Bilan 2008 pour les médias numériques interactifs au Canada

Les entreprises du Québec se situent dans le peloton de tête ou en haut de la moyenne, en comparaison avec les autres régions. Toutefois, la réalisation de projets pour Internet et la quantité de projets réalisés par année seraient sous la moyenne canadienne. [Mise à jour]

L’Alliance interactive canadienne, un regroupement de sept associations canadiennes qui sont spécialisées en médias numériques, dont l’Alliance numérique du Québec, a publié la deuxième édition du Profil de l’industrie interactive canadienne . Le document, qui porte sur l’année 2008 a été produit au terme d’un sondage réalisé auprès d’entreprises de l’industrie.

On y rapporte que 2 960 entreprises ont oeuvré dans l’industrie des médias numériques interactifs au Canada. De ces entreprises, dont la moyenne d’existence est de neuf ans (soit depuis le plein coeur de l’éclatement de la bulle techno), 15 % auraient été fondées depuis 2006.

Les entreprises du secteur étudié ont produit 3,8 G$ en revenus émanant des activités liées précisément à leur spécialité numérique en 2008. Les revenus bruts atteignent 4,7 G$, par l’inclusion des activités liées aux médias traditionnels. Entre 51 000 et 52 000 employés à temps plein, à temps partiel et sous-traitants ont travaillé au sein de l’industrie l’an dernier. En moyenne, une entreprise a généré 893 366 $ en revenus liés à l’interaction numérique et 1,1 M$ en revenus bruts par année. Les salaires seraient dans la moyenne de ceux des travailleurs des industries de l’information et de la culture, tandis que 85 % des entreprises seraient de propriété canadienne.

Organisations multidisciplinaires

L’étude précise que les entreprises qui oeuvrent dans les médias numériques interactifs misent sur la diversité des activités commerciales. 74 % des organisations travailleraient dans trois à cinq catégories d’activités, tandis que 12 % miseraient sur une spécialité unique.

Alors que les catégories de tâche se répartissent dans deux créneaux principaux, soit les créateurs (qui font un produit final) et les facilitateurs (qui développent des outils et environnements de création ou de diffusion), dans les deux cas plus de 80 % des organisations sondées ont dit faire partie d’au moins une sous-catégorie de ces créneaux.

D’autre part, 52 % des revenus totaux de l’industrie émanent des activités de facilitateurs et 48 % de celles de créateurs. 46 % des revenus de l’industrie proviennent du design et développement pour le Web et pour les jeux, tandis que 72 % des revenus de l’industrie sont liés à des activités destinées à la plate-forme Internet.

Plus de 60 % d’employés des organisations réalisent des activités de création et de recherche. Aussi, de 23 à 31 projets ont été réalisés en moyenne en 2008, selon la taille de l’organisation, alors qu’entre 60 % et 70 % des projets impliquaient une propriété intellectuelle développée par les entreprises mêmes.

Données régionales

On estime que le Québec a l’industrie des médias numériques interactifs la plus vénérable au Canada. À l’aide d’un échantillon de 290 répondants, la moyenne d’âge des entreprises du Québec est évaluée à 9,8 années, contre 8,4 années pour celles de l’Ontario et de la Colombie-Britannique, 8,2 années pour celles des Prairies et 6,7 années pour celles des provinces de l’Atlantique.

Pour les petites entreprises (97 répondants), ce sont les provinces de l’Atlantique qui auraient la moyenne de revenus la plus élevée au Canada, soit au-dessus de 100 000 $. Le Québec, au deuxième rang, serait tout juste sous la barre des 100 000 $. Les entreprises des provinces des Prairies, au dernier rang, auraient des revenus moyens de 60 000 $. Pour les moyennes entreprises (68 répondants), les provinces de l’Atlantique et le Québec occuperaient les mêmes rangs, sous la barre des 500 000 $, alors que le dernier rang serait détenu par les entreprises de l’Ontario.

Toutefois, chez les grandes entreprises (72 répondants), celles du Canada atlantique devanceraient nettement les autres régions avec une moyenne de revenus de plus de 4 M$. La Colombie-Britannique, au deuxième rang, rapporte une moyenne de 2,7 M$, alors que le Québec devance à peine l’Ontario au troisième rang, avec une moyenne d’un peu plus de 2,2 M$.

En Ontario, au Québec et au Canada Atlantique, les revenus proviennent surtout de tâches associées aux divertissements et aux arts, alors que les revenus en Colombie-Britannique et dans les Prairies émanent de tâches liées à la fourniture de services. Dans les sous-catégories dominantes, le design et développement de jeux arrive au premier rang de l’Ontario à la Nouvelle-Écosse, alors que le design et développement Web est bon premier du Manitoba à la Colombie-Britannique.

En matière de propriété intellectuelle, la Colombie-Britannique est l’endroit où les projets ont surtout trait à des propriétés en interne. La région des Prairies est celle où les propriétés sont surtout acquises ou exploitées en licence et la région du Canada Atlantique où les propriétés intellectuelles appartiennent à une autre entreprise.

La situation au Québec

Pour le Québec, où 66 entreprises ont participé au sondage, on estime qu’entre 450 et 550 organisations oeuvreraient dans l’industrie des médias numériques interactifs. 40 % des entreprises auraient été fondées il y a plus de 10 ans et 17 % voilà plus de 15 ans.

Les revenus bruts totaux annuels du secteur québécois varieraient entre 1 G$ et 1,2 G$, alors que les revenus liés aux médias numériques interactifs totaux se situeraient entre 900 M$ et 1 G$. Selon des estimations, environ 12 000 personnes oeuvreraient pour ces entreprises, soit de 800 à 900 personnes dans 205 petites entreprises, 2000 personnes dans 155 entreprises de moyenne envergure, 6 000 personnes dans les grandes entreprises et 3 500 dans une vingtaine de très grandes entreprises.

80 % des organisations québécoises effectueraient du travail de création, alors qu’un peu plus de 70 % oeuvreraient à faciliter la vie d’autres créateurs. Au niveau des plates-formes, environ 58 % des organisations travailleraient à l’intention d’Internet. Le jeu sur ordinateur arriverait loin derrière avec un taux de 7 %, suivi par les consoles de jeu (5 %) et les appareils mobiles. 21 % des organisations n’auraient pas de plate-forme précise.

D’ailleurs, le sondage laisse présager que la proportion des entreprises québécoises qui destineraient leurs travaux vers Internet serait de 12 % à 20 % moins élevée que la moyenne canadienne, selon les catégories de tâche.

D’autre part, les moyennes des revenus des entreprises québécoises seraient plus élevées que les moyennes nationales. Les activités réalisées seraient davantage liées à la création qu’à la facilitation (1 M$ contre 730 833 $), mais les revenus des petites entreprises en création seraient moins élevés que ceux des petites organisations facilitantes. Le sondage fournit aussi des données détaillées à propos des moyennes de revenus par catégorie et sous-catégorie de tâche.

L’étude révèle que les entreprises québécoises, avec une moyenne de 21,5 projets par année, serait sous la moyenne nationale qui serait établie à 24,7 %. Par contre, 72 % de ces projets impliqueraient une propriété intellectuelle développée en interne.

De plus, 61,1 % des revenus des entreprises québécoises proviendraient des ventes directes, 15,4 % proviendraient d’éditeurs et 6,8 % de distributeurs. Le marché principal se situerait au niveau des entreprises pour 44,9 % des organisations, contre 38,7 % pour le marché du grand public et 6,1 % pour les établissements scolaires.

53 % des entreprises du Québec auraient réalisé des exportations en 2008 et plus de 40 % des revenus de ces entreprises proviendraient des exportations, avec les marchés de l’Europe et des États-Unis comme principales cibles.

Enfin, environ 60 % des entreprises québécoises auraient estimé que leur performance avait été meilleure ou bien meilleure en 2008 qu’en 2007. Par opposition, 6 % des entreprises du Québec auraient évalué que leur situation l’année dernière avait été moins bonne ou bien moins bonne.

Rappelons que ces données ont été formulées à partir des réponses fournies par des entreprises qui ont complété un sondage en ligne entre le 18 décembre 2008 et le 2 février 2009. Ceux qui ont réalisé l’étude précisent que certains participants ont fourni des réponses incomplètes.

L’étude a été réalisée en collaboration avec le fournisseur de services-conseils Nordicity Group, http://www.nordicity.com/ , avec le soutien de Téléfilm Canada, du Fonds de la radiodiffusion et des nouveaux médias de Bell et d’agences du Nouveau-Brunswick, de l’Ontario et du gouvernement du Canada pour les provinces atlantiques.

[Mise à jour] Au moment de mettre en ligne, l’Alliance numérique, l’organisme qui représente l’industrie numérique interactive au Québec, a manifesté qu’elle était en désaccord envers l’interprétation de certaines conclusions de l’étude pancanadienne.

Le directeur général de l’association industrielle, Pierre Proulx, a indiqué qu’un porte-parole allait formuler sous peu des précisions à cet effet.

Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.

Jean-François Ferland
Jean-François Ferland
Jean-François Ferland a occupé les fonctions de journaliste, d'adjoint au rédacteur en chef et de rédacteur en chef au magazine Direction informatique.

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