PLAN NORD : Un défi technologique

Si les TI ont permis d’accélérer l’exploration géologique et facilité l’exploitation minière, le travail en région boréale comporte cependant des difficultés importantes.

Au cours des dernières années, les technologies utilisées par les entreprises minières ont beaucoup évolué. Selon Michel Jébrak, titulaire de la Chaire en entrepreunariat minier de l’UQAM et de l’UQAT, les percées réalisées dans le domaine seront très utiles dans le cadre du Plan Nord.

Le territoire visé par ce projet étant encore très mal connu, les nouvelles technologies sont mises à profit afin d’accroître les connaissances à cet égard. Les communications satellitaires permettent aujourd’hui de mesurer la température, le relief et la composition des roches, par exemple. Ainsi, il est devenu possible de reconnaître les minéraux depuis l’espace, souligne le professeur Jébrak.

L’analyse des échantillons constitue un autre aspect du développement minier où, selon lui, l’informatique joue un rôle de premier plan. Alors qu’il fallait auparavant retourner dans le sud afin d’effectuer les analyses, celles-ci sont maintenant faites sur place, ce qui permet de raccourcir la durée des projets d’exploration.

La phase subséquente de développement minier bénéficie également des progrès technologiques, dit-il encore. La virtualisation a ouvert la voie à la miniaturisation des mines. Grâce à l’augmentation de la puissance de calcul, on est passé de cartographies plutôt grossières à une modélisation précise du milieu géologique. L’utilité des modèles ainsi créés ne s’arrête pas là; on s’en sert aussi aux fins de l’exploitation des mines pour en optimiser la gestion et réduire les impacts environnementaux, notamment. En somme, « l’informatique peut générer un éventail de possibilités, que le géologue est en mesure d’interpréter », résume-t-il.

Conditions particulières

Il faut dire que les régions boréales posent des défis singuliers. L’entreprise Xstrata en sait quelque chose; en quelques années, elle a bâti un village entier autour de sa mine de nickel Raglan, aux confins du Grand Nord québécois. Les infrastructures mises en œuvre comprennent des routes, des pistes d’atterrissage et un port de mer, ainsi que l’alimentation électrique.

Les minières pressent Hydro-Québec de faire le nécessaire pour les approvisionner en milieu nordique, mais pour l’heure, les entreprises installées au nord du 49e parallèle doivent assurer leur propre alimentation. À Raglan, Xstrata utilise surtout des génératrices, mais cherche à diversifier les sources énergétiques. Ainsi, elle étudie la possibilité de recourir à l’énergie éolienne et solaire, ce qui pourrait permettre de réaliser des économies tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre (GES).

Par ailleurs, les températures extrêmes forcent l’entreprise à faire les choses différemment. Ainsi, les tours de communication mises en place se caractérisent par leur conception unique et leur grande robustesse de façon à éviter qu’elles ne s’effondrent sous le poids de la glace. « Les grands verglas comme celui qui a immobilisé une partie du Québec en 1998 sont monnaie courante là-bas », précise Paul Gorodko, surintendant des services d’affaires pour Xstrata Nickel Mine Raglan.

Selon lui, l’isolement et le climat sont deux des principales difficultés rencontrées par une organisation dans le Grand Nord. Pour briser l’isolement, il est nécessaire de mettre en place une redondance de certaines technologies – comme les liens de communication voix-données – afin d’éliminer les points de défaillance uniques.

Autre forme d’adversité : le recrutement de personnel qualifié, prêt à travailler dans les
conditions excessives des régions boréales. La mine
Raglan emploie 850 personnes et fait appel à quelque 250 sous-traitants. Elle réunit une équipe TI multidisciplinaire de 30 spécialistes appelés à s’occuper de technologies courantes (Microsoft Sharepoint, système SAP, système de gestion PI (plant information) d’OSIsoft, etc.
et moins courantes telles que les communications par satellite, liens micro-ondes, radios portatives, communications souterraines, etc.

À l’heure actuelle, 125 projets TI sont planifiés ou en cours d’exécution sur le site de Raglan, indique Paul Gorodko. « Chaque projet de construction comporte une composante de télécommunications ou de TI, dit-il. Il est donc essentiel d’établir une collaboration étroite entre l’équipe de construction et l’équipe informatique. Nous devons nous assurer que ce qui est construit sera compatible avec les technologies que nous sommes en mesure de soutenir.»

Et ce n’est pas terminé; au cours des prochaines années, Xstrata investira 530 millions de dollars pour appuyer l’expansion de la mine. En quelque sorte, Raglan constitue un modèle pour qui suivra la même voie en vertu du Plan Nord.

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