C’est la compagnie qui fournit…

En cette ère d’impartition, de transfert extraterritorial, de sous-traitance et de contrats renouvelables, certaines organisations prennent le chemin inverse et ne lésinent pas à déployer une pléiade de services pour leurs employé(e)s.

Aux États-Unis, une importante entreprise spécialisée en développement de logiciels d’affaires (SAS Institute, pour ne pas la nommer) offre à sa main-d’oeuvre, composée de quelques milliers de personnes, un large éventail de services gratuits ou à faible coût qui sont grandement appréciés. Sur le campus de l’organisation, on retrouve une garderie, un centre médical, un centre sportif, un coiffeur, un couturier et même un nettoyeur de véhicules. Les retraités de l’entreprise ont accès aux services médicaux, alors que les employés actifs bénéficient de programmes pour aider à payer les frais de scolarité de leurs enfants ainsi que d’un fonds de pension. Ajoutez à cela beaucoup d’activités sociales, et les personnes constatent l’ampleur de l’offre de l’employeur ne peuvent qu’écarquiller les yeux d’étonnement… On est loin des tables de billard et autres machines à expresso de la belle époque de la bulle techno.

Pourtant, tous y trouvent leur compte. Les employés ont facilement accès à des services de la vie quotidienne et en sont bien contents, alors que l’entreprise y gagne en productivité, en réduction de l’absentéisme ainsi qu’en réduction des frais reliés aux programmes d’assurance. Un employé heureux est un employé qui est productif, comme dit l’adage.

Cette approche rappelle un peu celle des « villes de compagnie », un concept bien connu au Québec où au début du siècle des entreprises fondaient carrément une ville à proximité des ressources naturelles et établissaient tous les services essentiels à la vie en société : école, église, magasin général et même des maisons vendues aux employés qui payaient l’hypothèque non pas à la banque mais au comptable de l’usine.

L’entreprise qui offre de multiples services à ses employés est très rigoureuse lors de l’embauche, et une fois que les employés sont sélectionnés, il en résulte souvent un faible taux de roulement de la main-d’oeuvre. L’accès à un grand nombre de services et d’activités renforce également l’esprit communautaire et donne l’impression que le travail avec les collègues se fait comme la vie au sein d’une grande famille.

Certes, il en coûte beaucoup pour offrir ces services, et le nombre d’employés qui font partie de l’organisation justifie l’ampleur de l’offre. Par contre, plusieurs grandes organisations offrent peu ou pas de services à leurs employés, et vont même jusqu’à privilégier le recours à des ressources temporaires dans plusieurs départements. Il en résulte alors un manque d’esprit de famille qui se traduit par une carence en communication interpersonnelle et une atmosphère de travail anémique qui ont un impact direct sur la productivité. Pourtant, un investissement dans quelques services pourraient changer la donne et avoir des impacts positifs sur le travail quotidien des ressources humaines.

Heureusement, des PME tentent d’innover et d’offrir aux employés, dans la mesure de leurs moyens, des services dont les dépenses associées seront en bout de ligne compensées par une atmosphère plus joviale et par une meilleure efficacité dans la réalisation des tâches. Mais malheureusement, bien des grandes organisations mettent la hache dans ces services lorsqu’il faut libérer des sommes dans le budget, en se disant qu’il s’agit d’éléments non essentiels au fonctionnement de l’organisation. Les conséquences qui en découlent, lorsqu’elles surviennent tôt ou tard, sont souvent désagréables et difficiles à contrecarrer. La vie n’est pas seulement une question d’argent, et l’argent, à lui seul, ne fait pas le bonheur…

Et vous, qu’offrez-vous à vos employés?

Jean-François Ferland
Jean-François Ferland
Jean-François Ferland a occupé les fonctions de journaliste, d'adjoint au rédacteur en chef et de rédacteur en chef au magazine Direction informatique.

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