Cartes bancaires : Démantèlement d’un réseau international de fraudeurs à Montréal

Des corps policiers ont démantelé un important réseau de fraude par carte bancaire qui opérait à partir de la métropole québécoise. À l’aide d’un stratagème inusité, environ 100 millions de dollars auraient été subtilisés auprès de nombreux consommateurs.

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) et la Sûreté du Québec (SQ), avec le soutien de corps policiers municipaux, ont réalisé des perquisitions à Montréal et émis des mandats d’arrestation envers 61 suspects qui sont localisés dans la ville et ses environs, ainsi qu’à Toronto, en Ontario. Une quarantaine de ces suspects auraient été arrêtés.

La GRC estime que les fraudeurs auraient obtenu des gains pouvant atteindre 100 millions de dollars par le biais du clonage de cartes bancaires.

Le réseau de fraudeurs démantelé était composé de groupes criminels dont les membres seraient issus des communautés sri-lankaise et libanaise. Selon la GRC, le réseau opérait au Canada, mais aussi dans plusieurs pays, dont l’Angleterre, l’Australie, la Malaisie, la Nouvelle-Zélande et la Tunisie.

Il s’agirait du plus important démantèlement de réseau de fraudeurs du genre au Québec, autant en raison des sommes obtenues, du nombre de suspects impliqués et des organisations de fraudeurs.

L’opération policière, dont le nom de code était « Chapitre » est le résultat d’une enquête qui était réalisée depuis 2008 par des agents de la GRC et de la SQ au sein de l’Équipe intégrée de lutte contre la contrefaçon (EILC), dont font partie également le Service de police de Montréal et l’Association des banquiers canadiens.

Fraudes simultanées

La première portion du stratagème du réseau de fraudeurs était classique :

– les fraudeurs volaient un terminal de point de vente qui sert au paiement de transactions par carte bancaire dans un commerce (par exemple un dépanneur, un restaurant ou une station-service) à la fin des heures d’ouverture, de connivence avec un employé;
– les fraudeurs modifiaient le terminal afin qu’il puisse capter les données contenues sur les cartes bancaires des consommateurs;
– le terminal était remis en place dans le commerce dès son ouverture ;
– lorsqu’un client effectuait une transaction, son numéro d’identification personnel (NIP) et l’identité de son institution financière qui avait émis la carte bancaire étaient stockés dans la puce qui avait été ajoutée au terminal;
– à l’aide d’un ordinateur portatif et d’une liaison sans fil de type Bluetooth, les fraudeurs recueillaient les données contenues dans la puce;
– les fraudeurs fabriquaient de fausses cartes bancaires et y écrivaient le NIP ainsi qu’un code formé de lettres qui identifiait l’institution financière qui avait émis la carte bancaire.

Or la suite du stratagème des fraudeurs est inusitée :

– les fausses cartes étaient placées dans les boîtiers en métal qui étaient fermés à l’aide d’un cadenas;
– les boîtiers étaient confiés à des complices qui devaient utiliser la carte;
– à une heure précise, chaque complice recevait par téléphone mobile un message qui contenait le code du cadenas, ouvrait le boîtier et utilisait la fausse carte dans un guichet automatique de l’institution financière qui avait émis la carte clonée;
– l’utilisation des cartes clonées était réalisée à l’intérieur d’un laps de temps par plusieurs fraudeurs, afin de berner les systèmes de sécurité des institutions bancaires.

Selon un porte-parole des autorités policières impliquées dans l’opération de démantèlement du réseau de fraudeurs, un tel stratagème d’utilisation en simultanée de cartes bancaires clonées avait lieu de deux à trois fois par jour, chaque jour.

Les personnes qui seront arrêtées dans le cadre de l’opération policière feront l’objet de 368 accusations, notamment de vol d’identité, mais aussi de gangstérisme, pour une première fois au Québec.

Saisies

La GRC précise que l’opération visant le démantèlement du réseau de fraudeurs avait été précédée d’une série de perquisitions qui avaient eu lieu le 17 novembre 2010.

Une quantité considérable de matériel a été saisie durant l’enquête, dont plus de 12 000 fausses cartes bancaires, environ 200 terminaux de point de vente, quelque 1  000 pièces servant à la contrefaçon des appareils et des composantes comme de fausses devantures de guichet et des encodeuses.

Également, 120 000 dollars en argent canadien et américain, 235 téléphones mobiles, 90 ordinateurs, 13 véhicules et 9 armes ont été saisis en cours d’enquête.

Pour consulter l’édition numérique du magazine d’avril 2012 de Direction informatique, cliquez ici

Jean-François Ferland est rédacteur en chef adjoint au magazine Direction informatique.

Jean-François Ferland
Jean-François Ferland
Jean-François Ferland a occupé les fonctions de journaliste, d'adjoint au rédacteur en chef et de rédacteur en chef au magazine Direction informatique.

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