Les habits de l’empereur

Les TIC ont atteint le statut de commodité, autant auprès des consommateurs que des entreprises. Les stratégies publicitaires qui visent à les faire vendre suivent parfois de drôles de chemins….

Décidément, les technologies de l’information et des communications (TIC) ont un impact marquant sur nos vies. Au cours des quinze dernières années, autant dans les organisations que dans les chaumières, les TIC sont omniprésentes sous diverses formes, qu’il s’agisse d’équipements ou de logiciels, de consoles de jeu ou de réseaux informatiques, d’applications hybrides, de superordinateurs ou de téléphones évolués.

En quelques décennies, les produits et les services des TIC sont passés d’éléments onéreux, réservés à ceux qui en avaient les moyens et les besoins, à des composantes relativement abordables et omniprésentes qui sont employées pour combler des besoins innés ou acquis. Aujourd’hui, une personne qui n’a pas un, trois ou dix appareils technologiques est déconnectée de la réalité, diraient certains…

Ainsi, des centaines d’entreprises créent et commercialisent des milliers de produits et de services, avec comme but premier d’en vendre le plus possible et accumuler le plus d’argent possible. Or, le niveau d’attention et les capacités financières des individus et des organisations sont limités, ce qui implique que les acheteurs potentiels doivent faire des choix. Donc, comme il en est pour la majorité des biens de consommation, les entreprises doivent créer des publicités et les placer dans des médias appropriés, afin que les clients potentiels les voient, soient charmés, tentent d’en savoir plus, s’informent et, ultimement, ouvrent leurs portefeuilles et en fassent l’acquisition.

Or, à juger le contenu des publicités imprimées, télévisées ou diffusées en ligne, on pourrait se poser de sérieuses questions sur les motivations, voire la logique des entreprises et de leurs agences publicitaires.

Il fut un temps où une publicité d’imprimante montrait une imprimante en train d’imprimer une impression impressionnante. Une publicité de jeu vidéo montrait des extraits de tableaux de jeu, celle d’un moniteur des images simulées, celle d’un système d’exploitation des fonctions améliorées et celle d’un fournisseur de services de communications la convivialité d’un service.

Or, depuis quelques années, il semble que la tendance soit de démontrer n’importe quoi dans une annonce, sauf le produit. Rappelez-vous les diffusions du Super Bowl tout juste avant l’éclosion de la bulle technologique: les annonces de 30 secondes, vendues à prix d’or, montraient des hurluberlus déguisés en singes et des quidams dansant, avec comme seul message le nom d’un site Web. Plus récemment, des animaux réels ou virtuels, par leur simple présence, étaient censés évoquer la fiabilité et l’utilité de services technologiques. Très récemment, une célèbre entreprise de logiciels américaine a engagé à fort prix un comédien et une agence pour redorer son image à l’aide de messages télévisés qui causent autant de confusion quant à leur pertinence qu’ils ne causent d’indifférence…

Il est à se demander si l’industrie des TIC ne fait pas fausse route. En fait, on pourrait tracer un parallèle avec l’industrie de l’automobile. Les premières annonces mettaient l’emphase sur la fiabilité des produits, sur les nouvelles fonctions, sur la sécurité des véhicules. Vint ensuite le recours aux porte-paroles et à des symboles visuels indirects, mais évocateurs, comme le tigre dans le moteur des voitures Pontiac. Mais depuis quelques années, plusieurs fabricants misent sur l’humour pour vendre leurs produits, au point où l’on voit plus les comédiens que les véhicules. Est-ce que la promotion d’un style de vie sous-entendu pour un produit serait rendue plus importante que celle de la qualité du produit lui-même? L’industrie des TIC semble en être rendue au même point…

Une histoire pour enfant fait état d’un empereur qui veut le plus beau vêtement jamais porté. Un petit malin lui fait croire qu’un vêtement invisible, d’une rareté inestimable, lui ira comme un gant. La fin est connue : le roi se promène vêtu du vêtement invisible en public et soudain un enfant crie “mais il est nu!” Maintenant, quels vêtements porte l’industrie des TIC?

L’habit ne fait pas le moine…

Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.


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Jean-François Ferland
Jean-François Ferland
Jean-François Ferland a occupé les fonctions de journaliste, d'adjoint au rédacteur en chef et de rédacteur en chef au magazine Direction informatique.

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