La ténacité du visionnaire

PERSONNALITÉ DU MOIS – Mario Girard, président du conseil et chef de la direction de Nstein Technologies, est la personnalité du mois de septembre 2005 en TI au Québec.

« Bien souvent, le marché se développe selon un rythme, tandis que celui de la R et D, le travail des visionnaires, en suit un autre ». Cette affirmation de Mario Girard résume bien la carrière de cet entrepreneur, qui fait preuve d’une remarquable ténacité lorsque vient le temps d’œuvrer à la commercialisation d’une idée en laquelle il croit.

Originaire du Saguenay, Mario Girard s’est toujours vu comme un entrepreneur, un homme qui aime mettre la main à la pâte. Voilà pourquoi, ses études complétées, il s’est retrouvé dans un stage en entreprise qui s’est prolongé bien plus longtemps que prévu ! Peu de temps après ce stage, il entre en fonction à la Capitale, puis un peu plus tard chez CGI, qui fut pour lui une bonne expérience d’apprentissage : « CGI a été une super école tant pour la qualité des services que pour sa culture d’entreprise, se remémore-t-il. D’instinct, on m’envoya travailler chez Alcan au Saguenay où j’ai eu l’occasion de participer à la création de ce qui allait devenir l’équipe de travail de CGI du Saguenay. Ce fut aussi pour moi l’occasion de valider mon goût pour les affaires : je voulais bâtir ma propre entreprise ».

Mario Girard n’eut pas à attendre très longtemps : dix-huit mois plus tard, avec deux autres partenaires, il fondait Gespro Technologies, une firme de services-conseils établie dans la ville de Québec. Il n’avait que vingt-quatre ans. Oeuvrant à Québec, il est tout naturel pour la jeune firme de se consacrer aux services informatiques du gouvernement, plus spécifiquement en ce qui concerne les larges infrastructures informatiques (ordinateurs centraux). En 1996, le travail de Mario Girard au sein de Gespro lui méritait le prix convoité du Jeune entrepreneur Arista-Sun Life. Gespro allait si bien que la firme commençait à essaimer plusieurs nouvelles divisions autonomes : une division spécialisée dans la conception et la mise en place de solutions technologiques pour l’industrie du bois, une autre dans la gestion des déchets et une, Nstein Technologies, spécialisée dans le développement et la mise en marché de solutions de gestion de contenu fondées sur l’intelligence artificielle appliquée à la linguistique.

Depuis 1997, la technologie proposée par Nstein est restée fondamentalement la même : « augmenter le pouvoir de compréhension et décupler nos facultés de connaissance en temps réel », souligne Mario Girard. Pour se faire, Nstein mise sur une technologie permettant d’automatiquement colliger et « lire » n’importe quel document non structuré (courriels, rapports, sessions de clavardage, nouvelles en ligne, pages Web, etc.), d’en extraire l’information pertinente, d’établir des liens avec d’autres documents et de présenter le tout sous forme de synthèse. Et, remarquablement, cette technologie permet de lire les documents et de générer des synthèses dans toutes les langues principales. « C’est un peu comme si vous aviez à votre disposition une armée de 10 000 spécialistes polyglottes œuvrant dans tous les domaines, capables de vous produire, d’une seule voix – et dans votre langue — un résumé de tous leurs travaux », précise Mario Girard.

Débuts difficiles

Malgré ces séduisantes prouesses technologiques, Nstein connût des débuts difficiles, et pour cause : la firme prit son envol autonome en pleine bulle meurtrière des point-com… En 2001, Mario Girard décida de faire le grand saut et de se vouer exclusivement à Nstein : « Je croyais fermement en la technologie de Nstein et j’ai décidé de m’y impliquer à fond. Un des problèmes majeurs auxquels nous étions confrontés était notre modèle d’affaire — B2C [commerce avec les consommateurs] – où nous misions sur les revenus publicitaires. En adoptant une approche B2B [commerce interentreprises], nous n’avons pas tardé à accumuler les succès ». C’est ainsi que plusieurs firmes et associations (comme le conglomérat Time et la prestigieuse American Psychological Association) ont vu les bénéfices que la technologie Nstein pouvait leur apporter.

Une des applications les plus spectaculaires de la technologie Nstein est celle de l’Agence de santé publique du Canada (ASPC). Cet organisme fédéral, centre nerveux canadien en matière de santé publique, a pour mandat de coordonner les efforts pour identifier et réduire les risques et les menaces pour la santé publique. À ce titre, l’Agence a créé en 2000 le Centre de mesures et d’interventions d’urgence dans le but de surveiller les épidémies et les maladies se déclarant à l’échelle mondiale par le biais du Réseau d’information sur la santé mondiale (RISM). En se servant des technologies d’analyse et d’alerte rapide de pointe de Nstein, l’ASPC a lancé la version 2 d’une solution par abonnement qui analyse automatiquement l’information et la rend accessible aux abonnés, dont l’Organisation mondiale de la santé. L’Agence peut ainsi traiter l’information en sept langues et en provenance de plus de 10 000 distributeurs de nouvelles et préparer des rapports sur les épidémies, les maladies infectieuses, la contamination des aliments et de l’eau, le bioterrorisme, etc.

« Afin de démontrer la pertinence et l’apport potentiel de notre technologie, explique Mario Girard, nous avons simulé une analyse des distributeurs de nouvelles lors de la crise du SRAS. Les résultats indiquèrent que notre technologie aurait pu, en analysant les sources de nouvelles et en effectuant les liens nécessaires, dépister l’apparition du syndrome trois mois avant l’alerte officielle ; une marge de manœuvre des plus précieuses lorsqu’on est aux prises avec une pandémie potentielle. »

Mario Girard n’entend pas simplement faire rouler son entreprise avec le taux de croissance escompté ; il veut faire rayonner Nstein sur le plan international, même si ses concurrents bénéficient de budgets d’opération beaucoup plus gros que celui de sa firme. Ici encore, la ténacité de Mario Girard se fait clairement entendre : « au Québec, nous sommes capables d’effectuer de belles réalisations. Avec de l’entraide et de la solidarité, nous pouvons réaliser des merveilles sur le plan international ». Gageons que le temps saura lui donnera raison…

Le choix de la Personnalité du mois en TI au Québec est le fruit d’une collaboration entre la Fédération de l’informatique du Québec, Direction informatique et de nombreux partenaires.

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