Linkbynet : S’implanter au Québec par soi-même

Alors que les subventions et la main-d’oeuvre constituent des conditions ou des enjeux importants pour l’implantation d’entreprises étrangères au Québec, l’impartiteur de systèmes français Linkbynet a établi sa présence sans argent public ni problème d’embauche.

Linkbynet, une entreprise française qui offre des services d’impartition de serveurs, de systèmes d’information et de sites Web, a amorcé ses activités commerciales au Québec au printemps 2011. L’entreprise, qui compte plus de 800 clients à travers le monde, employait déjà 350 employés en France et sur l’île Maurice, dans l’océan Indien.

Assis à une table dans des bureaux à aire ouverte, à planchers de bois et à hauts plafonds, dans un vieil édifice du Quartier de la fourrure à Montréal, le directeur général de Linkbynet Amérique du Nord, Julien Trassard, explique que l’implantation de Linkbynet en Amérique du Nord visait en partie à établir une continuité de production commerciale sur plusieurs fuseaux horaires. À cette fin, le siège social établira également une présence en Asie en 2012.

Aussi, Linkbynet compte parmi ses clients européens des entreprises présentes en Amérique du Nord, comme Michelin, le groupe Louis Vutton Moët Hennessy et La Redoute , qui souhaitaient obtenir des services technologiques pour leurs présences nord-américaines.

« On s’est dit “Où ira-t-on?” À Vancouver? À Boston? Nous sommes arrivés rapidement sur le Québec, en raison de sa double culture linguistique (sic), et puis sur Montréal, pour son bassin économique. La ville et la province foisonnent de projets », indique M. Trassard.

Aussi, M. Trassard évoque la présence d’une base d’expertise et de ressources humaines « qui est très intéressante » comme raison de l’établissement de l’entreprise à Montréal. Alors qu’une trentaine d’employés oeuvrent pour le bureau québécois de Linkbynet, M. Trassard indique que l’entreprise mère a réalisé une croissance du chiffre d’affaires de 30 % chaque année au cours des dix dernières années et qu’elle a doublé ses effectifs tous les deux ans.

« Si on continue cette croissance, dans quatre ans nous serons plus d’une centaine à travailler à Montréal », estime-t-il.

Niche d’emploi

Pourtant, la disponibilité d’une main-d’oeuvre qualifiée à court et à moyen terme constitue un enjeu qui suscite des inquiétudes au sein de plusieurs organisations en TIC. M. Trassard dit ne pas avoir eu de problème à combler les postes offerts.

« Lors du recrutement, nous avons été tellement surpris par la réponse des gens que j’ai dû y mettre fin plus tôt, indique-t-il. Chaque fois que j’ouvre un poste, en trois semaines ou un mois il est couvert. Je n’ai pas de grande difficulté. Très vite, je me suis entouré d’un certain réseau de structures spécialisées en recrutement, par des abonnements à des sites comme Jobboom ou Monster. Je n’ai pas eu à prospecter à l’aide d’une entreprise de chasseur de têtes. »

M. Trassard explique cette aisance à pourvoir les postes à la niche qu’occupe l’entreprise dans le domaine de l’administration des systèmes informatiques. « En gestion de systèmes ou d’applications, les gens oeuvrent généralement pour une seule entreprise et n’ont pas toujours le choix d’aller travailler pour un prestataire de services qui oeuvre pour une base de clients. C’est un métier où il n’y a pas tant de débouchés, à moins d’aller travailler chez un CGI ou un IBM. »

« Chez nous, nous allons faire du kayak le week-end, nous allons prendre une bière dans un bar le soir et nous parlons du travail dans des endroits différents – ce n’est peut-être pas la même ambiance qu’on retrouvera [dans ces firmes] », ajoute-t-il.

Également, Linkbynet détonne d’une autre approche couramment empruntée par des organisations en TIC qui s’établissent au Québec. L’entreprise a reçu un soutien logistique de l’organisme de promotion Montréal International, mais elle n’a pas demandé de subvention ni d’incitatifs fiscaux à l’emploi auprès des gouvernements.

« Je sais que quelques entreprises sont attirées par cette partie-là, mais ce n’était pas mon choix premier. Cela ne veut pas dire qu’un jour on ne fera pas appel à des subventions ou à des investissements pour nous développer davantage, mais ce n’est pas pour cela qu’on s’est établi au départ. On fait tout en capitaux propres et l’entreprise, qui n’a pas d’investisseurs [externes], appartient aux deux frères qui l’ont fondée au départ. »

Il ajoute que plusieurs subventions offertes par les gouvernements sont liées à l’exécution de travaux de recherche et développement, ce qui ne s’applique pas à la situation Linkbynet pour l’instant (NDLR : Le communiqué qui annonçait l’implantation de l’entreprise au Québec évoquait des projets de R-D en matière d’infonuagique).

Arriver au bon moment

Linkbynet vise tous les types d’organisations au Québec, des industries aux fournisseurs de services en passant par les gouvernements. L’entreprise a déjà établi des ententes avec des firmes de développement Web, afin de gérer les sites Web de leurs clients, et avec des entreprises en croissance qui sont en transition technologique. Or, M. Trassard constate que l’impartition de systèmes en est encore à ses débuts dans le marché.

« On reste encore dans un modèle très interne au Québec, indique-t-il. Est-ce dû à des équipes TI qui ont du mal à passer la main ou à se défaire de leurs systèmes, alors qu’il y a présentement une transition vers l’informatique en nuage? J’ai observé qu’une partie de service externe était encore peu présente dans les entreprises, mais en six mois, j’ai vu le Québec évoluer très vite. Je ne sais pas si on arrive au bon moment de maturité, mais on sent que les entreprises croient au modèle et veulent se lancer. »

M. Trassard indique que les directeurs de l’informatique des organisations sont dans une phase d’étude pour savoir quel retour sur l’investissement ils pourraient obtenir au moyen de l’impartition, mais aussi pour convaincre la direction et les responsables des finances qu’il faut changer de modèle pour un service informatique qui serait plus proche du coeur de métier de l’organisation.

« Aujourd’hui, les techniciens d’informatique des entreprises gèrent des problématiques d’infrastructures, de systèmes ou de bases de données, alors qu’ils pourraient travailler au développement d’applications qui permettrait de mieux gérer un inventaire ou de faire croître le chiffre d’affaires », affirme-t-il.

À lire aussi : Linkbynet investit 8M$ à Montréal

Pour consulter l’édition numérique du magazine d’octobre 2011 de Direction informatique, cliquez ici

Jean-François Ferland est rédacteur en chef adjoint au magazine Direction informatique.

Jean-François Ferland
Jean-François Ferland
Jean-François Ferland a occupé les fonctions de journaliste, d'adjoint au rédacteur en chef et de rédacteur en chef au magazine Direction informatique.

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