L’image, un cliché?

Les photos numériques sont utilisées par les entreprises pour illustrer des concepts ou pour produire une « image » auprès des publics visés. Or, plusieurs organisations ont recours aux images des galeries de photographies, ce qui comporte des avantages, mais aussi des effets pervers. Qu’en est-il de l’originalité?

L’être humain du vingt et unième siècle voit défiler des centaines, voire des milliers d’images devant ses yeux au cours d’une journée. Elles sont utilisées dans les journaux, les magazines et les encarts publicitaires. Elles illustrent les documents, les publications et les sites Web corporatifs. Elles sont intégrées à des publicités et à des présentoirs, ainsi qu’à des emballages, à des pochettes et à des couvertures de produits. Il faut des photos en profusion et en couleur de surcroît!

L’époque où une photo destinée à une utilisation commerciale devait être prise obligatoirement par un photographe est révolue, puisque des alternatives ont émergé dans le marché. Des agences ont mis en marché des images génériques qui étaient disponibles sur des négatifs, puis sur des disques optiques compacts et, depuis quelques années, sur des portails Web spécialisés. Ainsi, au lieu de donner le mandat à un studio de photographier un produit ou une installation, les organisations peuvent opter pour des photos génériques à moindre coût. D’ailleurs, les coûts ont diminué au gré de l’évolution des moyens de transmission et de l’augmentation de la concurrence dans le domaine.

La possibilité d’obtenir une photo pour quelques dollars, au lieu d’avoir à payer plusieurs centaines de dollars, plaît à plusieurs entreprises. De plus, le besoin d’obtenir rapidement une illustration, alors que le temps presse, peut être comblé par le recours aux contenus des banques d’images.

Pourtant, bon nombre d’entreprises puisent allègrement dans les galeries de photographies pour combler leurs besoins illustratifs, ce qui entraîne des effets pervers auprès des publics ciblés. Tout comme les effets spéciaux ratés au cinéma ou les mauvais montages illustratifs, l’utilisation de photographies « stock » peut donner une drôle d’image à l’organisation qui l’utilise…

Image.com

L’Internet est sûrement l’endroit où la prolifération des photographies génériques est la plus flagrante. L’entreprise ABC utilise sur son site une photo illustrant des personnes au travail, assises à une table, le regard vif et le sourire rempli de dents blanches. L’internaute néophyte peut alors penser qu’il s’agit des vrais employés de l’entreprise.

Or, dans un autre domaine d’affaires ou dans un autre pays, l’entreprise XYZ utilise la même photo sur son site Web pour « illustrer » ses employés. L’internaute constate alors que l’image provient d’une galerie de photographies, ce qui détourne son attention du message véhiculé par le reste de la page Web. Au lieu de penser que les entreprises emploient des gens amicaux et travaillants, il pourrait penser que les entreprises n’ont pas voulu investir dans la production d’images originales.

Et les exemples de la grande popularité des photos génériques ne manquent pas : il y a quelques années, une jeune fille souriante était visible à la fois sur une affiche d’une institution d’enseignement, sur une annonce d’embauche de personnel et sur un photomontage de site de rencontres. Ou encore, une photo de jeune femme qui était utilisée par une publicité d’agence de photographies génériques, pour démontrer la qualité des clichés offerts dans ses banques d’images, est utilisée sur une pochette de compilation musicale.

Certes, les images de ces galeries de photographies sont forcément prises par un photographe qui reçoit des droits d’auteur pour chaque copie acquise par un client. Toutefois, les photographes spécialisés ont dû noter une réduction des mandats qui leur étaient confiés par les entreprises locales depuis que ces galeries sont plus facilement accessibles via le Web…

Bref, les entreprises font face à un certain dilemme : économiser du temps et de l’argent, ou bien faire preuve d’originalité. Dans un monde idéal, les directeurs artistiques feraient des recherches pour tenter de voir si une photo provenant d’une banque d’images a été récemment utilisée par une autre entreprise, mais la quantité de contenus produits aux quatre coins de la planète rendrait cette tâche utopique!

Les entreprises devront se méfier de l’utilisation abusive de telles photos pour façonner leur image de marque, car les internautes pourraient avoir une perception tout autre…

Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.

Jean-François Ferland
Jean-François Ferland
Jean-François Ferland a occupé les fonctions de journaliste, d'adjoint au rédacteur en chef et de rédacteur en chef au magazine Direction informatique.

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