Des écoles sous haute surveillance

EXCLUSIF – La Commission scolaire de la Pointe-de-l’Île a déployé un réseau de 215 caméras de surveillance analogiques-numériques dans ses 69 établissements d’enseignement pour protéger davantage la vie des élèves et du personnel.

La Commission scolaire de la Pointe-de-l’Île (CSPI) a mis en place, dans ses 69 établissements d’enseignement primaire et secondaire et d’éducation des adultes, un important système de vidéosurveillance mixte (analogique-numérique) totalisant 215 caméras intelligentes.

De type PLTZ (Pan/Tilt/Zoom), les caméras mobiles sont reliées entre elles via le réseau de fibre optique que la commission scolaire a mis en place en 2006 et qui relie l’ensemble des bâtiments de l’organisation avec une connexion de 1 Gb/s. La CSPI, située dans la partie est de l’île de Montréal, dessert une population constituée de 27 500 jeunes élèves et 8 000 élèves adultes.

« Le réseau de caméras est intégré à notre réseau informatique et est donc purement IP, confirme Denis Fréchette, le directeur du service des technologies de l’information de la CSPI. On avait la possibilité d’intégrer le réseau de caméras à notre réseau informatique. […] On représente environ 40 % 15 % de la clientèle scolaire de Montréal et aucune autre commission scolaire de Montréal n’a eu un projet corporatif comme le nôtre, d’intégrer la vidéosurveillance dans tous ses bâtiments. C’est un projet majeur dans le réseau de l’éducation. »

Le système, qui est opération depuis la fin du mois de mars, a coûté 500 000 $ à mettre en place. La mise en oeuvre a débuté en janvier 2009. L’entreprise Kolossal Technologies a fourni et déployé l’équipement qui est constitué de caméras analogiques en couleur de marques Bosch et Everfocus et de serveurs fournis par le fabricant canadien March Networks. Les images captées par les caméras sont converties en format numérique et stockées localement. Le parc informatique de la CSPI, qui se compose de 7 500 ordinateurs, est doté d’une capacité de stockage totale de 2 téraoctets. « On a utilisé des caméras analogiques, parce qu’elles sont moins dispendieuses que les caméras IP, mais offrent les mêmes fonctions », explique Denis Fréchette.

Respect de la vie privée

Le positionnement des caméras a été laissé à la discrétion de chaque établissement. Mais d’une manière générale, elles ont été déployées essentiellement au niveau des portes d’entrée, des cours d’école, des stationnements et des endroits de rassemblement intérieurs, telles que les salles polyvalentes et les locaux du service de garde. Puisque l’objectif est d’offrir un contrôle efficace du périmètre et des points d’accès des établissements, aucune caméra n’a été installée dans les salles de cours, les salles de bain et les bureaux administratifs, d’autant plus que cela aurait nui à l’intimité des étudiants et du personnel, notamment dans les salles de bain.

« On a une procédure particulière pour l’utilisation de la vidéosurveillance dans les établissements, souligne Denis Fréchette. On a consulté notre avocate et on respecte intégralement la Loi sur l’accès à l’information. On a l’obligation de protéger les enfants et le personnel. […] La Loi dit qu’on ne doit pas filmer des gens dans des endroits où il n’y a pas de raison qui justifie de les filmer. »

« Dès qu’une personne entre dans une école, il y a une affiche qui dit que l’établissement est protégé par un système de caméras. C’est transparent », ajoute André Blanchard, commissaire et président de la Commission de l’éducation des adultes et de la formation professionnelle, du transport scolaire et des services des technologies de l’information et des communications à la CSPI.

D’ailleurs, le respect de la vie privée des élèves, des visiteurs et du personnel faisait partie des préoccupations des responsables du projet. C’est dans cette perspective que les images captées par les caméras ne sont pas conservées plus de trois jours. De plus, les images ne sont pas communiquées à l’extérieur de la CSPI, si ce n’est au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), dans le cas où un délit aurait été commis et qu’une enquête doit être menée.

« Les enregistrements sont utilisés uniquement quand il y a eu un incident, tel qu’un feu, un vol, du vandalisme ou une intrusion, et seront fournis à la police, confirme Denis Fréchette. Il n’y a aucune divulgation dans le public. On est très prudent à ce niveau-là, car l’idée n’est pas de brimer la vie privée, mais de protéger la vie des enfants. »

Dans certains établissements plus imposants et plus « chauds », telles les écoles polyvalentes situées dans des quartiers difficiles, il peut y avoir jusqu’à 20 caméras par établissement. « C’est laissé à la discrétion des écoles : elles peuvent mettre autant de caméras qu’elles le veulent, soutient André Blanchard. Elles ont au minimum trois caméras chacune. »

Ménager la bande passante

Bien que le système mis en place permette de centraliser la sauvegarde des séquences, la CSPI a opté pour une sauvegarde locale pour des raisons de bande passante. « On a un réseau de fibre optique de 1 Gb/s, mais à 30 images/seconde, ça consommerait beaucoup de bande passante! On ne voulait pas gruger notre bande passante, explique Denis Fréchette. Mais on est capable d’accéder à distance aux 215 caméras. »

Dans les polyvalentes, les moniteurs alimentés par les caméras sont surveillés par le personnel responsable de la sécurité, tel que cela se faisait auparavant lorsqu’il y avait un système de caméras de surveillance. Dans les écoles primaires, comme il n’y a pas de personnel de sécurité, les images ne sont visionnées que lorsqu’un délit est rapporté à la direction. « Les caméras deviennent un soutien supplémentaire au travail des agents de sécurité », note André Blanchard.

Règle générale, auparavant, il n’y avait pas de caméra de surveillance dans les écoles primaires de la CSPI. Dans le cas des polyvalentes qui en avaient, les images, captées en noir et blanc, servaient essentiellement à la surveillance en direct. « Les écoles qui avaient auparavant des caméras de surveillance, c’était plus pour intimider qu’autre chose », souligne Denis Fréchette.

Directive ministérielle

La CSPI a décidé de mettre en place son système de vidéosurveillance en réponse à la directive énoncée l’an dernier par la ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne, qui enjoignait les commissions scolaires du Québec à prendre des mesures proactives pour contrer la violence à l’école.

« Au ministère de l’Éducation, on parle de plus en plus de sécurité dans les établissements, on avait certaines obligations, affirme Denis Fréchette. Le Ministère n’ira pas jusqu’à préciser la technologie qu’on doit mettre en place, mais on est obligé de rendre les lieux sécuritaires. Il y a eu dernièrement beaucoup de fusillades dans les écoles et il faut faire en sorte que de tels événements pénibles ne se reproduisent pas. »

« On est proactif et on est sensibilisé à ce qui se passe, renchérit André Blanchard. Il ne faut pas attendre que quelque chose arrive pour réagir. »

Par conséquent, autant les parents des élèves que le personnel scolaire ont bien reçu l’initiative de la CSPI, dont le projet a été approuvé par le Conseil des commissaires qui comprend deux parents.

« L’intégration des caméras a été perçue beaucoup plus comme une mesure de sécurité qu’autre chose, souligne Denis Fréchette. Quand on lit qu’il n’y avait pas de systèmes de sécurité dans les établissements qui ont été la cible d’attentats, personne ne s’est opposé à ce qu’on mette en place des caméras de surveillance. Tout le monde est conscient aujourd’hui que la technologie est capable de nous aider au niveau de la sécurité. »

Alain Beaulieu est adjoint au rédacteur en chef au magazine Direction informatique.

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