Quand le succès passe par le brevet

Un brevet peut revêtir une importance considérable pour une entreprise. Catalyseur de l’innovation, il pourra même constituer le fondement d’une organisation naissante.

En encourageant les gens et les entreprises à produire de nouvelles idées, les brevets font entrer les innovations dans le domaine public et permettent à tous de les utiliser au terme de la période de protection octroyée&nbsp:– qui est de vingt ans au Canada et aux États-Unis.

Dans ce contexte, il devient primordial pour les dirigeants et les gestionnaires de connaître l’univers des brevets. «&nbsp:Déposer un brevet n’est pas suffisant, souligne Pierre Paul Samson, directeur de la technologie (CTO) chez Sourcevolution. Il faut aussi une stratégie. Qu’est-ce que j’ai l’intention de développer et qu’est-ce qui n’est pas déjà breveté? Quels pays sont visés, quelles sont les lois qui y sont décrétées et quelles sont celles qui sont appliquées?&nbsp:» D’après lui, il y a alors fusion entre R-D et obtention de brevets.

Source de richesse

Pour Mireille Jean, auteure de l’ouvrage , trop de mythes continuent à entourer les brevets. Selon elle, le brevet est un actif, au même titre qu’un édifice. À ce titre, il peut-être vendu ou faire l’objet de licences, comme si on le louait. «&nbsp:Lorsqu’une invention brevetée est contrefaite, il s’agit là d’une bonne nouvelle pour le détenteur du brevet&nbsp:», suggère-t-elle. Voilà qui déboulonne la croyance selon laquelle l’investissement dans un brevet devient vain aussitôt que l’invention est plagiée.

Selon Mme Jean, au contraire, la contrefaçon signifie non seulement que quelqu’un reconnaît la valeur de l’innovation, mais qu’il y a possibilité de négocier une entente avec le contrefacteur&nbsp:– avenue pouvant s’avérer rentable et qui est beaucoup plus simple qu’un fastidieux recours judiciaire.

Dirigeante de Trioniq, petite entreprise saguenéenne du domaine des télécommunications, Mireille Jean a tiré un intéressant profit des licences de ses brevets et de leur vente à la multinationale IBM. Ainsi les brevets ont-ils servi de bouée de sauvetage à l’organisation au début du siècle, dans la tourmente entourant le dégonflement de la bulle technologique. À ses yeux, l’expérience de Trioniq démontre qu’une PME détentrice de brevets peut parfaitement négocier d’égal à égal avec une grande entreprise, voire un géant de l’industrie tel IBM.

Facteur de succès

En cela, l’acheteur rejoint le vendeur; Bernard Meyerson, Fellow chez IBM et vice-président, Innovation de cette entreprise, estime que les brevets et la propriété intellectuelle constituent les ressources par excellence du 21e siècle. Il s’agit d’éléments «&nbsp:plus importants que le capital financier et les ressources naturelles quant au succès d’une organisation&nbsp:», croit-il.

Plus qu’une simple observation, cette théorie a valeur de stratégie chez IBM; pour la dix-neuvième année consécutive, l’entreprise s’est classée première en 2011 pour l’obtention de brevets aux États-Unis, grâce à une renversante récolte de 6 180 brevets, un nouveau record. Du reste, la liquidation récente des brevets de la mori­bonde Nortel, qui a rapporté 4,5 milliards de dollars américains, tend à donner raison à
M. Meyerson.

Pierre Paul Samson abonde dans le même sens; le brevet ne fait pas que protéger l’invention, mais donne une valeur commerciale au produit. «&nbsp:En démontrant à un investisseur que l’on a fait les recherches nécessaires et collaboré avec un cabinet réputé pour obtenir un brevet, notre produit revêt une plus grande valeur&nbsp:», croit-il.

«&nbsp:Le brevet ou, même, le brevet en instance confère du sérieux à la démarche d’une entreprise&nbsp:», renchérit Louis Allard, agent de brevets au sein du cabinet Borden Ladner Gervais.

Comme il s’agit d’un domaine complexe, une entreprise n’aura guère le choix de faire appel aux services d’un agent de brevets et d’un avocat. Globalement, l’obtention d’un brevet peut paraître exigeante en termes d’investissement. La règle d’or à cet égard consiste à évaluer les coûts en fonction de ce que peut rapporter l’innovation. Pour Mireille Jean, les plus aptes à faire cette évaluation sont les dirigeants, qui connaissent leur entreprise mieux que quiconque.

Au Canada, «&nbsp:on ne brevète pas beaucoup compte tenu de l’investissement réalisé dans la R-D&nbsp:», constate-t-elle. À ses yeux, il est important de favoriser la culture de la propriété intellectuelle et de l’innovation. Dans ce but, elle a mis sur pied un programme de formation offert aux quatre coins du Québec et estime que les gouvernements ont aussi un rôle à jouer en ce sens.

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