Windows 8 sur rails pour un lancement en juin 2012

Plus on approche de 2012, plus la presse spécialisée commence à reprendre (et muscler) les rumeurs entourant Windows 8, le système d’exploitation que Microsoft pourrait lancer dans une douzaine de mois d’ici. Si cela s’avère fondé, est-ce que la géante arrivera à satisfaire aux attentes et, si oui, réussira-t-elle à imposer son nouveau bébé ? Or, rien n’est moins certain !

Dans l’industrie informatique, les « certitudes » d’événements à venir s’établissent, en temps normal, c’est-à-dire s’il n’y a pas de fuite, en se livrant à de sérieux exercices de déduction. Il faut analyser les rumeurs, extrapoler à partir du modus operandi de chaque fabricant impliqué, interpréter des mémos internes, donner un sens stratégique à des propos de dignitaires apparemment anodins et camper le tout dans un blogue en pratiquant les félicités de la pensée positive.

Or, si on applique cette recette à Windows 8, pour nommer ainsi le système d’exploitation (SE) qui remplacera Win 7 dans une douzaine de mois, on aboutit à un scénario possiblement décevant.  Pour comprendre ce danger, il faut d’abord survoler toutes les « certitudes ».

Ainsi, on présume que le prochain SE s’appellera Win 8 puisque, notamment, le P.D.G. de Microsoft, Steve Ballmer y a référé en ces termes; lisez le septième avant dernier paragraphe de  cette allocution récente. Reste qu’il faut être prudent ; Microsoft vient tout juste de nuancer ces propos. Il se peut que Win 8 ne soit qu’une simple désignation temporaire, qu’un éphémère nom de code, un peu comme Chicago, Whistler ou Longhorn que Bill Gates a utilisés quasiment jusqu’à la dernière minute pour parler de Windows 95, Windows XP ou Windows Vista. On verra bien assez tôt.

Car le cirque que Steven Sinofsky, le grand patron du développement de Windows, nous a fait vivre avec Win 7 vient de recommencer.  Il semble en effet que l’on puisse déjà se télécharger des « builds » d’essai de Win 8, des fuites que l’on dirait contrôlées comme en fait foi le site « Codename Windows » . Hum !

En se basant sur l’histoire du développement de Win 7, on peut dire que le fait de voir surgir des « builds » ici et là sur la Toile indique que le produit final est sur rails et que dans environ un an, il pourra être prêt pour un lancement. D’ailleurs, ledit Sinofsky est sensé, spécule-t-on, présenter une démo de Win 8 au prochain congrès All Things Digital, le D9, qui aura lieu la semaine prochaine.

C’est un peu cela qui est confirmé dans une analyse de la microsoftophile Mary Jo Foley où on apprend, finalement, que Win 8 pourrait être lancé en juin 2012. Ce faisant, l’aile précoce du gotha Windows pourra le mettre à l’essai, en dire des choses, en propulser le nom et, ainsi, contribuer à préparer le marché de la rentrée automnale et, surtout, celui des fêtes 2012.

Autrement dit, les premières betas du prochain SE de Microsoft pourraient être disponibles avant l’hiver. Mme Foley parle même d’une conférence de développeurs prévue pour la mi-septembre à Anaheim. Ce qui pourrait signifier la disponibilité d’une RC (release candidate – version finale prête au lancement) dans moins d’un an d’ici.

Et, pour raffiner la rumeur, on peut faire du pouce sur diverses affirmations, dont celle plus récente de Ballmer, à l’effet qu’il pourra y avoir plusieurs versions de Win 8 selon que l’ordinateur sera un PC, un PC tablette ou une ardoise (slate). Autrement dit, le produit s’adaptera à de nombreuses formes d’appareils, incluant de petits bidules peu onéreux avec processeurs ARM.

Scénario possiblement décevant ? Pour comprendre, il faut éplucher les statistiques. Par exemple, les plus récentes publiées par Netmarketshare établissent qu’en avril dernier, Windows XP détenait encore 53,18 % du marché (une perte de 9 points en un an), comparativement à 25,11 % pour Win 7 (un gain de 12 points en un an) et à 10,22 % pour Vista (une perte de 4 points en un an). Si cette tendance se maintient d’ici un an, on aura, à la veille du lancement de Win 8, quelque chose comme 42 % pour Win XP, 38 % pour Win 7 et 6 % pour Vista.

Oublions Vista qui, le pauvre, achève de mourir et attardons-nous aux deux autres SE. J’ai de la difficulté à croire que les nouveaux venus à Win 7, ceux qui y jetteront leur dévolu d’ici l’été 2012, embrasseront Win 8 dans ses premiers temps. Quant à ceux qui l’ont adopté dans la dernière année, je les imagine un peu réticents à troquer un produit qu’ils aiment (la qualité de Win 7 fait consensus) contre les promesses d’un remplaçant.

En ce qui concerne les millions d’utilisateurs qui seront encore avec Win XP dans un an, nombreux sont ceux qui, effectivement, passeront à Win 8. Mais il se pourrait qu’il y en ait encore plus qui optent pour Win 7. Ces gens sont souvent caractérisés par leur manque de précipitation en ce qui a trait à une tendance de marché. Pourquoi en effet remplacer un outil qui fait bien l’affaire ? Par contre, s’ils doivent se résigner à le remplacer, ils opteront pour une valeur sûre, pour un équivalent bien éprouvé. D’où l’intérêt envers Win 7.

Cela peut laisser croire que Win 7 mettra du temps avant de débarrasser le plancher. Possiblement, il faudra attendre l’arrivée de Win 9. Une telle perspective pourrait inciter à la commission d’un mauvais raccourci intellectuel vouant qu’en termes d’évolution sur le marché, Win 7 soit une sorte de Win XP et Win 8 une sorte de Win Vista.

Dire cela, c’est négliger un facteur important. Le marché des ordis de 2011 ou de 2012 est loin d’être celui de 2005, ce qui ne pourrait que favoriser Win 8 par rapport aux autres versions de Windows. Selon Steve Jobs, le P.D.G. d’Apple, on est passé à l’ère post-PC. Le marché de l’alternative est faste. Apple vend des iPad comme ce n’est pas possible et Android est devenu un SE universellement connu et apprécié.

Cela, Microsoft le sait. Jusqu’ici elle a raté le coche en ce giron fou fou fou. Sa plateforme mobile la fait cruellement souffrir et son obligatoire association avec Nokia l’embarrasse. Elle se doit de reprendre le dessus. Elle se doit d’offrir à l’écosystème Windows une façon Windows de tout faire selon les goûts du jour. Si Sinofsky y arrive avec Win 8 dans les délais serrés qu’il s’est imposés, avec le même brio qu’il l’a fait dans le cas de Win 7, l’Empire pourra triompher. Sinon, Win 8 passera rapidement à l’histoire comme ayant été un bon petit système de transition entre Win 7 et Win 9 que, malheureusement, pas grand-monde n’aura choisi d’utiliser. Dois-je rappeler que Win 9 est déjà en chantier et que dans deux ans d’ici, on commencera déjà à parler de la proximité d’une première version bêta ?

Moi qui a été pendant plus d’un an, un utilisateur satisfait de Win Vista 64 bits, je reconnais que le monde des SE peut-être bien cruel.

Nelson Dumais est journaliste indépendant, spécialisé en technologies de l’information depuis plus de 20 ans.

Articles connexes

Adoption du projet de loi no 38 sur la cybersécurité et la transformation numérique de l’administration publique

Le projet de loi no 38, connu sous le nom de Loi modifiant la Loi sur la gouvernance et la gestion des ressources informationnelles des organismes publics et des entreprises du gouvernement et d'autres dispositions législatives, a été adopté plus tôt cette semaine par l'Assemblée nationale.

Investissements majeurs de 500 M$US de Microsoft au Québec

Au cours des deux prochaines années, Microsoft investira 500 millions de dollars américains dans l'expansion de son infrastructure infonuagique et d'intelligence artificielle à grande échelle au Québec.

Balado Hashtag Tendances, 23 novembre 2023 — Crise chez OpenAI, des puces Microsoft et investissements majeurs au Québec pour Microsoft

Cette semaine : Grave crise à la tête d’OpenAI, Microsoft conçoit ses propres processeurs et investissements de 500 M$ de Microsoft au Québec.

Consultation publique sur la cybersécurité

Le ministère de la Cybersécurité et du Numérique lance cette semaine une consultation publique sur la cybersécurité. Celle-ci permettra au gouvernement du Québec de solliciter un grand nombre d'intervenants ainsi que la population générale sur les enjeux et les besoins en cybersécurité.

Plus de six PME québécoises sur dix touchées par la cybercriminalité au cours de la dernière année

Un nouveau sondage mené par KPMG au Canada le mois dernier révèle que plus de six PME sur dix au Québec ont été attaquées par des cybercriminels au cours de la dernière année, et près des trois quarts d'entre elles affirment que leurs anciens systèmes d'information et de technologie opérationnelle les rendent vulnérables aux attaques.

Emplois en vedette

Les offres d'emplois proviennent directement des employeurs actifs. Les détails de certaines offres peuvent être soit en français, en anglais ou bilinguqes.