Mise à jour à Windows 7: l’intrigue se corse

Avec Apple qui offrira la mise à jour à Snow Leopard à 29 $US, Microsoft a beaucoup de pression côté prix, entre autres. Mais on y ajoutera Morro gratuitement…

Comme le disent parfois les Anglo-saxons, l’intrigue se corse (« the plot thickens »). Je vous parle bien sûr de Windows 7, un de mes sujets de prédilection. Cette semaine, deux éléments viennent ajouter au tapage prélancement du nouveau SE de Microsoft, lancement prévu pour la mi-octobre, six semaines après celui de Snow Leopard, le Mac OS X 10.6.

Le premier est une étiquette de prix où on peut lire 29 $US, soit le montant qu’Apple demandera pour la version mise à jour de son SE à 64 bits. Le second est une appellation à s’attirer des sarcasmes à ne plus finir, soit Morro, le nom de code choisi pour l’antivirus gratuit que Redmond lancera avec Win 7. Sarcasme? Si ce nom est tiré du village brésilien Morro de São Paulo, il ressemble un peu au qualificatif « moron » mal écrit.   Commençons par le prix. Quel débat! Un débat qui dure, d’ailleurs, depuis l’automne. Vous vous rappelez le point de vue : « Vista nous a tellement déçu que Microsoft devrait nous fournir, sans frais, et avec ses excuses, une mise à jour de type grosse rustine ou gros ‘Service Pack’ appelé Windows 7 ». On sait maintenant que cette façon de voir les choses a laissé le PDG Steve Ballmer de glace (bien avant la remontée de l’action MSFT depuis le creux de mars dernier) et Win 7 sera vendu, d-u-du.

On peut bien sûr s’attendre à ce qu’il le soit offert à moindre coût que ne le fut Vista. Par exemple, la mise à niveau en mouture « Intégrale » où on retrouve les versions 32 et 64 bits de ce SE mal luné, se solde présentement autour de 200 $CA dans les grandes chaînes. Mais Win 7 ne sera pas bazardé beau bon pas cher. Ça, c’est certain.   Comme chat dans un jeu de quilles

Lundi dernier, Bertrand Serlet, le VP principal d’Apple qui présentait les grandes lignes de Snow Leopard aux 5 200 développeurs Apple réunis au WWDC 09, a indiqué que le prix de la mise à niveau sera 29 $US ou de 129 $US pour une version autonome. Considérant que ce SE est, pour le moins, aussi intéressant ou performant à tous points de vue que Windows 7, l’onde de choc s’est probablement fait sentir dans tous les bunkers de Redmond.

Microsoft a beau dominer massivement le marché, la petite pomme californienne est néanmoins sa principale concurrente. Déjà que trois jours auparavant, la méga chaîne Best Buy avait annoncé (dans un mémo interne coulé par la presse spécialisée) qu’entre les 26 juin et 11 juillet, elle solderait, en mode prévente, les versions mise à jour de Win 7 Home Premium et de Win 7 Professional, respectivement à 49,99 $US et 99,99 $US.   D’ici un mois, les fabricants de PC recevront la version RTM de Win 7 et bien avant la date officielle du 15 octobre, commenceront à envahir les Future Shop, Bureau en Gros et autres Best Buy avec leurs nouveaux PC arborant le logo de Win 7, cela en versions dites OEM (ce qui est l’équivalent de la vraie vraie vraie version de Microsoft dans une boîte encellophanée).

On peut s’attendre à ce que la tendance actuelle avec Vista soit maintenue, c’est-à-dire que les marges de profit sur les ordis, surtout sur cette profusion de blocs-notes bas de gamme, seront réduites au maximum et le SE, fourni avec la machine, verra son prix de vente être perdu dans une politique très agressive de prix concurrentiels, une politique qui, à mon avis, pourrait ressembler à cette annonce de Best Buy.

Qui plus est, les fabricants et les revendeurs joueront sur les prés-ventes, question de ne pas rater le marché de la rentrée scolaire. « Achetez votre PC maintenant, nous incluons avec Vista un coupon qui vous donnera droit à l’équivalent Win 7 sans aucuns frais. » Pourra-t-on parler de braderie? Je l’ignore, mais je vous gage ma chemise que Windows 7 sera, dans la réalité des surfaces commerciales, vendu pas mal moins cher que ne l’a jamais été Windows Vista.

L’autre élément dont j’entends vous parler fait déjà couler beaucoup d’encre. Microsoft qui vient de tuer son logiciel de finances personnelles Money (elle serait incapable de soutenir la concurrence d’Intuit, pour ne nommer que ce fabricant), n’entend pas pour autant disparaître de l’arène grand public. Loin de là. Si on en croit Reuters, elle entend, en effet, lancer un logiciel antivirus complètement indépendant de Win 7, un gratuiciel de la trempe grande surface, style Norton McAfee, appelé pour l’instant Morro. Ce geste n’étonne bien sûr personne. Tout le monde voyait la géante manœuvrer en cette direction depuis ses Live OneCare et autres Defender. Et les plus vieux se rappellent sûrement ces emprunts à Norton que Microsoft incluait naguère dans son MS-DOS.   Selon qu’on aime ou déteste Microsoft, on dira que la fabricante entend protéger gratuitement son nouveau SE.

• Étant la plate-forme dominante, elle est la cible de toutes les attaques et autres cybermagouilles (version « on aime MS »).

• Son SE étant plein de trous mal réparés pour cause de spaghettis trop réchauffés, elle est perméable aux attaques malveillantes (version « on haït MS »).

Dans les deux cas, elle n’a d’autre choix que de démontrer qu’elle entend remédier à la situation. Ce faisant, elle admet être la scène d’un sinistre raout rock’n’roll où les PC peuvent finir leurs nuits en zombis. Pendant ce temps, Apple rigole à s’éclater le bide et l’écho est repris au travers du savorama Linux.

Est-ce que cela plaira au consommateur?

Ceux qui croient que ce geste ne nuira pas à Symantec (Norton Antivirus) ou à McAfee manquent un peu de réalisme. La catégorie d’acheteurs de PC qui se contentent de ce que fournit Microsoft (dont Internet Explorer et Bing), n’iront pas payer une cinquantaine de dollars annuellement pour avoir la protection supplémentaire de Symantec ou de McAfee. Hier, à l’annonce de cette décision de Redmond, l’action de Symantec a baissé de 0,5 %, souligne l’agence Reuters, celle de McAfee de 1,3 %, tandis que celle de Microsoft a monté de 2,1 %. On peut risquer de dire que, massivement, les utilisateurs par défaut d’IE se fieront à Morro. Toute une responsabilité.   Avec IE8 qui est de loin plus intéressant que IE7 (même s’il ne se conforme vraiment pas aux normes du W3C), avec Bing qui vient agréablement remplacer Live Search comme moteur de recherche par défaut, avec des gratuiciels sérieusement requinqués comme Paint ou WordPad, avec Morro qui sera bientôt disponible, Microsoft semble vouloir offrir un SE bien garni, ce qui ne pourra que plaire aux consommateurs, irriter davantage la Commission européenne et nuire à des concurrents comme Yahoo, Google, Firefox, Symantec et McAfee.   Tout cela donne, bien entendu, de la munition à Apple. L’interface graphique de Snow Leopard est déjà très loin en avance sur celle de Win 7, affirmait-on, lundi dernier, dans les couloirs du WWDC. La sécurité y est beaucoup plus étanche et nul n’est besoin de bricoles comme Norton ou McAfee. Quant à la vitesse, elle est à des lustres. Par exemple, a soutenu le VP Serlet, la version 10.6 du Mac OS X exécute le javascript 50 % plus rapidement que la 10.5, l’installation se fait en 45 % moins de temps, etc.   Moi, qui utilise indifféremment ces deux grands SE, je ne peux que me réjouir, même si je ne troquerai pas mon antivirus NOD32 contre Morro, même si je continuerai à préférer Firefox à IE. Reste que Microsoft aura sous peu de graves décisions à prendre quant au prix de son SE et quant à sa responsabilité pour en protéger l’étanchéité.   On s’en reparle dans six mois?

Nelson Dumais est journaliste indépendant, spécialisé en technologies de l’information depuis plus de 20 ans.

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