Sauvegarder en ligne est-il risqué?

COMMENTAIRE Les solutions de sauvegarde dans le nuage Internet sont pratiques, surtout pour les utilisateurs individuels qui peuvent souvent en profiter gratuitement. Mais peut-on leur faire confiance?

Le nombre de solutions de sauvegarde en ligne est en croissance. Pour les besoins des utilisateurs individuels, il suffit d’une petite recherche dans Google et vous tomberez sur iDrive, xDrive (qui fait partie d’AOL et qui n’est pas disponible au Canada), aDrive et autres Mozy. Certains offrent un espace de stockage de base gratuit et diverses formules d’abonnements payants. Il en existe même un (Datarebound) qui offre la copie de sécurité gratuite (5 Go de base), mais c’est la récupération des données qui est payante, de quelques sous à 1 $ par Mo de fichiers récupérés, selon le forfait.

Vous pouvez également placer vos fichiers dans l’environnement de documents de Google. Ou dans votre espace de rangement en ligne qui accompagne votre compte .Mac d’Apple (bientôt MobileMe) ou votre SkyDrive chez Microsoft. Ou encore manuellement en stockant vos fichiers chez votre fournisseur de service Internet qui vous offre sans doute de l’espace accessible par FTP ou autrement.

L’avantage du stockage sur Internet en général, et de la sauvegarde en ligne en particulier, est son accessibilité partout où vous avez accès au nuage du réseau. Le principal inconvénient? Vous confiez vos données à un tiers et ce risque n’est pas nécessairement négligeable, en regard de la nature des données que vous confiez et de la valeur que vous leur attribuez.

Les sauvegardes de votre fournisseur

Lorsque vous choisissez un fournisseur de service pour vos copies de sécurité en ligne, après avoir fait une recherche sur Internet et que vous sélectionnez tel fournisseur qui vous offre une capacité gratuite de 1 ou 2 Go sur ses serveurs, ou que vous choisissez un forfait payant, il faut se poser la question de la capacité de relève de ce fournisseur. Surtout s’il s’agit de votre unique solution de copie de sauvegarde. Votre stratégie de sauvegarde est aussi forte que le plus faible maillon de votre chaîne. Dans le nuage Internet, il peut être difficile d’évaluer la force du maillon qu’est votre fournisseur externe.

Il est clair que si vous externalisez un service ou un processus, vous en externalisez également le contrôle. Si, pour vous assurez que vous pouvez retomber sur vos pieds lors d’une catastrophe, vous faites appel à un fournisseur externe choisi pour ses bas prix, mon objecteur de conscience soulève un drapeau rouge. Que savez-vous de la fiabilité de ce fournisseur?

Advenant une catastrophe, êtes-vous certain que vous pourrez récupérer le fichier si important? Loi de Murphy oblige, il y a certainement une petite chance que l’une des situations suivantes se produise :

  • le fichier n’était pas inclus dans la liste des fichiers à sauvegarder;
  • le fichier n’apparaît pas sur le serveur du fournisseur pour une cause inconnue;
  • le fichier est sur le serveur du fournisseur, mais il est corrompu et vous n’y avez plus accès;
  • le fournisseur a fait faillite hier soir et ses serveurs sont fermés;
  • le fournisseur est toujours en affaire, mais son site est inaccessible pour cause de problèmes techniques;
  • vous êtes en mesure de récupérer votre fichier, d’ailleurs confidentiel et stratégique, mais vous lisez dans une publication spécialisée qu’un pirate s’est introduit dans les serveurs de votre fournisseur et a subtilisé toutes les données résidant sur les serveurs (y compris d’ailleurs la liste des clients et leur numéro de carte de crédit…).
  • Il n’y a aucune garantie qu’une des situations ci-dessus se produise, mais il y a certainement un risque que l’une d’elles survienne.

    Ou quelquefois, c’est la qualité ou la configuration du service qui fait défaut. Par exemple, j’ai testé récemment un de ces services de copie de sauvegarde automatisée en ligne mentionnés ci-dessus. J’ai sélectionné une liste d’environ 1 000 petits fichiers à être sauvegardés tous les soirs, vers 23 heures, sur une base incrémentielle. Pour une raison que j’ignore toujours, il n’y a qu’une dizaine de fichiers, sur les 1 000, qui sont sauvegardés.

    Chaque soir, je reçois un courriel me disant que 10, 12 ou 15 fichiers ont été copiés, sur les 1 000 considérés. Pourquoi pas l’ensemble? Je cherche encore la raison ou l’erreur que j’ai commise. En vain. Mais peut-être suis-je un mauvais utilisateur…

    Il n’en demeure pas moins que je constate que je prends un risque certain en me fiant à ce genre de service. Je suis plutôt d’avis que la réalisation de copies de sécurité en ligne, via le Web, chez un fournisseur distant, plus ou moins connu dans certains cas, doit faire partie d’une stratégie secondaire de copies de sécurité, qui vise à diminuer le risque et à maximiser la capacité de reprise. Et non l’inverse.

    La réputation du fournisseur est sans doute un élément à considérer dans l’équation de confiance. On imagine qu’un fournisseur de système de stockage devrait connaître son affaire et offrir un service de sauvegarde en ligne fiable, robuste et efficace.

    Une copie physique, sur bande, disque ou DVD, et une seconde copie des données les plus essentielles via un service en ligne, voilà une solution qui m’apparaît moins risquée, tout autant que je veuille bien me fier aux fournisseurs en ligne, dont certains jouissent d’une excellente réputation par ailleurs.

    En matière de sauvegarde de données stratégiques, il faut toujours être un peu paranoïaque.

    Patrice-Guy Martin est rédacteur en chef du magazine Direction informatique.

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