Le stratège

PERSONNALITÉ DU MOIS Jean-Marc Leboeuf, président du Groupe Créatech, est la personnalité du mois de février 2006 en TI au Québec.

Voici maintenant bientôt trois ans que je réalise ces entrevues mensuelles avec différentes personnalités de l’industrie québécoise des technologies de l’information et de la communication. S’il y a bien une chose que j’ai retenue, c’est que même si le hasard fait bien les choses, les meneurs de l’industrie savent justement comment anticiper « être à la bonne place au bon moment ». Certains le font par instinct, par passion ou par pure innovation, d’autres le font en fins stratèges, c’est-à-dire qu’ils savent comment articuler une juste lecture d’une dynamique de marché à un plan de développement. Indéniablement, Jean-Marc Leboeuf est de ceux-là.

Formé en ingénierie à l’École Polytechnique de Montréal et titulaire d’une maîtrise en administration des affaires (MBA) de l’Université Western Ontario avec une spécialisation en recherche opérationnelle, Jean-Marc Leboeuf, de son propre aveu, ne semblait pas destiné à une rencontre avec le monde des technologies de l’information. « Fondamentalement, la voie qui s’ouvrait alors à moi était celle de travailler dans le domaine manufacturier ou celui de la production », se remémore-t-il. Le hasard a voulu que Jean-Marc Leboeuf obtienne son premier emploi au sein de la firme Andersen Consulting. Son flair a fait le reste…

À cette époque (milieu des années 1980), Andersen Consulting était le chef de file d’un tout nouveau concept de production manufacturière : le mode de production « juste à temps ». « À cette époque, explique Jean-Marc Leboeuf, le leitmotiv d’Andersen était ‘Simplify, Automate and Integrate‘, c’est-à- dire simplifier par la production ‘juste à temps’, automatiser par l’apport des TI et intégrer par des logiciels de gestion. »

Si, à ses débuts, Jean-Marc Leboeuf n’était pas particulièrement impressionné par les TI, il constate rapidement, une fois chez les clients, qu’elles offrent de puissantes solutions d’automatisation et d’intégration. Cette expérience s’avérera cruciale, car l’automatisation et l’intégration des opérations manufacturières sont à l’origine de ce qui deviendra au début des années 1990, les solutions de réingénierie des processus d’affaires par les applications de gestion des ressources d’entreprises (ERP). « Ce qui se faisait sur le plancher de l’usine était désormais appliqué à l’ensemble des processus d’affaires des entreprises », souligne Jean-Marc Leboeuf.

Jean-Marc Leboeuf a rapidement dépisté cette tendance : dès 1993, il fonde sa propre firme, Créatech. Pour lui, la technologie est d’abord et avant tout un outil dont l’importance vient après celle des processus d’affaires. Aussi, la mission de Créatech est-elle d’offrir à ses clients des solutions à valeur ajoutée fondées, notamment, sur l’apport d’outils technologiques : « La technologie est principalement un facilitateur, elle permet de faciliter la réalisation des objectifs », précise-t-il.

La vision stratégique de Jean-Marc Leboeuf a permis à Créatech d’afficher avec consistance une croissance annuelle entre 30 et 50 %, même durant les moments où le marché était à la baisse. Ainsi, après le boom du bogue de l’an 2000, alors que le marché entrait dans une phase de décroissance, Créatech, au contraire, affichait une croissance de 30-35 %, notamment parce que la firme s’était judicieusement positionnée dans le segment des PME qui allait devenir la future dynamique du marché.

Comme tout bon stratège, Jean-Marc Lebœuf est constamment tourné vers les perspectives d’avenir. Voilà pourquoi il refusait les offres d’achat que le succès de Créatech suscitait régulièrement. « Je n’étais pas intéressé à être simplement absorbé par une boîte locale. Si nous étions pour fusionner, ce devait être dans une perspective de faire une réelle différence », souligne Jean-Marc Leboeuf. Cette occasion s’est finalement présentée en septembre 2005 avec l’offre de Bell qu’a acceptée Jean-Marc Leboeuf. « Bell nous offrait de belles perspectives d’avenir et les ressources pour nous permettre d’être un joueur d’envergure nationale, explique-t-il. En intégrant notre pratique d’optimisation de la chaîne d’approvisionnement à Bell Canada, nous pouvons désormais offrir à nos clients des solutions complètes de bout en bout. »

Encore une fois, le fin stratège sait comment tirer parti de ce nouveau contexte. « Avec la libéralisation des échanges et la mondialisation, nous assistons à une inexorable – et douloureuse – tendance à l’intégration et à la logistique : désormais, offrir une valeur ajoutée est plus important que ‘faire’ des choses. Or qui dit intégration et logistique, dit aussi technologies de l’information et de la communication, plus précisément les systèmes de gestion et les systèmes de communication. De par notre union avec Bell, nous sommes avantageusement positionnés pour tirer profit de cette dynamique de marché », conclut Jean-Marc Leboeuf.

Le choix de la Personnalité du mois en TI au Québec est le fruit d’une collaboration entre la Fédération de l’informatique du Québec, Direction informatique et de nombreux partenaires.

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