La fin du bonbon

Les crédits d’impôt pour sites désignés qui seront retirés dans trois ans ont-ils vraiment contribué efficacement au développement durable de l’industrie? Ou n’ont-ils pas plutôt contribué à instaurer un état de dépendance aux deniers publics?

Il n’y a vraiment rien de pire que d’accorder une gratification, un avantage quelconque et de le retirer après qu’on s’y soit habitué, qu’il soit entré dans les mœurs. C’est un peu ce qui risque de se produire avec les entreprises installées dans certains sites désignés par le gouvernement du Québec, tel que la Cité du multimédia de Montréal, la Cité du commerce électronique et les Centres de développement des TI, et qui reçoivent en contrepartie de généreux crédits d’impôt. Des crédits d’impôt valables pour dix ans et qui seront conséquemment retirés progressivement de 2010 à 2013. (Voir notre **article** à cet effet.)

Des crédits d’impôt qui peuvent atteindre jusqu’à 15 000 $ par an par employé, qui disparaîtront du jour au lendemain. Or, plusieurs entreprises se sont habituées, au fil des ans, à ce petit cadeau, au point d’en faire un élément permanent de leurs états financiers, voire un élément fondamental et essentiel de leur rentabilité.

Alors, nul besoin d’être devin pour prédire le malaise, voire la panique qui suivra leur retrait. Les experts s’attendent à des mises à pied et à des faillites massives. Mais, si les prédictions des experts se réalisent tel que prévu, est-ce vraiment acceptable qu’une industrie se retrouve dans une telle situation? Une situation qui était connue d’avance, puisqu’il était stipulé, noir sur blanc, que les crédits d’impôt étaient valables pour dix ans. Pas une année de plus. En bons gestionnaires, ces derniers n’ont pas d’excuse pour ne pas avoir planifié la fin annoncée d’une telle « manne » gouvernementale et prévu un plan de transition.

Or, il appert que seulement 43 % des entreprises bénéficiant de ces crédits d’impôt ont prévu un tel plan, selon les données rapportées par TechnoCompétences. Que feront les autres? Il leur reste au plus trois ans pour y voir.

Des mesures efficaces?

D’autre part, cela suscite un questionnement sur l’efficacité à long terme des mesures fiscales pour des sites désignés. Est-ce que de tels programmes favorisent réellement le développement durable d’une industrie? Ou ne contribuent-ils pas plutôt et de façon plus prosaïque à développer un état de dépendance à l’endroit de l’aide gouvernementale? Dépendance qui aurait pour effet de maintenir artificiellement en vie des entreprises qui autrement ne seraient pas rentables, et sur une aussi longue durée? C’est sûr que l’aide gouvernementale est bénéfique pour de nombreux entrepreneurs qui ont de bonnes idées, mais manquent de ressources. Mais on peut questionner l’efficacité de l’institutionnalisation d’une aide généralisée à grande échelle.

Aussi, est-ce que le rassemblement dans un même complexe immobilier d’entreprises oeuvrant dans un même secteur industriel stimule réellement leur développement individuel et celui de l’industrie dans son ensemble? On peut en douter. Surtout dans le cas qui nous concerne, alors que les sites désignés par le gouvernement du Québec ne disposent pas de centres de recherche, dont l’apport au développement des entreprises s’y trouvant serait très certainement significatif.

Enfin, cela fait plus de questions que de réponses. Des questions auxquelles le temps répondra, on le suppose. Reste à savoir ce que feront les entreprises dans trois ans, alors que l’attrait des centres désignés sera considérablement amoindri. Ces derniers seront-ils purement et simplement désertés?

Et surtout que feront les entreprises pour limiter les dégâts? On parle quand même de 3 000 à 5 000 emplois perdus, selon les chiffres avancés par TechnoCompétences. De vrais individus qui vont se retrouver sans emploi du jour au lendemain. Avec ce qui se passe actuellement dans des secteurs manufacturiers plus traditionnels, il est temps d’agir et de se préparer.

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