Télécoms : évolution cognitive d’une chaire industrielle à l’ETS

Une chaire de recherche industrielle de l’École de technologie supérieure, financée par le CRSNG, sera dorénavant vouée aux communications sans fil d’urgence et tactique. On y appliquera des technologies cognitives à des systèmes de communications, afin qu’ils s’adaptent de façon autonome à leur environnement.

L’École de technologie supérieure de l’Université du Québec a procédé au dévoilement de la Chaire CRSNG-Ultra Électronique, en présence d’étudiants, de chercheurs et de représentants du gouvernement fédéral et du secteur privé. Cette chaire industrielle, qui sera dirigée par le professeur au Département de génie électrique François Gagnon, visera l’amélioration de la fiabilité des réseaux de communication sans fil qui sont utilisés à des fins tactiques dans des zones de conflit, ou à des fins d’urgence sur les lieux d’une catastrophe.

Les objectifs principaux de cette chaire seront l’amélioration des performances des communications mobiles et l’exploitation de la connaissance de l’environnement électromagnétique, le développement de composantes raccordables innovatrices – comme des amplificateurs et des filtres – et l’amélioration des méthodes d’utilisation du spectre électromagnétique par de nouvelles façons de traiter les signaux.

Première

Il s’agit de la première chaire industrielle dans l’institution d’enseignement qui obtient un soutien financier du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) Suzanne Fortier, la présidente du conseil, a dévoilé l’octroi d’une somme de 1,78 M$ pour les cinq prochaines années. Cette somme inclut 0,7 M$ pour la chaire même et 1,08 M$ à titre de subvention de recherche et développement coopératif. Cette dernière somme servira, entre autres, à garantir l’implication de deux professeurs dans les projets de la chaire, soit l’expert en radiofréquences Ammar Kouki et l’expert en microélectronique Claude Thibault.

La chaire fait également l’objet d’une association avec le fabricant d’équipement de communications tactiques Ultra Électronique SCT de Montréal, qui a longtemps été une division de Marconi Canada, l’une des pionnières de l’industrie québécoise des télécommunications. Le président de l’entreprise, Iwan Jemczyk, a annoncé qu’une contribution financière de 1,25 M$ en cinq ans sera destinée à la chaire et à la portion de recherche et développement coopératif.

Précisons qu’Ultra Électronique SCT, qui fabrique surtout de l’équipement et des relais radio à des fins militaires, soutenait depuis 2001 une chaire industrielle consacrée aux télécommunications sans fil, sous la responsabilité de M. Gagnon. En fait, la nouvelle chaire industrielle est une mutation de la chaire précédente.

Les autres bâilleurs de fonds de la chaire seront l’ETS, qui fournira 0,5  M$ en cinq ans, l’organisme Prompt qui est voué aux partenariats entre les universités et les entreprises, qui versera 0,4 M$ en deux ans, ainsi que la Fondation canadienne de l’innovation, le ministère du Développement économique de l’Innovation et de l’Exportation et le ministère de l’Éducation, des Loisirs et des Sports, qui contribueront au total 0,2 M$ en une année.

De 2009 à 2013, la chaire industrielle aura recours à l’ingéniosité de 3 étudiants au postdoctorat, 14 étudiants au doctorat, de 15 étudiants à la maîtrise, de 7 stagiaires de baccalauréat et de 4 professionnels de recherche. Ces personnes utiliseront de l’équipement, et du matériel, en plus de réaliser des tests sur le terrain, dont la valeur totalisera 0,45 M$.

Conscience environnementale

François Gagnon, le titulaire de la chaire, relate que la collaboration entre l’ETS et Ultra Électronique remonte à la fin des années 90, lorsqu’un vice-président de Marconi Canada, qui accompagnait ses enfants à une journée « portes ouvertes » à l’ETS, a vu des composantes qui pouvaient aider son employeur à produire une soumission pour un contrat.

De fil en aiguille, M. Gagnon a participé avec des employés de Marconi à la présentation d’un concept auprès de l’armée américaine, ce qui a mené à l’obtention d’un contrat de conception d’une nouvelle génération de radios militaires. Au sein de la première chaire industrielle, les deux parties ont établi des liens au niveau industriel, mais aussi en recherche et par la publication d’articles scientifiques. La première radio reconfigurable par logiciel qui a découlé de cette collaboration est devenue un succès commercial.

M. Gagnon explique que le concept qui sera développé par la nouvelle chaire est celui de la radio cognitive, soit une radio « hyperreprogrammable », qui sera consciente de son environnement.

« Nous essaierons de créer un système de communication qui va détecter la présence de brouilleurs intentionnels et hostiles, et qui va essayer d’estimer sa géolocalisation sans nécessairement recourir au GPS – le positionnement d’une seule radio permettra de déduire celui des autres radios », explique-t-il. “Aussi, à l’aide de politiques préalablement établies, on pourra définir quel type de radiofréquence peut être utilisée. [Le système] pourra reconnaître les “amis” et savoir dans quelle direction ils se trouvent pour échanger de l’information et faire de la reconnaissance coopérative… Il y a un ensemble de facteurs qui devront être pris en compte pour déterminer la conscience de l’environnement. »

M. Gagnon souligne que les produits qui découleront des travaux réalisés seront appropriés pour un contexte de déploiement rapide, par exemple lors d’une catastrophe.

« Ce qui nous motive est qu’en cas de catastrophe il faut établir plusieurs liens de communication qu’on ne peut configurer à l’avance. C’est très long à configurer parce que les systèmes ont été conçus pour une utilisation centralisée des fréquences. Par exemple, il faut un système cognitif qui permet de détecter la présence de bruit dans une bande de fréquence si on se trouve près d’une antenne de station de télévision, afin de sélectionner une autre bande. Nous voulons un système autonome qui pourra respecter des priorités ».

M. Gagnon ajoute que les systèmes de communication qui sont utilisés au quotidien pourraient bénéficier d’une telle forme d’autonomie lorsque la technologie développée aura été éprouvée sur le terrain.

L’agencement public-privé de cette chaire industrielle pourrait faire l’objet d’un renouvellement de cinq ans, si la première phase est concluante.

Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.

Jean-François Ferland
Jean-François Ferland
Jean-François Ferland a occupé les fonctions de journaliste, d'adjoint au rédacteur en chef et de rédacteur en chef au magazine Direction informatique.

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