La réseautique à large bande pour les Cris et les Jamésiens

D’ici quelques années, une quinzaine de villages de la Baie-James bénéficieront d’un réseau de télécommunications à haute vitesse en fibre optique. Cet ambitieux projet de 26 M$ procurera l’accès à Internet, la télémédecine, l’éducation à distance et d’autres services technologiques aux communautés cries et jamésiennes.

Le 12 avril dernier, le gouvernement du Québec, par le biais du programme Villages branchés, et le gouvernement du Canada, par l’entremise de l’organisme Développement économique Canada, ont annoncé qu’ils contribueraient 9,6 M$ chacun à l’établissement d’un réseau de télécommunications à large bande qui sera fondé sur la fibre optique dans le Nord-du-Québec.

Le projet vise l’implantation d’un réseau à haute vitesse de St-Félicien et Quévillon jusqu’à Kuujjuarapik, pour lier une quinzaine de villes et villages où vivent des citoyens autochtones et non autochtones. Ce projet est piloté par Réseau de communications Eeyou, un organisme autochtone sans but lucratif qui a été établi par plusieurs conseils et organismes de la communauté crie du Nord du Québec.

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Le plan envisagé du réseau de télécommunications à large bande de Réseau de communications Eeyou (Source: Réseau de communications Eeyou)

Le Grand conseil des cris et la Conférence régionale des élus de la Baie James investiront le tiers de la somme requise pour ce projet.

La plupart des villages seront liés par des câbles de fibre optique qui seront attachés à des poteaux en bois, à la manière des fils téléphoniques. Ces câbles seront liés à des relais qui seront connectés à leur tour à un câble de garde à fibre optique du réseau de transport d’Hydro-Québec, qui relie le poste de Chamouchouane près de St-Félicien à la centrale hydroélectrique LG1. La bande passante de réseau disponible variera de 2,5 Gb/s à 10 Gb/s (gigabits par seconde). Le réseau planifié, lorsque complété, utilisera 2 400 kilomètres d’infrastructures sur fibre optique. Un seul tronçon, soit entre Radisson et Kuujjuarapik, aura recours à une liaison par faisceau hertzien, à l’aide d’une infrastructure appartenant à Télébec, en raison de l’absence de route entre les deux localités.

Alors que des travaux d’inspection de sites sont déjà réalisés, les gestionnaires du projet comptent amorcer la construction du réseau dès cet été, avec comme objectif une mise en activité d’une première phase à l’automne 2011.

Réseau de changement

Ce réseau à large bande procurera aux individus, aux institutions et aux entreprises un accès à la Toile par le biais de fournisseurs d’accès Internet locaux, mais aussi l’exploitation d’applications de télémédecine et d’éducation à distance et l’accès aux services en ligne des gouvernements.

L’ingénieur Louis Lavergne, qui agit à titre de conseiller dans ce projet, indique que l’accès à la vidéo sur demande et la télé à haute définition, mais aussi l’exploitation de services de téléphonie mobile sera possible par le biais de fournisseurs locaux. Il indique que les infrastructures présentement utilisées dans la région de la Baie James reposent sur de l’équipement de transmission par micro-ondes qui a été établi dans les années 80.

M. Lavergne croit que l’accès à un réseau de télécommunications à large bande entraînera de grands changements dans la région. « Il n’y a qu’à penser, par le recours à la télémédecine, aux millions de dollars en coûts qui pourront être économisés au niveau du transport de personnes entre les villages et Val-d’Or ou Chibougamau pour recevoir des soins », donne-t-il en exemple.

Alfred Loon, administrateur au Réseau de communication Eeyou, explique que les citoyens des communautés cries n’ont accès qu’à des liaisons téléphoniques commutées ou à des liaisons numériques (Digital Subscriber Line , ou DSL en anglais) « très, très légères ». Certaines commissions scolaires exploitent actuellement des applications de formation à distance, avec une bande passante moindre que ce qui sera offert par le biais de la fibre optique.

M. Loon s’attend à ce que ce réseau soit bénéfique pour le développement économique et l’emploi au sein des communautés autochtones. « Ce réseau sera également bénéfique pour la jeunesse, qui s’intéresse de plus en plus aux technologies », indique-t-il.

Jean-François Ferland est rédacteur en chef adjoint au magazine Direction informatique.

Jean-François Ferland
Jean-François Ferland
Jean-François Ferland a occupé les fonctions de journaliste, d'adjoint au rédacteur en chef et de rédacteur en chef au magazine Direction informatique.

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