Red Herring fait le point sur le capital de risque canadien

La première édition de Red Herring Canada a permis de faire le point sur l’état de développement du marché canadien du capital de risque technologique et son évolution prochaine.

La semaine dernière, Montréal était l’hôte d’un nouvel événement organisé par l’entreprise de média spécialisée en technologies et investissement Red Herring, baptisé simplement Red Herring Canada. L’événement, auquel participaient 152 capital-risqueurs et entrepreneurs du Canada et d’ailleurs, a permis de faire le point sur la situation qui prévaut actuellement sur le marché du capital de risque technologique au pays et son évolution prochaine.

Red Herring organise des conférences similaires dans d’autres régions du globe. La dernière en date – Red Herring Asia – avait lieu à Hong Kong, le mois dernier.

D’entrée de jeu, le président et éditeur de Red Herring, Alex Vieux, a rappelé que le Canada faisait partie d’un marché global et que le développement de son industrie technologique doit s’insérer dans un cadre mondial. Il a aussi rappelé que la culture entrepreneuriale avait plus d’impact sur le développement de l’industrie que la disponibilité des capitaux, dans la mesure où un entrepreneur ayant des ressources, mais n’ayant pas la bonne attitude (persévérance, recherche de l’excellence, etc.), ne fera pas long feu.

Daniel Ciporin, un ancien entrepreneur en TI devenu capital-risqueur chez Canaan Partners, a ajouté que le fait d’avoir une bonne idée trop en avance sur son temps équivalait à avoir une mauvaise idée. Il a aussi rappelé que prendre la décision de vendre une entreprise – ce qu’il a fait – est un processus ardu et que plusieurs facteurs autres que financiers doivent aussi être considérés. Au sujet de son rôle de capital-risqueur, il a mentionné qu’il fallait s’empêcher de trop vouloir diriger les entrepreneurs auprès desquels on a investi.

Jennifer Fonstad, de Draper Fisher Jurvetson, Ted Anderson, de Venture West, et Mark de Groot, de MSBi Capital, se sont pour leur part laissés tenter au jeu de déterminer les qualités que doit avoir un entrepreneur pour réussir. Alors que Mme Fonstad a mentionné la jeunesse, l’âge idéal étant 28 ans, M. Anderson a souligné la capacité de travailler en équipe pour réaliser des objectifs précis et M. de Groot, la capacité de s’adapter au changement.

Pour maximiser les chances de succès, Mme Fonstad a rappelé qu’il devait y avoir une opportunité sur le marché et que la diversité au sein de l’équipe de direction était souhaitable pour faciliter l’internationalisation des produits de l’entreprise, alors que M. Anderson a indiqué que l’équipe de direction devait être changée périodiquement, pour faciliter l’évolution de l’entreprise.

Gros plan sur le Canada

La deuxième journée de la conférence, qui était consacrée à la situation canadienne, a débuté par une simple question : est-ce que l’industrie canadienne est prête pour entrer dans les ligues majeures? Quatre acteurs importants de l’industrie, soit Hadi Mahabadi, du centre de R&D canadien de Xerox, Jacques Bernier, du Fonds de solidarité FTQ, Skuli Mogensen, d’Oz Communications, et Alain Tascan, d’Electronic Arts Montréal, ont répondu « oui », sans hésiter.

La disponibilité et la qualité de la main-d’œuvre sont suffisantes pour permettre au Canada de migrer vers une économie basée sur la connaissance, a affirmé M. Mahabadi qui a néanmoins déploré l’absence de sentiment d’urgence qui donnerait un coup d’accélérateur au développement de l’industrie. Bien qu’il aimerait que les « vedettes » de l’industrie technologique soient davantage connues au pays, M. Bernier a rappelé le changement de perception favorable qui s’est opéré au Québec au cours des 20 dernières années à l’égard des entrepreneurs et qui a permis l’épanouissement de la classe d’affaires québécoise.

Un Scandinave de naissance, M. Mogensen a, pour sa part, affirmé que bien qu’il n’y ait pas assez d’histoires de réussite au pays et qu’on y stigmatise encore un peu trop l’échec, le Canada était un excellent endroit pour démarrer une entreprise. M. Tascan a rappelé que beaucoup de professionnels du jeu vidéo préféraient s’installer au Québec qu’aux États-Unis, parce qu’ils ne s’identifient pas à la culture américaine, ce qui est bénéfique pour le développement de l’industrie québécoise.

David Helfrich, de Garnett & Helfrich Capital, Peter Boni, de Safeguard Scientific, et Joe Osnoss, de Silver Lake Partners, se sont appliqués, quant à eux, à esquisser les dernières tendances en investissement technologique. Ainsi, de l’avis de M. Helfrich, les investisseurs cherchent de plus en plus à pousser les entreprises n’offrant pas une performance optimale à se départir de leurs divisions improductives. Et pour éviter que les entreprises se cassent le nez comme en 2000, les investisseurs s’impliquent de plus en plus dans la gestion de celles-ci, selon M. Boni. M. Osnoss a, quant à lui, souligné l’émergence d’une nouvelle génération d’investisseurs spécialisés en capital de risque pour entreprises en voie de maturation, lesquelles sont de plus en plus nombreuses et ont des besoins différents des entreprises en démarrage.

On a terminé la conférence en affirmant qu’un petit pays comme Israël, qui a fait du développement de son industrie technologique une priorité nationale et a débloqué les fonds en conséquence, fournissait un excellent exemple à suivre. « La création d’un capital de risque pour l’industrie technologique est assez récente en Israël qu’on connaissait davantage pour ses oranges que pour ses logiciels. Cela a permis à l’industrie de s’épanouir rapidement. Avant, il y avait des bonnes compagnies, mais le capital de risque manquait. Le Canada devrait suivre son exemple », a conclu M. Vieux.

La tenue d’une deuxième édition de la conférence reste à déterminer.

Alain Beaulieu est adjoint au rédacteur en chef au magazine Direction informatique.

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