le temps de travail légal de la main-d’œuvre.

Par rapport aux neuf semaines de congés payés obligatoires à accorder à ses employés en France, il a dit croire que le maximum de quatre semaines qu’il offrira ici sera bien avantageux. Là-bas, il considère que son entreprise est efficace entre 120 et 150 jours par année, alors qu’il s’attend à ce que les activités de l’entreprise ici le soient un minimum de 200 jours.

Le coût social (retour sur investissement) et les dispositifs de R et D lui sont attrayants. Mais les incitatifs de l’État sous forme de crédits d’impôts ou autres ne sont pas pour lui un argument majeur. Il a soutenu qu’en vingt-cinq ans, son entreprise n’a jamais utilisé de subvention en France. « Une entreprise elle est rentable ou elle ne l’est pas », a-t-il dit.

Il considère donc Montréal comme un incontournable parmi les marchés francophones ayant comme atout la mobilité et la flexibilité nord-américaine en ressources humaines.

Pierre G. Bélanger, conseiller principal affaires et finances à BeVolution, a confirmé que par rapport à l’Europe, les entreprises qui s’installent ici bénéficient de salaires plus bas, ainsi que d’avantages fiscaux et en R et D. Dans le cadre de ses fonctions, il vend Montréal comme tremplin francophone et culturellement européen vers le marché nord-américain.

Son collègue Didier Reinach a rappelé qu’un gros défi des entreprises d’informatique est de garder les talents, car « tout le monde se les arrache », et que les réflexes pour y faire face ne sont pas les mêmes de chaque côté de l’océan. Il considère que « la dynamique mentale interne de créativité et de développement est beaucoup plus forte » de ce côté-ci.

Il a précisé qu’alors que les entreprises en France élèvent des structures normatives et hiérarchiques pyramidales, et qu’elles retiennent sur la base de la sécurité d’emploi, la culture nord-américaine exige une direction avec de vrais leaders motivants, impliquant, accessibles et allumés qui donnent envie d’être créatif, de proposer des idées et de rester.

Particularité du secteur du jeu vidéo

Vice-président aux ressources humaines Ubisoft, Francis Baillet a souligné l’importance, dans un secteur où les talents sont très convoités, d’offrir un environnement de travail supérieur (ex. : gym, garderie, clinique de santé, forfaits nourriture). Les liens avec les universités et le recrutement à l’étranger sont des sources de recrutement à ne pas ignorer.

Car l’industrie du jeu vidéo ne s’est pas agrandie qu’à Montréal, mais aussi à la grandeur du Canada, qui est devenu le troisième pays producteur de jeu vidéo au monde et le premier en développeurs par personne, a-t-il mentionné. Cela rend les talents ultra-spécialisés, qui sont recherchés dans le secteur du jeu vidéo, très difficiles à trouver.

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