Les certifications professionnelles en TI : utiles jusqu’à un certain point

Paradoxalement, les certifications TI sont victimes du caractère stratégique dont jouissent aujourd’hui les technologies au sein des entreprises. Assistera-t-on, en conséquence, à une poussée des titres offerts par les associations professionnelles?

Autrefois, la valeur d’une certification professionnelle était presque garantie. Traditionnellement, cette reconnaissance des compétences a servi à mesurer la progression des carrières. Au terme du boom point.com, toutefois, les informaticiens expérimentés ont vu dans les certifications une façon d’assurer leurs arrières et de protéger leur emploi. Aussi sont-elles utilisées, parfois, en guise de raccourci vers les objectifs professionnels. Dans ce contexte, certains font valoir que les certifications ont été créées par les fournisseurs sans autre but que de vendre davantage de produits.

Le directeur général de la FiQ, le réseau des TI au Québec, Pierre Gagnon, rappelle que les certifications sont apparues dans les années 90 et qu’à cette époque, elles s’adressaient à des informaticiens chevronnés à l’emploi de grandes entreprises. Aujourd’hui, la situation est différente, souligne-t-il, puisque nombre d’informaticiens sans expérience obtiennent ces attestations.

Ainsi, gestionnaires et analystes semblent s’entendre sur un point : les certifications n’on plus la même valeur. Pour le directeur des TI d’une grande chaîne du commerce de détail, cité par le webzine eWeek, les certifications ne démontrent rien d’autre que les aptitudes d’une personne à passer des examens. Un ingénieur en sécurité de la NASA croit, quant à lui, qu’elles revêtent moins d’importance qu’une expérience ou un diplôme pertinents.

Ces diverses opinions reflètent les conclusions d’une enquête de Foote Partners, firme spécialisée en recherche sur la main-d’œuvre au sein des industries américaine et canadienne des TI. Selon cette firme, les revenus moyens des spécialistes certifiés ont enregistré un déclin pour un 7e trimestre consécutif au début de 2008. En octobre dernier, les professionnels non certifiés ont eu des revenus supérieurs en moyenne à ceux des détenteurs de certifications, et ce, pour la première depuis 2000.

Diversification des compétences et utilité des certifications

Le point de vue des employeurs a évolué. Plutôt que des spécialistes purement techniques, ils recherchent des individus capables de faire avancer les choses et de concevoir des solutions utiles, résultat de la convergence des affaires et des TI.

Le rôle des spécialistes technologiques devient plus stratégique au sein des entreprises, commente la directrice du développement des compétences de CompTIA, organisation basée en Illinois et offrant diverses certifications. Selon elle, les entreprises convoitent des individus ayant le sens de la stratégie, des affaires et de la communication.

Les professionnels des TI doivent aujourd’hui faire montre de compétences diverses afin de jouer un rôle stratégique autant que tactique en entreprise, renchérit David Foote, président de Foote Partners,

Tous ne sont pas prêts pour autant à sonner le glas des certifications. Dans les cas où le travail est fortement orienté sur des technologies spécifiques, les certifications conservent leur utilité, croit le vice-président d’une firme de recrutement dont le siège social est situé en Floride.

Pareillement, le directeur des TI de Dynamics Research, entreprise du Massachusetts commercialisant des produits et des services technologiques, est d’avis que les certifications demeurent un outil efficace pour départager les candidats à un même poste. Par contre, il ne croit pas que l’on doive offrir une rémunération supérieure aux spécialistes certifiés.

Plus près de nous, le directeur des projets de TECHNOCompétences, Jean-François Dumais, croit également en la valeur des certifications. La dernière enquête salariale de l’organisation, parue au début de 2008, indique qu’au Québec des primes de rémunération continuent d’être associées aux certifications.

« Ce n’est pas une garantie absolue de la qualité d’un employé, dit-il. Une certification confère des compétences techniques uniquement, et non des compétences en relations humaines. Par contre, cela demeure un bon choix et, dans certains cas, une exigence d’emploi. Nous continuons à encourager les gens de l’industrie à obtenir des certifications. »

Précisons que, même si la rémunération rattachée aux certifications est à la baisse dans l’ensemble du continent, les primes monétaires liées aux spécialisations en sécurité de l’information, en gestion de projet et en administration de bases de données se sont accrues, selon un rapport de Foote Partners publié en mai 2007.

Associations professionnelles

Devant le déclin des certifications en général, d’aucuns pensent que les titres octroyés par les associations professionnelles sont appelés à gagner en importance – par exemple les titres d’Expert agréé en technologies de l’information (EATI) de la FiQ, ainsi que d’informaticien agréé de l’Association professionnelle des informaticiens et informaticiennes du Québec (APIIQ).

Selon Gilles Trempe, administrateur de la FiQ, la vaste quantité de certifications qui ont été décernées ces dernières années à des individus sans expérience pratique des TI a créé une certaine confusion au sein de l’industrie. Cela a eu pour effet de faire grimper la valeur de la reconnaissance professionnelle octroyée par les associations de spécialistes en TI, car elle offre une meilleure indication des compétences recherchées. « La proportion d’informaticiens ayant un tel titre demeure faible, indique Gilles Trempe, mais on constate une conscientisation à cet égard dans l’industrie. »

Jean-François Dumais corrobore cette impression : « On observe une tendance des entreprises à rechercher pareils titres afin d’encadrer davantage la profession. » La reconnaissance professionnelle, mentionne-t-il, « démontre à l’employeur qu’un individu maintient ses compétences à jour ».

Plus concrètement, l’APIIQ a déposé un mémoire auprès de l’Office des professions du Québec en juin dernier afin d’inciter le gouvernement à reconnaître l’informatique en tant que profession. D’autre part, la FiQ a décidé de faire de la reconnaissance professionnelle une de ses priorités. D’ailleurs, l’organisation vient d’annoncer qu’elle offre dorénavant un nouveau titre, celui de Professionnel canadien des TI. Destiné aux spécialistes confirmés, ce titre est reconnu internationalement.

Pour Gilles Trempe, cela peut aider les Québécois à se positionner sur le plan mondial. Jean-François Dumais le croit aussi. Selon lui, la reconnaissance internationale est très importante pour le Québec, où une grande partie de l’industrie des TI repose sur les services-conseils.

Quoi qu’il en soit, les professionnels des TI semblent avoir compris, souligne David Foote, qu’ils doivent maintenant faire valoir leurs compétences générales, et non seulement leurs connaissances technologiques.


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