Commerce électronique au Québec en octobre: des acheteurs frileux

La proportion d’acheteurs québécois et le montant dépensé en ligne ont connu un repli en octobre dernier. Deux analystes estiment qu’il est trop tôt pour lier ce recul à une crise économique.

La dernière édition de l’Indice du commerce électronique au Québec ne laisse rien présager d’encourageant à propos des achats en ligne pour la période des Fêtes.

L’indice, qui est produit chaque mois à l’aide d’un sondage réalisé auprès de 1 000 personnes pour le compte du Cefrio, de la firme SOM Recherches et Sondages et de l’agence Internet VDL2, établit que 13 % des adultes québécois ont acheté des produits et services en ligne d’une valeur totale de 191 millions $ en octobre 2008. Le montant moyen des dépenses était de 244 dollars.

En octobre 2007, 18 % des adultes québécois avaient effectué des achats en ligne qui totalisaient 339,7 millions $, avec un montant moyen de 322 dollars par acheteur.

Ces données, selon les commanditaires de l’indice, seraient les plus faibles à avoir été compilées pour cet indice depuis février 2008. En janvier 2008, un mois de l’année où les achats en ligne sont au ralenti de façon historique, l’Indice avait fait état de 11 % d’adultes québécois qui avaient dépensé 136 millions $ en ligne, soit en moyenne 207 dollars par acheteur.

Effet de crise?

Najoua Kooli, la directrice de projet du Cefrio, souligne qu’il y avait eu une augmentation significative de la proportion d’acheteurs et du montant d’achats, en octobre, novembre et décembre 2007.

« Il y avait eu une chute janvier 2008, puis cela avait repris tranquillement en février, ce qui est normal – on a tellement acheté à la période des fêtes qu’il y a un petit creux autant dans les achats en ligne qu’en magasin. Mais comparativement à l’an passé, où l’on remarquait une petite tendance à la croissance dans les achats en ligne, il y a une baisse cette année », constate-t-elle.

Interrogée à savoir si les données d’octobre 2008 sont le reflet d’un ralentissement économique, Mme Kooli, en mentionnant que la crise n’avait pas été annoncée « officiellement » au Québec, estime qu’il s’agit pour l’instant d’une hypothèse. « Mais il est évident, compte tenu du climat économique instable et de tout ce qu’on entend autour de nous – les gens sont informés – cela crée un petit climat d’insécurité autant du point de vue des achats en ligne que des achats en magasin. »

« On peut poser l’hypothèse qu’il y a une baisse des achats en ligne au mois d’octobre, alors qu’on s’attendait que les proportions, de la même manière que l’année dernière, commencent à augmenter en préparation des achats pour les Fêtes. Mais j’attendrais d’avoir les résultats du mois de novembre pour l’affirmer de façon plus ferme. Comme il s’agit d’un [seul] mois, on pourrait voir qu’il y a une crise et un ralentissement, s’il y a une augmentation en novembre et décembre [cette baisse] serait seulement conjoncturelle », ajoute-t-elle.

Stabilité des types d’achats

Interrogée à propos de la proportion des achats réalisés au Québec et au Canada par les Québécois, Mme Kooli indique que la question permettant d’effectuer une telle mesure sera posée pour l’indice du mois de novembre, alors que la question posée en octobre avait trait aux types de produits et services qui avaient été achetés en ligne.

À ce sujet, l’ordre des types d’achats en ligne des consommateurs québécois est le même qu’en octobre 2007. Les vêtements, bijoux et accessoires récoltent encore le premier rang (17,7 %), suivi des livres, revues et journaux (13,7 %), des arrangements de voyage (11,2 %) et des billets de spectacle (10,4 %). Toutefois, les proportions d’achats attribuées à ces catégories sont plus élevées que douze mois plus tôt.

Attendre la tendance

Alain Bidjerano, directeur stratégique à l’agence internet VDL2, estime également qu’il est trop tôt pour parler d’effets d’une crise économique sur le commerce en ligne. En doutant que les consommateurs et le Québec soient déjà en crise, le spécialiste déclare que le commerce en ligne, dans une telle situation serait le dernier endroit à être touché.

« Les gens, particulièrement en situation de crise, font moins d’achats impulsifs et ont tendance à réfléchir et chercher des aubaines, ce pour quoi Internet est bien fait : soit magasiner et comparer les prix. Si on compare un produit sur Internet sur deux ou trois sites, il y a de bonnes chances qu’on l’achète aussi sur Internet. »

M. Bidjerano souligne également que les ventes sur Internet, dans l’ensemble, ont progressé de façon importante au cours des derniers mois. À titre d’exemple, il compare les achats en ligne du troisième trimestre de 2007, qui ont totalisé 715 millions $, avec celles du troisième trimestre de 2008, qui ont totalisé 938 millions $.

« Il y a une baisse des achats de 40 % en octobre en rapport au mois de septembre, mais il est trop tôt pour dire que c’est [à cause de] la crise ou d’autres choses. Il y aurait une baisse de la progression du commerce électronique avant qu’il ne baisse en terme absolu des ventes du commerce électronique. Lorsque nous aurons des données d’octobre, novembre et décembre, nous aurons alors une meilleure image [de la situation]. »

Par ailleurs, M. Bidjerano estime qu’il sera intéressant d’analyser les données des ventes globales du commerce de détail pour le quatrième trimestre de 2008, ainsi que la proportion des ventes en ligne pour cette période.

Jean-François Ferland
Jean-François Ferland
Jean-François Ferland a occupé les fonctions de journaliste, d'adjoint au rédacteur en chef et de rédacteur en chef au magazine Direction informatique.

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