L’engouement pour l’informatique décisionnelle gagne le Québec

DOSSIER L’informatique décisionnelle est en évolution rapide. Devant la nécessité de réduire les coûts et d’accroître la rentabilité, les organisations pressent leur service TI d’étendre l’analyse des données afin de prendre de meilleures décisions et de se donner un avantage concurrentiel.

Dans un sondage mené en 2012 par Gartner auprès des responsables des technologies de l’information (CIO), l’informatique décisionnelle – que l’on appelle aussi veille stratégique, intelligence d’affaires ou business intelligence (BI) – s’impose en tant que priorité absolue de ces dirigeants.

Pour l’année 2011, Gartner évalue à 12,2 milliards de dollars américains les revenus tirés des plateformes, des applications analytiques et des logiciels de gestion de la performance utilisés aux fins de l’informatique décisionnelle. Il s’agit d’une hausse de 16,4 % par rapport à 2010.

Contexte québécois

Au sein de la section montréalaise de l’organisme mondial TDWI (The Data Warehousing Institute), qui se consacre à la formation en matière d’informatique décisionnelle et d’entreposage de données, on constate aussi une progression de ces concepts. Depuis sa création, en 2006, la section régionale de Montréal figure parmi les cinq premières de l’organisme à l’échelle internationale relativement à la participation aux activités. Toutefois, les quatre événements annuels organisés dans la métropole ne suscitent plus le même engouement depuis peu, selon Alain Bond, président de la section et directeur principal de l’intelligence d’affaires et de la gestion de l’information à la Banque Nationale.

« Les formations offertes sont plus nombreuses, y compris au sein même des entreprises », dit-il en guise d’explication. Or, l’accroissement de la formation va de pair avec celui de la demande. Les entreprises, en effet, semblent accorder une importance grandissante à l’analyse des données. L’année dernière, Alain Bond dit avoir constaté un nombre élevé de postes de « directeur BI » offerts dans la région de Montréal, alors qu’il n’y en avait à peu près pas deux ans auparavant. « Autre fait révélateur à cet égard, la Banque Nationale s’est dotée d’une vice-présidente de la gouvernance des données l’année dernière », indique-t-il.

La conjoncture est donc favorable aux spécialistes de la veille. « Les étudiants de la maîtrise en intelligence d’affaires à HEC Montréal obtiennent
souvent un emploi avant même d’avoir terminé leur cours », indique Marc Fredette, professeur agrégé, Service de l’enseignement des méthodes quantitatives
de gestion dans cette école. « Beaucoup de nos étudiants sont dans la vingtaine avancée et la trentaine. Travaillant en entreprise, ils connaissent le marketing et la finance et s’inscrivent au programme parce qu’ils réalisent que leur employeur possède une mine d’or inexploitée, les données de l’organisation étant peu ou pas analysées », dit-il.

Pour répondre à la forte demande, HEC Montréal a créé un microprogramme d’exploitation des données en intelligence d’affaires. Offert le soir à compter
de septembre 2012, il comprend cinq cours ciblés en statistiques et en marketing permettant aux professionnels ayant déjà intégré le marché du travail de connaître les outils de modélisation fondamentaux utilisés pour l’analyse des données. Le succès du microprogramme a été instantané; il compte autant d’inscriptions que le programme de maîtrise, lequel existe depuis onze ans.

Beaucoup de chemin à parcourir

D’après la vice-présidente de la section de Montréal de TDWI, Élise Lacoste, le principal facteur expliquant le renouveau de l’informatique décisionnelle est la conscience des dirigeants d’entreprise quant à la nécessité de disposer de données de qualité. « Les entrepôts de données sont un contenant. Il est essentiel d’en gérer le contenu », dit-elle.

Mme Lacoste, qui est aussi directrice principale des services-conseils en management chez KPMG et directrice du Salon BI de Montréal, ajoute que de grandes entreprises ont pris ce virage.

« Cependant, malgré l’effervescence entourant actuellement l’informatique décisionnelle au Québec, nous avons un certain retard à combler par rapport aux
États-Unis et à l’Europe », souligne-t-elle. D’ailleurs, Alain Bond recrute actuellement en France pour compléter son équipe à la Banque Nationale, faute de candidats au Québec.

« Il y a encore peu d’analyse des données liées aux sites Web, et quand elle existe, elle manque de précision », dit à ce sujet Stéphane Ricoul, directeur des relations clientèle, Affaires électroniques, chez Sid Lee Technologies. Fondateur du salon eCom et ancien président du Salon BI de Montréal, M. Ricoul constate que, malgré une certaine unanimité relativement à l’utilité de l’intelligence d’affaires, trop peu d’entreprises passent à l’action.

« On observe une résistance au changement au sein des entreprises, fait remarquer Élise Lacoste. Les dirigeants ne tiennent pas nécessairement à mettre au jour certaines informations. »

« Lorsqu’on privilégie des données mettant en lumière une réalité différente, il n’est pas facile de convaincre le personnel de changer les bases sur lesquelles les décisions ont toujours été prises », dit à son tour Alain Bond.

En dépit de ces contraintes, la PME commence à s’intéresser elle aussi à l’informatique décisionnelle, grâce notamment à la mise en marché de suites logicielles plus nombreuses et plus abordables.

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