Parrainer la prochaine génération des entrepreneurs des TIC

Au cours des cinq prochaines années, le fonds d’investissement Réal (Real Ventures) aura pour mission d’investir 41,5 millions de dollars dans des sociétés en phase d’amorçage dans l’industrie des technologies de l’information et des communications (TIC) au Québec dans le but de faciliter leur développement.

« La levée de fonds n’est pas encore terminée et nous espérons nous rendre à 50 millions de dollars. Outre la première tranche de 41,5 millions de dollars, l’excédent nous permettra aussi d’investir à l’extérieur du Québec », explique Jean-Sébastien Cournoyer, associé chez Real Ventures, en entrevue.

Le fonds prévoit investir dans divers secteurs des TIC, incluant l’Internet, les logiciels, le mobile, les médias numériques, le jeu social et le jeu sérieux. M. Cournoyer reconnaît toutefois que les créneaux d’investissement sont parfois durs à définir: « La majorité des projets, de nos jours, ont une composante mobile. La majorité des gens dans l’industrie des TI ont un téléphone mobile ou un ordinateur portatif et sont habitués à travailler sur un appareil dont l’écran est plus petit que celui de leur ordinateur personnel », dit-il.

La plupart des services qui visent les consommateurs et même les entreprises doivent donc, à son avis, avoir une composante mobile dès le départ ou au plus tard quelques mois après leur sortie.

La proximité du capital n’est plus nécessaire

L’avantage pour les entrepreneurs qui désirent amasser des capitaux pour démarrer un projet en ce moment est que les besoins sont beaucoup moins élevés qu’il y a à peine trois ou quatre ans, grâce à l’évolution des technologies. Plus besoin d’être proche des fonds d’investissement de capital de risque de la Silicon Valley ou de la région de Boston pour aspirer à démarrer une entreprise dans l’industrie des TIC.

« Avec le mouvement Open Source qui a démarré au début des années 2000, certaines plateformes de développement sont disponibles et permettent aux entrepreneurs de ne pas avoir à réinventer la roue à chaque projet. Il y a trois ou quatre ans, il fallait une équipe de 6 à 8 personnes pendant un an pour démarrer un projet. Aujourd’hui, deux personnes dans un garage peuvent parvenir aux mêmes résultats en trois mois », affirme l’investisseur.

Au niveau des équipements, plus besoin d’investir massivement dans des serveurs, puisqu’il est possible de louer de la bande passante et de l’espace de stockage en fonction des besoins du moment grâce à l’informatique en nuage.

De plus, avec l’émergence des boutiques d’applications en ligne et des réseaux sociaux, certaines plateformes donnent un accès instantané à des dizaines, voire des centaines de millions de clients potentiels. « Avec Facebook, Twitter et les boutiques d’applications pour les produits Apple ou Android, il n’existe plus vraiment de barrière à la distribution en autant que l’application ou le logiciel développé soit conforme aux critères d’accès à ces plateformes », avance Jean-Sébastien Cournoyer.

Ce dernier croit que les projets où les cofondateurs peuvent vivre sans salaire pendant une période de trois à six mois tout en étant des gens techniques capables « d’écrire du code » et de développer des applications nécessiteront peu ou pas de capitaux au moment du démarrage. Un montant d’un maximum de quelques centaines de milliers de dollars peut être suffisant à son avis, alors qu’il y a quelques années à peine, il fallait amasser de trois à quatre millions de dollars pour pouvoir démarrer un projet.

Deux fonds aux missions différentes

Real Ventures a jusqu’à cinq ans pour investir la totalité de son budget. Il serait toutefois surprenant que les gestionnaires gardent des fonds aussi longtemps dans leurs coffres.

« Quand nous choisissons une entreprise, il y a bien sûr l’investissement initial, mais nous engageons également des capitaux additionnels qui peuvent être consacrés au projet. Nous voulons investir dans les entreprises entre leur création et l’étape clé de la validation de leur modèle d’affaires. Le pari que nous faisons, c’est qu’au moment de la validation du modèle d’affaires, d’autres investisseurs vont s’intéresser aux entreprises québécoises pour financer des rondes de série B qui oscillent habituellement entre deux et dix millions de dollars », dit M. Cournoyer.

Real Ventures se gardera aussi le droit de participer aux rondes de financement de série B. Au total, l’organisation s’attend à financer de 50 à 60 projets dans le fonds principal.

En parallèle, Real Ventures a mis en place le programme FounderFuel, qui prévoit le lancement de deux concours par année auprès d’entrepreneurs en herbe de l’industrie des TIC en provenance des quatre coins du globe. Ces derniers tenteront de décrocher une bourse de 25 000 dollars, en retour d’une participation de 10 % dans leur projet.

« Nous demandons au minimum des équipes de 2 personnes. Les instigateurs des projets qui auront été retenus viendront à Montréal pour une période de trois à quatre mois et un programme de mentorat sera mis à leur disposition », explique Jean-Sébastien Cournoyer.

À la fin de cette période, les entrepreneurs devront présenter leurs produits. Le programme vise à créer un engouement autour de l’industrie des TIC à Montréal et à attirer des gens de l’extérieur dans la métropole, comme des acquéreurs potentiels et des anges investisseurs.

Real Ventures prévoit investir dans environ 80 projets par le biais du programme FounderFuel, qui sera lancé l’été prochain.

Denis Lalonde
Denis Lalondehttp://www.directioninformatique.com
Denis Lalonde est rédacteur en chef chez Direction informatique, développant des contenus et services uniques pour les spécialistes des technologies de l’information en entreprise à travers la province de Québec, tant à l’imprimé que sur le Web. Il s’est joint à IT World Canada, l’éditeur de Direction informatique, après avoir travaillé plus de cinq ans chez Médias Transcontinental pour les publications LesAffaires.com et le Journal Les Affaires. Journaliste accompli à l’aise sur toutes les plateformes médiatiques, Denis a également travaillé au Journal de Montréal, au portail Internet Canoë et au Réseau de l’information (RDI). Twitter: DenisLalonde

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