Le vrai boom reste à venir

VIRTUALISATION Les statistiques font état d’une expansion rapide des technologies de virtualisation, même si les entreprises n’ont pas encore commencé à les utiliser de façon optimale. Considérant qu’il s’agit de l’un des principaux facteurs de croissance de l’industrie des TI, les analystes prévoient une véritable explosion du concept à compter de cette année.

En permettant de regrouper les actifs physiques du centre informatique, la virtualisation réduit la complexité inhérente au travail des gestionnaires TI. On peut la servir à différentes sauces : stockage, consolidation de serveurs, reprise sur sinistre, ré-hébergement d’applications patrimoniales, essai de logiciels, développement d’applications… Les possibilités sont multiples.

La plus répandue d’entre elles demeure le regroupement de serveurs. Rapidement, elle a distancé les autres formes de virtualisation d’infrastructure, y compris le stockage et les réseaux. L’été dernier, la firme d’analyse Forrester Research rapportait que le concept avait continué à progresser rapidement depuis le début de 2006, 40 % des entreprises nord-américaines l’ayant déjà adopté. Reléguée aux essais et au développement l’année dernière encore, la virtualisation gagne de plus en plus de terrain dans les environnements de production, rapporte Jennifer Mears, une spécialiste du sujet.

Dans un sondage récent de la firme Yankee Group, la moitié des entreprises ayant franchi le pas de la virtualisation indique qu’elle leur a permis de réaliser des économies substantielles, en matière de permis d’utilisation et de temps de gestion notamment. Les principales raisons évoquées dans le sondage pour faire appel à cette technologie : réduction des coûts d’infrastructure, facilitation du déploiement d’applications, meilleure utilisation des serveurs et optimisation de l’espace disponible.

Utilisation élargie

Des spécialistes réunis en panel à l’occasion de la conférence Linux World, l’été dernier, croient néanmoins que les organisations peuvent tirer meilleur parti de la virtualisation, en l’utilisant pour créer une infrastructure dynamique, répondant aux besoins d’affaires. Lorsque les dirigeants commenceront à l’exploiter en fonction de la migration d’applications et de l’architecture orientée services, la virtualisation prendra véritablement son envol, estime l’un d’eux.

Consulté en mai dernier, le président de la firme montréalaise Infrascope Technologies, Ioan Donea, abonde dans le même sens. Le regroupement de serveurs n’est pas la seule façon d’exploiter la virtualisation, plaide-t-il. « La souplesse et la convivialité des environnements virtuels procurent des avantages plus importants que la réduction du nombre d’ordinateurs. » Il évoque entre autres la facilité avec laquelle on peut installer, configurer et déplacer un ordinateur virtuel, la possibilité de travailler dans plusieurs environnements simultanément, sans avoir à multiplier les PC sur son bureau, ainsi que la capacité de revenir en arrière, en supprimant toute modification effectuée dans un environnement.

Les organisations ne connaissent pas encore le rôle que peut jouer la virtualisation dans la création de systèmes informatiques à la demande, croit-on au sein du panel de spécialistes. À la décharge des dirigeants, les panellistes reconnaissent que, si le nombre de serveurs virtuels augmente, les logiciels conçus pour les gérer n’ont pas atteint un degré d’évolution élevé. Les difficultés de gestion constituent le principal facteur ralentissant la prolifération de la virtualisation.

Les serveurs x86 donnent la pleine mesure du ralentissement évoqué : moins de 1 % d’entre eux sont actuellement virtualisés, même si la société VMware commercialise depuis cinq ans la technologie permettant de le faire. Selon la firme d’analyse Gartner, la plupart des serveurs x86 n’exécutant qu’une seule application – le scénario le plus répandu – ne fonctionnent qu’à 10 % de leur capacité. La virtualisation permettrait d’améliorer sensiblement ce taux de productivité moribond.

Contexte favorable

Les analystes ont prédit que 2006 allait marquer le véritable départ de la virtualisation des serveurs x86. Le fait qu’Intel et AMD commencent à intégrer des fonctions de virtualisation à leurs microprocesseurs contribuera certainement à cet essor. En outre, l’initiative laissera une plus grande latitude aux fournisseurs quant au développement d’outils efficaces de gestion des environnements virtuels, indique Jennifer Mears.

Par ailleurs, la technologie est maintenant à portée de la PME. Selon le webzine Processor, l’ajout de fonctions de gestion évoluées à Windows Server, la réduction du prix des réseaux de stockage et l’avènement des serveurs lame sont les trois principales raisons permettant dorénavant aux petites et moyennes entreprises de tirer avantage de cette technologie. On peut penser que le Québec recèle un marché prometteur, la PME occupant une place de choix dans notre économie. D’après Ioan Donea, les grandes entreprises établies ici suivent la tendance mondiale, mais la PME n’a pas emboîté le pas.

Autre facteur militant en faveur de l’expansion de la virtualisation, en ce qui concerne les serveurs x86 particulièrement : l’arrivée en scène du code source libre. La société XenSource a lancé un produit visant à faciliter le déploiement et la gestion de sa technologie de virtualisation à code source libre Xen VM au sein des réseaux d’entreprise. Novell l’a déjà intégré à SuSE Linux Enterprise 10, et Red Hat entend faire de même dans son système Red Hat Enterprise Linux 5.

Technologie de la première heure, la virtualisation est apparue dès les années soixante, dans les titanesques ordinateurs centraux de l’époque, puis tombée dans l’oubli un certain temps. La conjoncture semble favorable à un retour éclatant.

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