Les Canadiens font peu pour contrer le vol d’identité

Environ 56% des Canadiens se disent très ou extrêmement préoccupés par les risques de vol d’identité. Du lot, ce sont les Québécois qui sont les moins conscients et les moins préoccupés par le vol d’identité, tandis qu’on observe une tendance inverse dans l’ouest du Canada, révèle un sondage Ipsos Reid.

L’étude réalisée pour le compte de ProtegeMonIdentite.ca révèle que 80% des répondants de l’ouest canadien étaient conscients et préoccupés par le vol d’identité, comparativement à 66% des Québécois.

Le sondage soutient également que 97% des Canadiens ont déjà entendu parler du vol d’identité et que 60% croient qu’ils en seront victimes au cours de leur vie.

Les répondants sont surtout préoccupés par le vol d’identité dans les magasins et en ligne, mais seulement 25% reconnaissent les risques à la maison et dans les environnements institutionnels, tels qu’au bureau, à l’école et au sein des services gouvernementaux, «lesquels détiennent un très grand nombre de renseignements personnels.»

De plus, le sondage révèle que la plupart des Canadiens prennent peu de mesures pour se protéger contre le vol d’identité. «Quoique 72 % des Canadiens disent prendre les mesures nécessaires pour se protéger, la diversité des moyens cités reste limitée. La destruction ou le déchiquetage des documents papier est la mesure la plus souvent rapportée, laissant toute latitude aux autres risques, tels que le piratage informatique, le réseautage social non sécurisé et la perte de données institutionnelle», affirme Mark Wilkins, vice-président d’Ipsos Reid, dans un communiqué.

«Les gens ne réalisent pas les conséquences du vol d’identité au plan financier et légal», soutient Sylvain Patry, 1er vice-président chez ProtègeMonIdentité.ca, en entrevue.

Sans pouvoir fournir de montant moyen nécessaire à la restauration d’une identité, ce dernier soutient que le travail nécessite parfois jusqu’à 600 heures de travail étalées sur 36 mois auprès des bureaux de crédit, des banques et des institutions gouvernementales.

«Si un individu se fait cloner sa carte débit et que son institution financière ne le rend pas responsable, c’est un moindre mal. Quand on passe au niveau supérieur, les criminels peuvent parfois prendre une 2e hypothèque sur une maison sans que leur victime ne le sache. La plupart du temps, les gens l’apprennent quand la banque envoie un huissier pour faire saisir la maison parce que la 2e hypothèque n’a pas été payée», explique M. Patry.

Le niveau le plus grave du vol d’identité survient à son avis lorsqu’un passeport falsifié est confectionné. À ce moment, des malfaiteurs peuvent circuler dans d’autres pays et y commettre des crimes. «Si vous vous rendez par exemple au Mexique avec votre famille et que les autorités vous placent en état d’arrestation parce que quelqu’un est allé y commettre un crime sous votre identité, c’est d’une gravité extrême», dit-il.

Le sondage soutient qu’un Canadien sur six a déjà été victime de vol d’identité. Cette proportion grimpe à un sur cinq pour les travailleurs qui ont un salaire supérieur à 100 000 dollars par année.

«Les pièces d’identité les plus en demande sur le marché noir sont la carte d’assurance sociale, la carte de crédit, la carte débit, le passeport, le permis de conduire et la carte d’assurance-maladie», dit-il.

Pertes de données en entreprise

Sans offrir de services directs aux entreprises, ProtegeMonIdentite.ca propose depuis environ un mois quatre forfaits aux consommateurs canadiens. L’un deux est gratuit et les trois autres coûtent entre 100 et 300 dollars par année. Le service gratuit permet de protéger deux pièces d’identité, dont obligatoirement une carte de crédit. Les trois autres forfaits permettent de protéger 10 pièces d’identité en plus d’offrir divers services.

«Même si nous n’offrons pas de services directs aux entreprises canadiennes, nous avons commencé une campagne auprès des services des ressources humaines, car la meilleure façon de prévenir le vol d’identité et de protéger les individus. Le Canada est un pays industrialisé, il est ciblé par les réseaux organisés spécialisés dans le vol d’identité, parfois situés aussi loin qu’en Asie ou en Afrique. Simplement de protéger deux pièces d’identité permet déjà de réduire l’attrait. À ce niveau, le numéro d’assurance social est ce qu’un individu a de plus précieux, car il est très difficile de le faire modifier», déclare Sylvain Patry.

Il soutient que des brèches de sécurité en entreprise touchant la perte de renseignements personnels touchant les clients ou les employés surviennent tous les jours. L’entreprise de services conseils Accenture a d’ailleurs révélé dans une récente étude que 72% des entreprises canadiennes avaient perdu des renseignements personnels au cours des deux dernières années.

Aux États-Unis, les entreprises qui perdent des données doivent obligatoirement en aviser les autorités et publier le tout sur Internet. «Au Canada, une loi similaire est à l’étude. Les entreprises doivent donc tout faire en leur pouvoir pour rendre leurs données moins attrayantes pour le crime organisé, car il y aura toujours des individus en interne ou à l’externe qui tenteront d’accéder aux bases de données», affirme M. Patry.

ProtegeMonIdentite.ca a des objectifs très ambitieux pour les 12 prochains mois, soit d’attirer au minimum 1 million de Canadiens à son service gratuit. L’entreprise travaille en collaboration avec divers partenaires, dont l’agence d’évaluation de crédit TransUnion.

Ce sondage a été mené entre le 17 et le 24 mai 2010 auprès de 1 051 adultes canadiens pour le compte de ProtegeMonIdentite.ca. La marge d’erreur est de 3%.

Denis Lalonde est rédacteur en chef au magazine Direction informatique.

Denis Lalonde
Denis Lalondehttp://www.directioninformatique.com
Denis Lalonde est rédacteur en chef chez Direction informatique, développant des contenus et services uniques pour les spécialistes des technologies de l’information en entreprise à travers la province de Québec, tant à l’imprimé que sur le Web. Il s’est joint à IT World Canada, l’éditeur de Direction informatique, après avoir travaillé plus de cinq ans chez Médias Transcontinental pour les publications LesAffaires.com et le Journal Les Affaires. Journaliste accompli à l’aise sur toutes les plateformes médiatiques, Denis a également travaillé au Journal de Montréal, au portail Internet Canoë et au Réseau de l’information (RDI). Twitter: DenisLalonde

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