Les Québécois pourront jouer en français

L’Office québécois de la langue française et l’Association canadienne du logiciel de divertissement ont conclu une entente majeure sur la francisation des jeux vidéo.

Grâce à une entente conclue entre l’Office québécois de la langue française (OQLF) et l’Association canadienne du logiciel de divertissement (ACLD), les consommateurs francophones du Québec pourront jouer dans leur langue maternelle.

En effet, en vertu de cette entente, tous les jeux vidéo offerts sur le marché québécois, et dont une version française est disponible à l’extérieur du Québec, devront aussi être offerts en version française au Québec. Ainsi, leur emballage devra être francisé, ce qui n’exclut pas l’utilisation d’une autre langue, tout comme la documentation qui les accompagne et leur interface d’utilisation.

L’application des conditions de l’entente étant progressive, les fabricants ont jusqu’au 1er avril 2009 pour faire les ajustements nécessaires, après quoi ils seront en violation de l’entente conclue en leur nom par l’association qui les représente. Connue auparavant sous le nom de Entertainment Software Association of Canada (ESAC), cette dernière a profité de la divulgation de l’entente pour franciser sa raison sociale.

Activision, Buena Vista Games, Electronic Arts (EA), Microsoft, Nintendo, Solutions 2 Go, Sony, Take2 Interactive, THQ, Ubisoft et Vivendi Universal Games font partie des éditeurs de jeux pour consoles, ordinateurs personnels, appareils de poche et Internet représentés par l’ACLD.

Les ajustements que devront apporter les fabricants à la version française de leurs jeux concernent essentiellement la prise en charge de la norme vidéo NTSC, en vigueur en Amérique du Nord – en Europe, on utilise la norme PAL/SECAM – ce qui sous-entend des coûts additionnels à supporter par le fabricant. Des coûts qu’EA Montréal ne considère pas significatifs. « C’est juste une question d’organisation, soutient son directeur général, Alain Tascan. Du moment que la version française existe, il suffit de la transférer sur un disque supportant la norme NTSC. Et avec les disques que nous avons aujourd’hui, il est possible de mettre plusieurs versions différentes sur un même disque. »

Dans le sillon de la Charte

La conclusion de cette entente à ce moment-ci se veut aussi hautement symbolique, dans la mesure où on fête cette année le 30e anniversaire de l’adoption de la Charte de la langue française. Rappelons que cette dernière comprend déjà un article sur la disponibilité des versions françaises des logiciels au Québec, soit l’article 52.1. Cet article stipule que « tout logiciel […] doit être disponible en français, à moins qu’il n’en existe aucune version française. Les logiciels peuvent être disponibles également dans d’autres langues que le français, pourvu que la version française soit accessible dans des conditions […] au moins aussi favorables et possède des caractéristiques techniques au moins équivalentes. »

Donc, on n’invente rien de nouveau avec cette entente, à la seule différence que l’industrie canadienne du jeu vidéo reconnaît maintenant et publiquement, par l’entremise de son association, le bien-fondé de cet article. Il s’agit donc d’une prise de conscience à la source. « C’est une entente historique, se réjouit Gérald Paquette, directeur des communications de l’OQLF. Ça va permettre de réduire le nombre de poursuites individuelles contre les détaillants qui contreviennent à la Charte. Nous sommes remontés à la source et maintenant ce sont les membres de l’ACLD qui vont eux-mêmes faire en sorte que l’article 52.1 soit respecté. »

La conclusion de cette entente dénote, en outre, un changement de perception à l’endroit de l’OQLF qui est de moins en moins perçu comme un « chien de garde de la langue française » et de plus en plus comme un partenaire de l’industrie. Ce qui n’exclut pas que des poursuites judiciaires puissent toujours être intentées, après qu’une plainte ait été déposée à l’OQLF.

La prise de conscience linguistique des fabricants de jeux en trahit une autre, soit celle de l’importance économique du marché québécois, qui atteint 200 millions $ aux dires de la ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Christine St-Pierre. « Le Québec représente un marché très important pour les éditeurs de jeux vidéo et les grands gagnants de nos efforts seront les amateurs de jeux, qui auront accès à un plus grand nombre de jeux dans leur langue », résume la directrice administrative de l’ACLD, Danielle Parr.

« Quand toute une industrie se met au diapason du français, répondant ainsi à la demande d’un très large public composé des jeunes et des adultes qui en achètent les produits, on peut parler d’un progrès majeur, ajoute France Boucher, présidente-directrice générale de l’OQLF. Cette importante entente témoigne, à n’en pas douter, de la ferme volonté de l’Office de rechercher des solutions durables pour assurer la vitalité permanente du français au Québec. Elle ouvre également la voie à la négociation d’ententes similaires avec les représentants d’autres secteurs. »

Alain Beaulieu est adjoint au rédacteur en chef au magazine Direction informatique.

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