La génération C: comprendre et s’adapter aux jeunes technophiles

Après les baby-boomers, les X, les Y, voilà la génération C, pour «Communiquer», «Collaborer» et «Créer». La génération des jeunes de 12 à 24 ans, mais surtout son utilisation des TIC, intéresse les gouvernements, les chercheurs et les enseignants. Survol des constats exprimés lors du colloque Génération C, êtes vous prêts ? de l’organisme Cefrio.

Les natifs du numérique sont ceux qui, comme Obélix, sont tombés dans la marmite technologique dès le début. Les adeptes de la vitesse à « 100 textos à l’heure » changent complètement la donne dans la société, qui devra revoir tous ses repères en éducation, en sociologie, en économie, etc.

Ces propos tenus par la présidente de la Chambre de commerce de Québec Liliane Laverdière, dans le cadre d’un colloque consacré à la génération C qui avait lieu les 20 et 21 octobre au Centre des congrès de Québec, résument l’enjeu collectif de la société québécoise lorsqu’elle prend le pouls de cette nouvelle génération.

« Les technologies de l’information sont au cœur du changement » souligne Dominique Vien, la ministre des Services gouvernementaux au gouvernement du Québec. Elle met en relief l’efficacité du système de l’aide financière aux études, où plus de 96 % des étudiants utilisent Internet pour leurs suivis de dossier.

Danah Boyd, une chercheuse américaine, a cerné le profil sociologique de l’adolescent natif numérique. « Les C ne vont pas sur les réseaux sociaux pour se faire de nouveaux amis. Ils y vont pour échanger des sentiments, étudier en réseau, compenser la solitude. Les réseaux répondent à un besoin de créer une soupape de sécurité et un partage de la vie privée. »

Philippe Aubé, directeur de projet au Cefrio, positionne les membres de la génération C dans le groupe des jeunes nés entre 1984 et 1996. Il rapporte les résultats d’un sondage de 65 questions auquel ont participé 2 020 personnes associées à cette génération. Les résultats démontrent la place importante qui est occupée par les TIC dans la vie de jeunes : 45 % des répondants ne votent pas, mais 72 % le feraient si le vote se faisait en ligne; 33 % sont sur le Web plus de 20 heures par semaine; 91 % utilisent l’ordinateur pour leurs travaux scolaires. Toutefois, 40 % préfèrent regarder la télévision pour être informés des services gouvernementaux contre seulement 17 % pour le Net…

Éducation: le fossé du numérique

En matière d’éducation, une grande question se pose aux autres générations : Les C sont-ils une menace ou une opportunité ? Olivier Grondin, qui est membre de la génération C, résume le point de départ de la réflexion : « Les professeurs doivent apprendre à nous apprendre à apprendre. »

Francesc Pedro, analyste principal au Centre pour la Recherche en Innovation de l’Enseignement (CERI), parle de « fossé du numérique ». « Pour les apprenants du nouveau millénaire, les élèves sont différents grâce à la technologie numérique. Il doit y avoir un changement dramatique dans l’éducation. »

Le fossé du numérique réside à la base sur une inégalité du capital culturel et du capital social de chaque membre de la génération C. Les jeunes des classes socio-économiques favorisées partent avantagés par rapport aux autres. Leur bagage culturel disponible est plus élevé.

Selon l’analyste, « un enfant de 15 ans passe 150 minutes par jour sur l’ordinateur à la maison et 50 minutes par semaine à l’école. » Un enfant dont les parents n’ont pas les moyens de lui offrir un environnement numérique sera vite mis au banc des victimes du fossé du numérique. « Si nous ne comprenons pas leur monde, comment pourrons-nous les éduquer ? », demande M. Pedro.

« La génération C télécharge de la musique puis va au concert. Elle socialise par le web puis elle se rencontre en vrai. C’est par cela que les C justifient leurs différences », souligne l’analyste.

Par ailleurs, le professeur Pedro affirme que l’avènement des technologies numériques ne fera pas nécessairement de leurs utilisateurs des citoyens matures. « La nature humaine reste intacte. Les parents auront toujours un rôle de guide à travers les méandres et les écueils de la vie en société », estime-t-il.

Daniel Bindley et Patrice Dumas

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