Alors que la date limite pour la fusion Rogers-Shaw approche, les critiques se déchaînent

La date limite pour réaliser la fusion la plus importante et la plus controversée de l’histoire des télécommunications canadiennes approche et les critiques poursuivent leur croisade contre l’accord. 

Le ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne, n’a pas encore donné son approbation finale pour que l’accord de fusion de 26 milliards de dollars canadiens se concrétise, mais il a déclaré lundi lors d’une réunion du comité de l’industrie et de la technologie qu’il n’avait « pas encore pris de décision », ajoutant qu’il n’était pas sur le point de finaliser quoi que ce soit et « qu’il y aura une décision en temps voulu ».

La décision finale sur la fusion devait être rendue le 31 janvier, mais lorsqu’elle ne s’est pas concrétisée, Rogers et Shaw ont prolongé la date limite de la vente au 17 février. Si aucune décision n’est prise avant cette date limite, Rogers dit qu’elle risque de lourdes pertes financières et des poursuites judiciaires de la part des investisseurs et de Shaw.

Le géant des télécommunications a néanmoins fait état d’une augmentation considérable de 25 % de ses bénéfices lors de sa dernière annonce de résultats et a prévu une plus grande croissance des revenus, notant que ses prévisions seront réévaluées une fois la transaction avec Shaw conclue.

Si l’accord est autorisé, Rogers acquerra Shaw et la filiale Vidéotron de Québecor acquerra les activités sans fil de Freedom Mobile, une filiale de Shaw, ce qui, selon les critiques, réduirait le nombre de concurrents dans l’industrie des télécommunications de quatre à trois et augmenterait les prix pour les consommateurs. 

Le fournisseur d’accès Internet indépendant TekSavvy et l’opérateur de télécommunications Globalive ont été les plus virulents dans la négociation de l’accord, arguant principalement que la vente pré conditionnelle de Freedom à Vidéotron est basée sur des accords de vente en gros illégaux.

Dans une déclaration à la CBC, le vice-président des affaires réglementaires et des transporteurs de TekSavvy, Andy Kaplan-Myrth, a déclaré que la fusion permettrait à Québecor de fournir des services Internet partout au Canada via le réseau existant de Freedom Mobile, créant des difficultés majeures pour des entreprises telles que TekSavvy. 

Globalive a également déclaré récemment que l’entente conclue entre Rogers et Vidéotron aura un effet négatif sur son retour sur le marché du sans fil.

« Dans leur empressement de contourner la Loi sur la concurrence, il semble que Rogers ait violé la Loi sur les télécommunications. Nous cherchons à ce que les “tarifs très avantageux” que Rogers a offerts à Vidéotron soient mis à la disposition de tous les concurrents », a déclaré le fondateur de Globalive, Anthony Lacavera, dans un article sur LinkedIn.

Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, a également exhorté Champagne à rejeter la fusion, affirmant que l’accord  « devrait rendre nos factures de téléphonie mobile et Internet plus chères ».

Pendant ce temps, Rogers et Québecor discuteraient d’options pour réduire les frais facturés aux clients de Freedom Mobile lorsqu’ils sont en itinérance sur le réseau de Rogers.

Les parties à la fusion espèrent obtenir l’approbation de Champagne avec cette décision, qui est intervenue juste au moment où Innovation, Sciences et Développement économique Canada (ISDE) a finalisé son orientation politique au CRTC, accordant de l’importance à la concurrence, à l’abordabilité, aux droits des consommateurs et à l’innovation.

L’article original (en anglais) est disponible sur IT World Canada, une publication sœur de Direction informatique.

Adaptation et traduction anglaise par Renaud Larue-Langlois.

Ashee Pamma
Ashee Pamma
Ashee est rédactrice pour IT World Canada. Elle a obtenu son diplôme en communication et études médiatiques à l'Université Carleton à Ottawa. Elle espère devenir chroniqueuse après d'autres études en journalisme. Vous pouvez lui envoyer un courriel à [email protected]

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