Intercâble ICH en situation difficile

L’entreprise montréalaise, qui exploite depuis peu un réseau à très haut débit dans l’île de la Réunion, doit obtenir du financement « à très court terme » pour poursuivre ses activités. Des retards, un conflit et la crise du financement sont en cause.

L’entreprise Intercâble ICH, qui a activé récemment son offre de services fondée sur un réseau à très haut débit dans l’île de la Réunion, craint pour sa viabilité à court terme.

L’entreprise, qui a été fondée en 2002 sous le nom de Eptheca Solutions et qui a été renommée en 2007, a entamé au cours des derniers mois l’activation d’offres de services de télévision, de téléphonie et d’accès à Internet dans le territoire français qui est situé dans l’Océan Indien, à l’est de Madagascar. Depuis juin 2008, elle a activé 400 abonnés dans la commune de St-Paul et poursuivi la construction d’un réseau aérien et souterrain d’une portée de 110 kilomètres. Ce réseau donne accès à un bassin potentiel de 10 000 abonnés, dont 2 400 peuvent être raccordés rapidement au réseau.

Or, selon l’état des résultats du troisième trimestre et des neuf premiers mois de l’exercice financier 2008, qui ont pris fin le 30 septembre dernier, l’entreprise est en mauvaise posture financière. L’entreprise rapporte des revenus de préexploitation de 33 210 $ et une perte nette de 1,2 million $ pour le dernier trimestre complété, alors que la perte nette des neuf premiers mois de l’année financière totalise 2,2 millions $. L’entreprise accuse un déficit de 4,4 millions $.

Assèchement des liquidités

L’entreprise a obtenu un prêt-relais de 4,5 millions $ d’une banque de Mauritanie, en août dernier, ce qui lui a permis de respecter des obligations financières et assurer son exploitation à court terme. Toutefois, une émission d’unités de financement à la mi-octobre n’a pas atteint en ce moment l’objectif de souscription de 15 millions $ qui avait été établi.

Pour le raccordement de clients potentiels, qui varie de 30 000 à 50 000 foyers, l’entreprise dit avoir besoin de 20 à 30 millions $ pour l’année 2009, en vertu d’un plan d’affaires révisé. Des discussions se poursuivent avec des investisseurs institutionnels potentiels, tout comme l’exploration d’options de financement.

Or, l’obtention de fonds additionnels est cruciale pour la poursuite des activités de l’entreprise; cette dernière se doit d’obtenir du financement « à très court terme » pour honorer ses obligations financières et continuer son exploitation. Alors qu’elle prévoit être à court d’argent avant la fin du mois de décembre, Intercâble ICH manifeste clairement son incertitude envers son avenir en raison de la crise du crédit d’envergure mondiale.

En conséquence, l’entreprise utilise au maximum son inventaire de pièces pour la poursuite du déploiement de son réseau, qui toutefois s’effectue au ralenti et sans le recours aux sous-traitants.

Retards, poursuite et plainte

Intercâble ICH, à l’origine, comptait démarrer la commercialisation de ses services à l’île de la Réunion en avril 2007. Or, l’entreprise québécoise a été confrontée à divers retards, comme une longue analyse coûts/bénéfices de ses choix technologiques, des retards de fabrication et de transport de composantes, des retards administratifs dans l’obtention de permis, des retards dans la découverte de l’emplacement des locaux et des retards dans la recherche de financement.

De plus, Intercâble ICH est aux prises avec un litige juridique avec le fournisseur de services de communications France Telecom. En résumé, les deux parties auraient signé deux conventions qui permettaient à l’entreprise montréalaise de louer l’infrastructure de génie civil de France Telecom. Or, cette dernière allègue que Intercâble ICH aurait utilisé les infrastructures sans autorisation avant la signature des conventions, d’une façon susceptible de porter atteinte à son réseau, pour la pose de 39 kilomètres de réseau dans deux communes. France Telecom réclame l’arrêt des déploiements et l’enlèvement des câbles qui ont été posés avant les deux conventions.

Une poursuite intentée par France Telecom devant un tribunal commercial de l’île de la Réunion s’est soldée par une décision d’incompétence du tribunal à entendre la cause, en référant cette dernière à un tribunal commercial à Paris. France Telecom a porté la cause en appel.

Intercâble ICH, de son côté, a obtenu du tribunal commercial de Paris la nomination d’un conciliateur qui doit remettre d’ici la mi-mars une expertise technique à propos des déploiements de câbles litigieux. Également, l’entreprise a formulé une plainte auprès de l’entité française responsable de la réglementation de la concurrence dans le secteur français des télécommunications. Cet organisme avait justement publié il y a quelques mois une décision qui « enjoignait France Telecom d’ouvrir ses infrastructures à la concurrence et de proposer une offre contractuelle plus accessible, équitable et non discriminatoire » aux exploitants concurrentiels. Une décision relative à cette plainte devrait être rendue avant le 28 décembre 2008.

Intercâble ICH précise que le conflit avec France Telecom a entraîné la suspension des travaux souterrains de déploiement de réseau, alors que 80 % du travail avait été complété, ainsi qu’un alignement des activités de déploiement dans les secteurs fondés sur le recours à des réseaux aériens. Des ententes d’accès aux réseaux ont été établies avec de tierces parties afin d’utiliser des infrastructures existantes.

Selon le site Web d’lntercâble ICH, les membres de l’équipe de la haute direction de l’entreprise auraient oeuvré pour diverses entreprises de communications, notamment Videotron du Québec, Cabovisao por Cabo du Portugal – qui appartient à l’entreprise québécoise Cogeco – et World Satellite Guadeloupe de la Guadeloupe.

À suivre…

Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.

Jean-François Ferland
Jean-François Ferland
Jean-François Ferland a occupé les fonctions de journaliste, d'adjoint au rédacteur en chef et de rédacteur en chef au magazine Direction informatique.

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