Mobilité : les entreprises québécoises à la croisée des chemins

Ici comme ailleurs, les entreprises auront d’importantes décisions à prendre au cours des prochains mois et des prochaines années relativement à la mobilité. Elles devront mettre en place les mesures permettant de faire un usage optimal des technologies mobiles tout en limitant les coûts et en maximisant la sécurité. Dans cette optique, il faudra améliorer le taux de productivité des employés en leur donnant accès, lors de leurs déplacements, aux applications dont ils ont le plus besoin.

« Le courriel, les carnets d’adresses et les calendriers demeurent les plus utilisés dans le cadre de la mobilité », indique Norman Lo, vice-président de la Division Asie-Pacifique de Research in Motion. Cette année, par contre, les entreprises commenceront à ajouter à cette liste diverses applications de gestion – ventes, ressources organisationnelles, relations avec la clientèle, stocks, etc.

Toutes les entreprises cherchent à mettre davantage d’applications à la disposition des utilisateurs mobiles afin d’aller au-delà du courriel, confirme le chef du groupe-conseil Applications mobiles, Services d’affaires mondiaux chez IBM Canada, Alon Kronenberg. Il est nécessaire, pour ce faire, de cerner les besoins des utilisateurs. « Il ne s’agit pas simplement de prendre les applications d’un système et de les rendre disponibles, mais de comprendre ce dont un groupe particulier d’utilisateurs a besoin », explique-t-il. Selon lui, les organisations n’auront d’autres choix que d’optimiser des sous-ensembles de systèmes existants – ou des mixages – en fonction de la mobilité.

Au Québec

« L’écosystème des télécommunications devient de plus en plus mobile et permet à tout le monde d’y accéder à coût abordable », estime pour sa part Pierre Proulx, président d’Alliance numérique. D’après lui, les applications mobiles seront de plus en plus ciblées, en ce sens qu’elles correspondront de façon très précise aux besoins des utilisateurs.

« Nous avons au Québec de nombreux ingrédients permettant de réussir en cette matière. Beaucoup d’entreprises développent des applications. Il y a ici un grand potentiel et une force très marquée. Nous comptons des sociétés promues à un bel avenir », souligne-t-il. Selon lui, les atouts québécois sont la diversité de son écosystème, une main-d’œuvre compétente, une masse critique d’activités et un environnement fiscal favorable.

L’élément qui manque est la présence sur notre territoire d’un grand fabricant d’appareils mobiles. Bien sûr, le développement de la mobilité n’a pas atteint, au Canada, le niveau de certains pays comme la Corée du Sud. « Nous n’en sommes qu’au début », explique M. Proulx, alors que l’Asie a débuté il y a plusieurs années déjà. Les grandes sociétés de télécommunications canadiennes sont en train de prendre le virage.

Du reste, les chiffres tendent à indiquer un certain retard du Québec. Si 64 % de la population utilise un téléphone cellulaire, seulement 17 % des utilisateurs ont opté pour un modèle intelligent, contre 30 % dans le reste de l’Amérique du Nord, selon une étude d’Alliance numérique. Pour Dominic Gagnon, président de l’agence de marketing mobile Piranha, les coûts de télécommunications élevés constituent le principal frein à l’essor de la mobilité au pays.

Le président d’Alliance numérique tempère quelque peu ces inquiétudes : « Nous avons une petite population et un réseau très vaste, ce qui explique en partie les coûts de télécommunications élevés. Par contre, le territoire est couvert à 90 %, y compris au Québec. » Pour mettre en lumière la pertinence du modèle canadien, il évoque le système en vigueur en Inde, qui permet d’offrir des coûts plus abordables en raison de l’abondante population, mais où les utilisateurs sont inondés de publicités non sollicitées.

Mise en train requise

La relative lenteur des progrès des technologies mobiles au Québec s’explique aussi par la nécessaire maturation qu’exige leur adoption. « Les entreprises veulent des solutions éprouvées, efficaces et sécuritaires à la grandeur du pays, ce qui implique une certaine préparation », dit Pierre Proulx.

« Nous devons suivre une approche prudente afin de limiter les problèmes pouvant survenir en cours de route, ce qui constitue un avantage pour tout le monde, y compris les clients », affirme à ce sujet Kawther Haciane, directrice principale, Sécurité et relève des technologies de l’information à la Banque Nationale du Canada. Préparant le terrain pour un déploiement de technologies plus vaste, la Banque a d’abord travaillé au développement de diverses applications, dont un localisateur de succursales et un programme de recherche de taux. « Il faut que les citoyens soient prêts à faire le saut également », ajoute Pierre Proulx.

Trop de gens se lancent dans la mobilité sans se demander qui sont leurs utilisateurs, déplore Dominic Gagnon. « Les appareils mobiles supplanteront les ordinateurs d’ici cinq ans, mais seulement 4 % des sites sont adaptés à la mobilité », dit-il. Voilà une statistique qui, si elle en dit long sur le travail à accomplir, illustre aussi le vaste potentiel des technologies mobiles.

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