Les départements d’informatique sont comme les beaux-frères; pas nécessairement les plus efficaces pour réaliser les choses, mais ils sont toujours là pour nous sortir du trouble le samedi matin à 8h00. – Auteur inconnu.Illustration générique du concept de gestion

Cette prémisse donne le ton à ce deuxième billet portant sur ces budgets et ces pouvoirs que les CIO et autres gestionnaires TI voient passer de l’informatique vers les unités d’affaires. Nous parlerons aujourd’hui du déplacement des infrastructures technologiques.

L’impartition – ou si vous préférez, l’externalisation des services informatiques – n’est pas du tout une nouveauté. Je suis désolé de déconnecter votre HAL 9000 dans ce préambule, mais je devais le faire. En fait, peu après l’époque où l’écran d’ordinateur était une imprimante et le clavier une pile de cartons trouées, nous avons vu émerger une technologie visant à supporter les organisations ayant besoin de traiter de très grandes bases de données devant servir des dizaines, voire des centaines de milliers d’utilisateurs. Les banques, les sociétés d’assurances et les administrations publiques, pour ne nommer que celles-là, devinrent dans les années 60 les premiers utilisateurs de ces nouvelles machines créés par « IBM et les sept nains* » : Les ordinateurs centraux ou mainframes.

Trop gros et trop cher, mais surtout trop efficaces et trop nécessaires, plusieurs organisations y louaient du temps de calcul afin de faciliter leurs affaires car elles n’avaient pas les moyens de les acquérir eux-mêmes et n’en n’avaient pas besoin en permanence. Ce fut alors la naissance de l’impartition et des entreprises à trois lettres. N’en déplaise à Pierre Lapointe et Will Butler, force est de constater que malgré la disparition des sept nains dans la « forêt des mal-aimés », Big Blue avait vu juste avec cette technologie encore bien présente 50 ans plus tard.

L’impartition des infrastructures a connu une progression plutôt pépère durant une quarantaine d’années; le concept d’Infrastructure As A Service (IAAS) [infrastructure service] n’a mérité son propre acronyme qu’au cours des années 2000 avec l’émergence de son cousin le Software As A Service (SAAS) [logiciel service]. Les fournisseurs de services TI établirent alors une offre qui capitalisait désormais sur des infrastructures réseaux plus solides, plus étendues et qui offraient davantage de bande passante à des coûts beaucoup plus abordables. À titre d’exemple, au Québec on vu iWeb partir à la vitesse « grand V » avec son offre en hébergement. Sa ferme compte désormais plus de 35 000 serveurs. On parle ici d’un seul fournisseur – imaginez l’ampleur au niveau mondial. Il y a de quoi en perdre son calcul binaire.

Comme un forgeron refusant de perdre sa belle, le dirigeant du département d’informatique n’était pas toujours très favorable à cette nouvelle offre de services. On pouvait le comprendre, car une fois l’infrastructure partie et sa gestion déléguée, ce dirigeant devenait davantage un gestionnaire de contrats qui surveillait le respect des niveaux de services plutôt qu’un agent spécial traquant les pirates. Les finances ont eu le dessus sur l’informatique – HEC l’emportait sur Polytechnique dans cette première bataille des drapeaux.

Toutefois, comme toute bonne histoire, cela se termine bien car le gestionnaire 2.0 a redéfini son rôle qui est maintenant davantage orienté vers l’architecture d’affaire. Il est désormais le Kent Nagano de l’orchestration stratégique de cette symphonie technologique sous-jacente aux mouvements de la vision de l’entreprise. Le gestionnaire est là désormais pour traduire le plan stratégique de l’entreprise en solutions technologiques. Cela est vrai pour tout ce qui touche l’infrastructure, mais aussi pour d’autres couches comme le logiciel service auquel j’ai fait référence un peu plus tôt. Mais cet aspect, je l’aborderai en détail et surtout tout en nuances lors de mon prochain billet la semaine prochaine.

 *[NDLR] Dans les années 1960, huit fabricants majeurs commercialisaient des ordinateurs centraux. Alors qu’IBM occupait une position dominante dans le marché, les sept autres fournisseurs – Burroughs, Control Data Corporation, General Electric, Honeywell, NCR, RCA et UNIVAC – ont été surnommés « les sept nains », en référence au conte des frères Grimm et au film de Walt Disney.