BLOGUE – Les gouvernements naviguent dans une économie très volatile alors qu’ils bataillent sur plusieurs chantiers simultanément, dont la croissance économique, les progrès sociaux, la sécurité nationale et l’atteinte de l’excellence opérationnelle.

Dans son rapport intitulé – « Digital Government : Pathways to Delivering Public Services for the Future », Accenture révèle que les gouvernements qui prospèrent aujourd’hui investissent grandement dans le numérique. Ils fournissent des services publics centrés sur le citoyens au bon moment et au bon endroit, améliorant ainsi la participation et la satisfaction citoyennes. Le rapport souligne également que le numérique est au centre de la transformation des services publics. De plus, son adoption est une opportunité pour les gouvernements de fournir des bénéfices substantiels à la société et à l’économie.

Illustration du concept du logiciel libreQui dit numérique, dit forcément Web. La semaine dernière, je m’entretenais sur le sujet avec un ex-analyste de Forrester Research. Ce dernier me faisait part de la prépondérance des gestionnaires de contenus (CMS) libres dans les différents paliers gouvernementaux américains. Que ce soit pour les sites diffusant des informations publiques ou des projets Intranet/Extranet, hôtes de données à caractère critique.

Nous avons alors ensemble tenté d’identifier les raisons qui ont fait du logiciel libre un choix logique pour les sites gouvernementaux. Voici quelques pistes de réponses. À noter que certaines sont spécifiques aux CMS libres, d’autres s’appliquent au logiciel libre en général :

Flexibilité : lorsque vient le moment d’acquérir un solution de gestion de contenu, les organisations gouvernementales se projettent en général sur une durée de 5-10 ans. Parallèlement, nous sommes tous conscients de la vitesse à laquelle les besoins évoluent dans nos organisations. La solution choisie doit donc avoir la capacité non seulement de répondre au cahier des charges actuelles, mais également aux nouveaux besoins qui verront le jour tout au long du cycle de vie du projet. Contrairement aux éditeurs de CMS propriétaires qui gardent mainmise sur leur feuille de route logicielle, le logiciel libre, de par la disponibilité du code, permet aux utilisateurs et membres de la communauté de développer de nouvelles fonctionnalités dans le temps afin de répondre aux besoins émergents. Un exemple parlant est celui de l’apparition de Pinterest et de son impact sur le commerce de détail. En effet, tous les commerçants y voyaient une opportunité exceptionnelle de présenter leurs produits et d’interagir avec leur clientèle. Seulement quelques jours après le boom de Pinterest, la communauté Drupal (CMS libre) avait déjà publié un module pour intégrer les données du réseau social. Par opposition, ce même exercice a pris plusieurs mois pour les alternatives propriétaires.

Montée en charge : les sites gouvernementaux accueillent quotidiennement des millions de visiteurs et se doivent de pouvoir absorber une telle responsabilité.
Historiquement, le logiciel libre est mieux adapté à subir les montées en charges que ses alternatives, c’est pourquoi la majorité des serveurs Web sont montés sur des environnements LAMP (Linux, Apache, MySQL, PHP). Amazon, Ebay, Google, Facebook qui sont parmi les sites les plus visités dans le monde reposent tous sur un socle constitué de logiciels libres. Pour ce qui est de la couche CMS, Weather.com qui compte plus de 20 millions de pages de contenus et 1 milliard de pages vues par mois utilise le gestionnaire de contenu Drupal.

Pérennité : est-ce possible de garantir la pérennité d’une solution sur un horizon de 5 à 10 ans? La réponse est non pour ce qui est d’un CMS propriétaire. En effet, le destin du logiciel est lié directement à celui de son éditeur et dans l’éventualité où ce dernier ferait faillite ou serait racheté, il se pourrait très bien que le logiciel ne soit alors plus supporté. À ce sujet, il sera intéressant de suivre l’avenir d’Ektron suite à son rachat par Episerver. Par opposition, un CMS libre suppose un accès continu au code. Il sera donc supporter tant qu’il existera une communauté d’utilisateurs.

Sécurité : les gouvernements sont les cibles de cyberattaques continues. Les attaques d’Anonymous ont d’ailleurs fait coulé beaucoup d’encre au Québec. De plus, ils détiennent des informations critiques comme les numéros d’assurance sociale. Ils sont donc tenu d’utiliser les technologies les plus sécuritaires sur le marché. Pour plusieurs raisons, identifiées dans mon billet précédent intitulé « Mise au point sur le logiciel libre et sur sa sécurité », les gestionnaires de contenus libres sortent gagnants par rapport à leurs alternatives propriétaires.

Proximité des ressources : le code source étant disponible, plusieurs organisations articulent leur offre de service autour de logiciels libres. On les qualifie de sociétés de services en logiciels libres – SS2L. Ce sont en général des PME hautement spécialisées qui fournissent des services de développement, de formation, de support et de consultation. Ces sociétés sont réparties aux quatre coins du globe et une simple recherche Google vous permettra d’en identifier une à proximité de votre organisation. Il va sans dire que le nombre de SS2L qui offrent des services pour un logiciel est directement relié au dynamisme de sa communauté et à son adoption.

Coût : les gouvernements utilisent des fonds publiques et se doivent de porter une attention toute particulière à leur dépenses. Ceci étant dit, le logiciel libre n’est pas gratuit. En effet, l’implantation, l’évolution et le support dudit logiciel nécessitent des expertises qui ont un coût associé. J’ai parlé plus amplement de ce préjugé dans mon billet précédent intitulé « Logiciel libre : Soyons clairs! ». Il est toutefois important de souligner que les gestionnaires de contenus libres n’ont pas de frais de licences, ce qui diminue les coûts d’entrée et qui a un impact direct sur le CTP/TCO d’un projet. Nous avons parlé également plus haut de la proximité des ressources. Ceci suppose une baisse des frais de transport et l’élimination des taux de change. Ces deux éléments peuvent à première vue paraître anodins, mais pèsent grandement dans la balance pour des projets d’envergure.

Selon Wikipedia, le gouvernement ouvert est une doctrine de gouvernance qui vise à améliorer l’efficacité et la responsabilité des modes de gouvernance publique. Elle établit que les citoyens ont le droit d’accéder aux documents et aux procédures de leurs gouvernements afin de favoriser une transparence et une responsabilisation accrue, ainsi que de donner aux citoyens les moyens nécessaires pour contrôler, superviser et prendre part aux décisions gouvernementales et locales. Pour un exemple concret, je vous invite à consulter la stratégie du Bureau de la ville intelligente et numérique de Montréal. Il est important ici de noter que cette doctrine, tout comme les données ouvertes, ont trouvé leur inspiration dans le mouvement du logiciel libre et que la majorité des initiatives de gouvernement ouvert sont supportées par des sites Internet/portails Intranet/Extranet.

Alors que de telles initiatives fleurissent aux quatre coins du globe, les CMS libres ne vous semblent-ils pas un choix logique?