Réseautique : un contrat à évolutions mutuelles pour Québec et Telus

Québec confie à Telus la gestion d’un réseau intégré de télécommunication multimédia, qui servira aux échanges informatiques des entités gouvernementales et en santé. Le mandat permettra au fournisseur d’étendre sa portée géographique et de concevoir des outils pertinents à d’autres clientèles.

Le gouvernement du Québec a récemment confié au fournisseur de services de télécommunications Telus un mandat d’installation et de gestion d’un réseau de données de nouvelle génération. Le Réseau intégré de télécommunication multimédia (RITM) servira à l’échange de données entre les sites de plus de 160 ministères et organismes, mais aussi entre 350 établissements du réseau de la santé et des services sociaux.

Le mandat a trait à la fourniture, sous la forme de service, d’une infrastructure de réseautique unifiée en vertu de l’intégration de deux réseaux qui étaient distincts, soit le RETEM (Réseau de Télécommunication Multimédia) pour la fonction publique et les besoins du gouvernement et le RTSS (Réseau de Télécommunication du secteur Socio-Sanitaire) pour tous les établissements du secteur de la santé et des services sociaux. Ces réseaux distincts faisaient l’objet de contrats séparés et étaient dotés de leur propre mécanisme de gouvernance. Le contrat, d’une durée de cinq ans, pourrait avoir une durée totale de dix années par l’ajout de prolongations et de périodes transitions, ce qui pourrait rapporter jusqu’à 900 M$ à Telus.

Jean-François St-Germain, vice-président responsable des marchés publics et parapublics chez Telus, indique que le contrat paraphé avec le gouvernement du Québec est de loin le plus important des contrats parmi ceux paraphés récemment par l’entreprise au niveau des institutions gouvernementales, notamment avec les gouvernements de la Colombie-Britannique et de l’Ontario et la Ville de Montréal.

Priorités

Il explique que le Centre de services partagés, régi par le ministère des Services gouvernementaux du gouvernement, a souhaité normaliser l’infrastructure de ses réseaux informatiques. Les deux réseaux, sous la nouvelle infrastructure, bénéficieront d’éléments communs comme le niveau de service, la sécurité, la robustesse et les outils de gestion.

Chaque réseau aura également des besoins distincts au sein de l’infrastructure intégrée. Celui consacré aux transmissions du gouvernement servira à acheminer des données, mais aussi des communications de téléphonie IP, alors que 25 000 téléphones IP sont déjà été déployés au sein des institutions gouvernementales. Il servira également aux applications de vidéoconférence qui permettront d’économiser des coûts liés aux déplacements de personnes.

Celui de la santé, au cours des prochaines années, sera utilisé pour le déploiement d’applications qui nécessiteront plus de bande passante sur le réseau. L’une des applications sera le dossier santé électronique où les praticiens auront accès à un dossier unique pour le patient.

« D’autres technologies y seront déployées, comme l’imagerie et la télésanté qui permettront aux patients en région de consulter l’expertise qui se retrouve dans les grands centres hospitaliers spécialisés. Le gouvernement du Québec est à se doter d’équipements de télésanté pour faire de telles sessions, et le réseau de télécommunications est au coeur de cette transmission d’informations. Quand on parle d’imagerie et de radiographie, l’image prend beaucoup de bande passante. Le réseau de la santé va connaître beaucoup de croissance », explique M. St-Germain.

M. St-Germain affirme qu’un élément clé de la réseautique de nouvelle génération réside dans la priorisation de la bande passante en fonction de l’utilisation. « Autrefois, on n’y transportait que des données informatiques. Aujourd’hui on y retrouve la voix, mais aussi de l’image, par exemple pour des sessions en temps réel de vidéoconférence. »

« On doit s’assurer de prioriser le trafic qui est le plus critique avec la qualité de service et l’allocation dynamique de la bande passante, qui est l’une des particularités de notre réseau. S’il y a une session de télésanté critique, où l’on soigne un patient en temps réel, on doit s’assurer à ce que le trafic soit prioritaire. »

Telus embauchera 200 personnes à Montréal, Québec et Rimouski aux phases de migration, au soutien du réseau à l’échelle provinciale et à l’exploitation d’un centre de service dédié en tout temps à Québec. Le contrat paraphé entre Telus et le gouvernement du Québec a trait à la desserte de 3 500 points de desserte dans deux réseaux distincts entre les édifices du gouvernement. Il n’inclut pas les services de téléphonie filaire conventionnelle ni la téléphonie mobile.

Retombées indirectes

M. St-Germain, estime que le contrat paraphé avec le gouvernement du Québec aura deux types de retombées indirectes, soit en matière de déploiement géographique du réseau et de production de nouveaux outils Web, qui profiteront autant à l’entreprise même qu’à ses clientèles.

« Nous avons investi au-delà de 4 milliards de dollars au cours des dernières années pour étendre notre réseau au Québec, indique-t-il. [Ce] contrat va nous permettre d’étendre encore plus ce réseau, alors que nous construirons des segments pour nous rendre encore plus en région. Le bénéfice pour la communauté est que cela amène de la compétition dans toutes les régions du Québec. Le gouvernement devient un peu un moteur économique pour les services haute vitesse dans les régions où nous n’étions pas présents, dans de plus petites communautés. »

« [La desserte d’un gouvernement] est semblable à celle d’une très grande entreprise, par exemple une banque. La différence est dans le déploiement des outils pour les clients, alors qu’on développe des outils pour démontrer [au gouvernement] l’offre d’un niveau de service. Le gouvernement pourra voir la performance à travers le réseau et bénéficier d’une panoplie d’outils en ligne. Un contrat de cette ampleur nous permettra d’offrir [ces outils] ensuite à d’autres clients publics, comme les municipalités, ou privés, comme les grandes entreprises. Cela nous permet de continuer à faire évoluer notre offre », ajoute-t-il.

Santé : Telus se prépare

Les gouvernements du Canada et du Québec oeuvreront activement à l’accélération du développement de l’inforoute consacrée au secteur de la santé au cours des prochaines années. Alors que le Québec est en retard en comparaison avec d’autres provinces, des centaines de millions de dollars seront investis à terme, notamment, pour le déploiement du dossier patient informatisé. Le fournisseur Telus compte bien profiter du potentiel commercial qu’offrira ce chantier technologique.

À cet effet, M. St-Germain évoque l’acquisition récente de l’éditeur québécois de solutions spécialisées Emergis par Telus, ainsi que la promesse faite lors de la création de la division Telus Solutions de santé d’investir 100 millions $ afin d’accélérer le déploiement d’applications liées au dossier de santé électronique. Il souligne aussi l’obtention d’un contrat avec l’Agence de santé de Montréal pour déployer le dossier clinique dans les hôpitaux de la région, afin d’informatiser et numériser l’information dans le but de préparer le contenu dans le dossier patient à son transport sur l’infrastructure provinciale.

À son avis, le privé jouera un rôle important dans l’aide à l’informatisation technologique du réseau public de la santé. « La communauté ne sera pas capable de tout faire toute seule. Je pense qu’elle a besoin de partenaires privés majeurs qui vont s’assurer d’accélérer la transformation en santé pour améliorer les soins et ne pas avoir des coûts exorbitants à long terme », estime M. St-Germain.

« Quand on va à l’hôpital, c’est comme quand on allait à la banque dans les années 80 pour y déposer notre paie de façon manuelle, alors que maintenant [toutes les opérations] sont automatisées. C’est un grand chantier d’éliminer le papier, mais surtout d’avoir accès à l’information. »

« Nous sommes bien positionnés non seulement au niveau du réseau filaire, mais aussi pour amener les soins à domicile avec notre réseau sans fil pour donner les outils à l’infirmière ou le médecin qui se présentent chez le patient. Dans la transformation de la façon dont on soigne le patient, on veut s’assurer d’avoir les solutions qui puissent suivre la communauté de la santé », ajoute-t-il.

Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.

Jean-François Ferland
Jean-François Ferland
Jean-François Ferland a occupé les fonctions de journaliste, d'adjoint au rédacteur en chef et de rédacteur en chef au magazine Direction informatique.

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