Portrait de l’industrie québécoise des systèmes embarqués

Selon une étude de l’Alliance CATA, l’industrie québécoise des systèmes embarqués formerait un écosystème dont les joueurs s’impartiraient des activités afin de bénéficier de savoir-faire et de qualité. Ces entreprises envisageraient une expansion géographique plutôt que la desserte de nouveaux secteurs.

L’Alliance canadienne des technologies avancées (CATA), un organisme de promotion de l’industrie des technologies de pointe, a dévoilé les résultats d’une première étude canadienne sur l’industrie des systèmes embarqués, soit des ordinateurs couplés à des logiciels qui sont autonomes et qui sont dédiés à l’exécution de fonctions précises dans des produits industriels et de consommation. Notamment, cette étude traite de l’état de ce secteur industriel au Québec.

Environ 19 000 personnes oeuvreraient dans le domaine des systèmes embarqués au Québec, dont 6 750 qui travailleraient dans des entreprises de conception et de développement. Dans ce secteur qui compterait plus de 310 entreprises, 30 % des joueurs seraient spécialisés dans ce domaine, alors que 70 % des entreprises effectueraient des activités dans plusieurs autres secteurs des TIC.

Le profil type d’une équipe de travail qui est dédiée aux systèmes embarqués est celui d’un groupe d’une trentaine employés qui oeuvrerait au sein d’une petite ou d’une moyenne entreprise qui aurait été fondée après 1980.

Écosystème de qualité

L’étude commandée par l’Alliance CATA souligne que les entreprises québécoises de l’industrie des systèmes embarqués forment un écosystème dont les activités locales seraient importantes. Ces entreprises procéderaient à l’impartition de certaines activités, comme la fabrication, l’assemblage ou le câblage, mais cette impartition aurait lieu surtout auprès d’autres entreprises québécoises.

Les raisons principales de cette impartition ne seraient pas liées aux coûts, mais plutôt à un désir de bénéficier du savoir-faire d’une autre entreprise, ou bien à l’absence en interne d’une machine qui permettrait de produire une composante nécessaire.

Jean-Guy Rens est le vice-président principal à l’Alliance CATA et un des associés principaux de la firme Scientech Communications, qui a réalisé l’étude. Il souligne que les systèmes embarqués doivent être exempts de bogues, et que la qualité constitue un élément fondamental de la production de tels systèmes.

« L’industrie de l’électronique a inventé le principe moderne de l’impartition parce que les compagnies de semiconducteurs ne pouvaient tout faire, et les systèmes embarqués n’y échappent pas. Or, il ne faut pas confondre l’impartition avec la délocalisation », déclare M. Rens.

« L’ancrage local de l’industrie québécoise des systèmes embarqués est fort parce que ces systèmes sont généralement des produits faits sur mesure et qu’il y a beaucoup d’interaction entre un client et un fournisseur de systèmes embarqués, mais aussi entre deux fournisseurs lorsque des activités sont imparties. Aussi, l’ajout de fonctions à des systèmes en cours de projet entraînerait des interactions plus difficiles si les impartiteurs étaient à Taiwan ou à Singapour », précise-t-il.

M. Rens indique que l’Asie est privilégiée surtout pour la production de systèmes embarqués en grand volume, mais il souligne que le marché québécois trouverait sa niche dans la production de systèmes en petite quantité et de systèmes très spécialisés.

L’étude de l’Alliance CATA révèle que les entreprises québécoises du secteur des systèmes embarqués, lors de la sélection d’un microprocesseur pour leurs projets, privilégieraient la performance plutôt que le coût ou la disponibilité des outils de développement.

M. Rens précise que cette performance a trait à la consommation d’énergie et à la résistance aux chocs et aux champs magnétiques, mais aussi à la capacité du microprocesseur à occuper un espace restreint.

Désir d’expansion géographique

L’étude de l’Alliance CATA indique que les acquéreurs des systèmes embarqués seraient généralement de moyennes et grandes organisations.

La moitié des entreprises du secteur des systèmes embarqués au Québec desserviraient un seul secteur, soit surtout celui de l’industrie. Les autres secteurs où l’acquisition de systèmes embarqués serait importante sont celui de l’énergie et des mines et celui du transport.

Par contre, une grande partie des entreprises du secteur québécois des systèmes embarqués n’aurait pas l’intention de diversifier ses activités vers d’autres secteurs.

M. Rens indique que cette tendance à la desserte d’un secteur unique découlerait de l’émergence originale des systèmes embarqués dans les secteurs verticaux de l’aéronautique et de la défense, et ensuite dans ceux de l’automobile et des télécommunications. Il ajoute que la production de systèmes polyvalents est apparue dans les années 2000.

Selon l’étude de l’Alliance CATA, plus de 50 % du volume des ventes des entreprises québécoises du secteur des systèmes embarqués serait destiné à des clients du Québec. Près de 25 % des entreprises du secteur des systèmes embarqués effectueraient la totalité de leurs ventes au Québec. Le tiers de la production québécoise en systèmes embarqués serait exporté hors du Canada, surtout aux États-Unis.

Toutefois, 50 % des entreprises envisageraient d’offrir leurs produits dans de nouveaux marchés géographiques, surtout dans le reste du Canada et aux États-Unis. Une petite portion des entreprises viserait le marché européen, et une portion encore plus petite le marché asiatique.

L’étude sur l’industrie des systèmes embarqués de l’Alliance CATA a été produite par la firme Sciencetech de Montréal au moyen d’un sondage auquel ont participé plus de 180 entreprises canadiennes – dont 103 entreprises du Québec – et au moyen de 18 entrevues auprès d’entreprises, d’organismes et d’universités. 312 entreprises québécoises et un total de 716 entreprises au Canada avaient été sollicitées pour participer à l’étude.

L’étude de l’Alliance CATA traite aussi des enjeux du secteur des systèmes embarqués et formule cinq recommandations afin de favoriser une croissance au cours des prochaines années. (Lire : Les enjeux du secteur québécois des systèmes embarqués)

À lire aussi : Réalisation d’une enquête canadienne sur les systèmes embarqués (Mai 2011)

Pour consulter l’édition numérique du magazine de novembre 2011 de Direction informatique, cliquez ici

Jean-François Ferland est rédacteur en chef adjoint au magazine Direction informatique.

Jean-François Ferland
Jean-François Ferland
Jean-François Ferland a occupé les fonctions de journaliste, d'adjoint au rédacteur en chef et de rédacteur en chef au magazine Direction informatique.

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