L’analyse d’affaires : une discipline plutôt qu’une profession

Récemment apparue et avec l’effet d’une traînée de poudre, l’analyse d’affaires a rendu ses praticiens, les analystes d’affaires, incontournables dans le vocabulaire des profils d’emplois, des ressources humaines, des postes à pourvoir et des curriculum vitae.

Nouvel eldorado de la gouvernance des entreprises, de leur soif de transformation organisationnelle, de gestion du changement et de contrôle des risques, l’analyse d’affaires est partout. Et, les analystes d’affaires sont la dernière « coqueluche » du star-system organisationnel.

Analyse d’affaires et analyste d’affaires sont de toute évidence devenus des termes dont la définition peut être très vaste. Des activités de planification stratégique de l’entreprise, en passant par la réalisation du plan d’affaires, l’élaboration des objectifs, la conception des projets, la gouvernance du bureau de projet, la gestion des projets unitaires, l’amélioration de la performance, l’amélioration de la qualité, l’accroissement de la rentabilité… Tout semble à présent n’être qu’analyse d’affaires.

Discipline ou profession?

Rendu à ce stade, il est temps de faire la distinction entre discipline et profession. Par analogie avec la médecine, l’analyse d’affaires est, elle aussi, une discipline. Chaque médecin œuvre individuellement dans sa profession : généraliste, chirurgien orthopédique, cardiologue, néphrologue, psychiatre, pédiatre… Et ce, même s’ils sont tous rassemblés dans la même discipline.

Il en est de même avec les analystes d’affaires. Chacun est individuellement, suivant ses compétences, architecte d’affaires, architecte d’entreprise, analyste stratégique, analyste fonctionnel, gestionnaire de portefeuille de projets, spécialiste de plans d’affaires, spécialiste en plans directeurs, analyste en gestion du changement, intervenant en transformation organisationnelle, concepteur de solution d’affaires…
Qu’il s’agisse d’analyse d’affaires (Business analysis, ou B.A.) ou d’informatique décisionnelle (Business intelligence, ou B.I.), la référence est généralement une association, ici l’IIBA (International Institute of Business Analysis).

Les associations tentent de rassembler, de profiler et d’unifier les praticiens et autres ressortissants de la discipline, autour d’un écrit descriptif de la bonne pratique, le guide de référence. Dans le cas de l’IIBA, il s’agit du BABOK (Business Analytics Book of Knowledge), l’alter ego du PMBOK (Project Management Book of Knowledge) du PMI (Project Management Institute) pour les gestionnaires de projets.

Disponible en anglais depuis quelques années déjà, la version française du BABOK est attendue sous peu. Mais, il semble que la traduction dans la langue de Molière avance à petits pas et ne fasse pas l’unanimité dans la collectivité. Entre temps, la communauté francophone ne dispose d’aucune référence en français. La littérature, elle-même est quasi inexistante, hormis la traduction du livre Professionalizing Business Analysis de Kathleen B. Hass, publié sous le titre L’analyse d’entreprise aux éditions Mark International et présenté à Montréal par Cédric Berger, l’auteur de la préface, lors de la récente conférence de MaRéférenceTI, un groupe particulièrement actif du Réseau Action TI.

Pour la petite histoire, afin d’avoir un livre dans un langage commun pour la francophonie, il fut traduit à Laval au Québec, par l’équipe de Trans-IT-traduction.
En conclusion, l’analyse d’affaires en sa qualité de discipline tente de rapprocher deux grands continents à la dérive au sein de l’organisation, soit les factions métier et TI. Bien que fonctionnellement inséparables et par essence même toutes deux cruciales au concept d’affaires de l’organisation, ces deux factions ont toujours eu de la difficulté à communiquer et à se comprendre.

La répartition des diverses professions exercées par les analystes d’affaires entre les deux points actifs de ce dipôle organisationnel est sûrement le plus grand apport de l’analyse d’affaires, en tant que discipline, à la gouvernance de l’organisation moderne. Même s’il y a parfois un peu d’abus de vocabulaire par les recruteurs, à la recherche de visibilité et de mots ronflants.

Gérard Blanc
Gérard Blanc
Gérard Blanc est directeur conseil.

Articles connexes

Malgré les défis, l’embauche se poursuit au Canada selon une étude de Robert Half

Une nouvelle étude de la plateforme de recrutement Robert...

L’opposition tape sur la cheffe de l’ASPC concernant l’appli ArriveCAN.

Les députés de l'opposition ont sévèrement critiqué la cheffe...

Le monde selon Hinton: Ralentir l’IA n’est pas la solution

Y a huit mois, Geoffrey Hinton, professeur émérite à...

Avertissement : Campagne d’hameçonnage visant les cadres supérieurs

Des centaines de comptes d'utilisateurs Microsoft Office et Azure,...

Emplois en vedette

Les offres d'emplois proviennent directement des employeurs actifs. Les détails de certaines offres peuvent être soit en français, en anglais ou bilinguqes.