Steve Jobs : l’informatique personnelle

Steve Jobs a influencé profondément la relation entre l’être humain et les technologies de l’information et des communications. Grâce à lui, les individus créent, partagent et interagissent d’une façon différente.

L’annonce de la mort de Steve Jobs, le 5 octobre 2011 en début de soirée, a eu l’effet d’une vague déferlante. Dès la publication par Apple d’un communiqué annonçant le décès de son cofondateur, les médias spécialisés en technologies de l’information et les médias généralistes, qu’ils soient traditionnels ou électroniques, ont relayé la nouvelle et fait un bilan de la carrière prolifique de l’entrepreneur californien.

Mais c’est dans Internet qu’on a pu ressentir de façon significative l’impact qu’a eu Steve Jobs, par le biais de son entreprise Apple, dans le domaine des TIC et même dans l’Histoire. Peu à peu, puis en g

Steve Jobs

(Photo : Apple)

rand nombre, des expressions de surprise et des sentiments de tristesse ont été exprimés par les internautes dans les réseaux sociaux, dans les blogues et dans les sites de partage de contenu multimédia. Des vétérans et des néophytes, des jeunes et des aînés, des étudiants, des professionnels et des retraités, des quidams et des célébrités, qui se trouvaient partout sur la planète, ont communiqué et partagé leurs impressions avec des mots, des images et de la voix. Ils l’ont fait à l’aide de la réseautique, au moyen d’appareils informatisés, de logiciels et d’applications, par le biais de la souris, d’un micro, d’une caméra, du clavier ou des doigts.

Ces gestes, en quelque sorte, démontrent l’impact profond qu’aura eu Steve Jobs dans les vies des hommes et des femmes, au moyen des technologies qui ont été créées, améliorées et commercialisées par son entreprise Apple depuis plus de trente-cinq ans.

Certes, l’informatique existait bien avant 1976, soit l’année de la fondation d’Apple. Toutefois, cette informatique était surtout destinée à l’exécution de tâches liées au travail, aux affaires, aux « choses sérieuses ». Dans un premier temps, Steve Jobs, avec l’aide de Steve Wozniak et d’autres contributeurs, a façonné le premier « ordinateur personnel », soit un ordinateur qui était destiné à aider un individu – et non une organisation – à accomplir des choses qui ont trait à sa vie personnelle. Rapidement, des individus ont vu dans l’ordinateur un potentiel d’utilisation professionnelle, surtout dans les domaines des arts et des lettres. Le Apple IIe a constitué le premier succès commercial de Steve Jobs. Quelques années plus tard, IBM mettait en marché le PC, pour Personal Computer.

Avec le modèle Macintosh – un des premiers modèles d’ordinateur tout-en-un à connaître un succès de masse – Steve Jobs mettait à l’avant-plan l’utilisation de l’interface utilisateur et de la souris lors de l’interaction de l’être humain avec l’ordinateur. Il n’a pas inventé ces concepts, mais il a su envisager à quel point ces deux éléments faciliteraient la navigation et l’accès aux fonctions dans les logiciels des ordinateurs. Également, le visuel prenait une place prépondérante dans l’informatique personnelle. Quelques années plus tard, Microsoft lançait le système d’exploitation Windows.

Au cours des années suivantes, la plupart des appareils et des logiciels commercialisés par Apple frapperont l’imagination et inciteront des équipes de direction à revoir frénétiquement leurs stratégies. Le lecteur multimédia, le téléphone évolué et la tablette électronique existaient bien avant que Steve Jobs dise And one more thing lors d’une allocation… Mais dès l’instant où il tenait un nouvel appareil en main, l’évolution des technologies venait de prendre une nouvelle tangente.

Penser (l’informatique) différemment

Au fil des années, Steve Jobs, avec l’aide de centaines, puis de milliers de collaborateurs, a transformé de plusieurs façons la relation de l’être humain avec l’informatique personnelle.

Steve Jobs a mis l’emphase sur l’esthétisme de l’ordinateur de table et du bloc-notes, puis du lecteur multimédia et des autres appareils technologiques portatifs. Quelle part de marché ont aujourd’hui les ordinateurs en format minitour? Quelle est la proportion d’appareils beige, gris ou même noir? Qui veut encore des boîtiers en plastique? L’appareil technologique est devenu plaisant à regarder, sans toutefois distraire l’utilisateur des tâches qu’il peut y accomplir. Aujourd’hui, le premier modèle de lecteur iPod est exposé au Museum of Modern Arts à New York.

Au niveau matériel, l’ordinateur portatif, le lecteur multimédia, le téléphone évolué et la tablette électronique, qui dominent maintenant les ventes de produits informatisés, n’enchaînent plus l’individu à un bureau et à des câbles d’alimentation électrique et de réseautique, grâce à la pile et au sans-fil. L’interface utilisateur a été raffinée de sorte que l’accès aux fonctions n’est plus fondé principalement sur des raccourcis et sur des menus défiants en haut de l’écran, mais sur des icônes et des menus contextuels. Avec l’écran tactile des appareils portatifs et le pavé tactile des ordinateurs portatifs (et des ordinateurs de table via le Magic Trackpad), dorénavant l’individu utilise les applications du bout des doigts. Plus que jamais, l’individu interagit avec les technologies au moyen de tous ses sens, sauf l’olfaction…

Enfin, Steve Jobs a changé profondément la façon de produire et d’accéder au contenu sur les appareils technologiques. Des logiciels MacPaint et MacWrite jusqu’à iTunes et les suites iLife et iWork, en passant par Logic et Final Cut, Steve Jobs a su saisir l’importance de la création et de la consultation de contenu fondés sur mots, des images et des sons, autant à des fins personnelles que professionnelles. Qui eut imaginé qu’on aurait pu un jour, pour une centaine de dollars, créer de la musique ET monter de la vidéo sur un ordinateur personnel avec des résultats semblables à ceux qu’offraient des logiciels complexes et cinq ou huit fois plus onéreux? Steve Jobs aura bien saisi l’effet déterminant, sur la vie des individus, de la numérisation du contenu et de l’informatisation des processus de capture, de création et d’édition.

Également, le concept des « apps » sur les appareils portatifs, en alternative au logiciel traditionnel, a connu un essor indéniable qui a incité les concurrents d’Apple à en faire tout autant. Les boutiques en ligne iTunes Store, App Store et Mac App Store ont incité des millions de personnes à télécharger légalement du contenu et des logiciels, en alternative au piratage ou aux supports physiques. Surtout, ces boutiques virtuelles ont donné un coup de pouce à des artistes et à des développeurs dont les produits étaient difficilement accessibles en raison des coûts élevés – pensons aux disques « en import » – ou d’un manque de visibilité dans les magasins.

Au cours des prochains jours et des prochaines semaines, des spécialistes et des gens ordinaires feront leurs bilans des initiatives de Steve Jobs. Nous n’avons pas fini de mesurer l’impact de ses idées et de sa vision dans nos vies.

Fruit de la passion

Devant les boutiques d’Apple, en mémoire de Steve Jobs, des gens ont déposé des gerbes de fleurs, des mots inscrits sur des papillons autocollants (Post-it), de petits lampions et même… des pommes.

En quelque sorte, la symbolique du fruit choisi Steve Jobs et ses collègues à titre de nom et de logo pour l’entreprise prend tout son sens. Les appareils, les logiciels et les concepts suggérés par Apple permettent aux individus d’utiliser l’informatique afin de créer et de partager du contenu. Ce contenu peut susciter des réactions, mais aussi de l’inspiration au sein des individus qui le voient ou l’écoutent. À leur tour, ces individus pourront créer, modifier ou bonifier du contenu, et ainsi de suite…

Aujourd’hui, sur un ordinateur portatif ou sur une tablette électronique, une personne peut créer de bout en bout du contenu qui nécessitait, il y a quelques années à peine, des procédés manuels, mécaniques ou analogiques ou bien des ordinateurs puissants et des logiciels coûteux. À juger la santé de l’entreprise Apple, nous n’avons pas fini d’être surpris par le potentiel de création que les individus pourront démontrer dans les années à venir à l’aide de tels outils.

Steve Jobs a pensé différemment, comme le disait un slogan de son entreprise. Comme les pépins d’une pomme, il a su transmettre à l’individu la capacité de créer et de partager, cette même capacité qui a animé son travail durant tant d’années.

Merci, M. Jobs!

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Jean-François Ferland est rédacteur en chef adjoint au magazine Direction informatique.

Jean-François Ferland
Jean-François Ferland
Jean-François Ferland a occupé les fonctions de journaliste, d'adjoint au rédacteur en chef et de rédacteur en chef au magazine Direction informatique.

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