Insatiable appétit pour les octets

Depuis que l’informatique existe, le stockage des données n’a cessé d’être une préoccupation pour ses utilisateurs. Les supports ont grandement évolué, mais la quantité d’espace requise pour combler les besoins augmente constamment. Cette fringale numérique ne sera pas rassasiée de sitôt…

Ô combien de chemin a été parcouru en matière de stockage des données dans l’univers des technologies de l’information depuis l’ère des cartes à poinçon.

En 1956, en alternative aux gros rubans magnétiques, le premier disque rigide commercialisé par IBM offrait la faramineuse quantité de cinq mégaoctets d’espace pour contenir des données composées d’octets.

En matière de stockage amovible, les disquettes magnétiques de huit pouces, cinq pouces et quart puis trois pouces et demi ont permis de transporter les données d’un ordinateur à l’autre, ou du moins d’en préserver une copie, en offrant 1,44 mégaoctet d’espace de stockage.

Cinquante ans plus tard, la capacité du premier disque rigide fait pouffer de rire les utilisateurs de l’informatique, alors que les disques de l’heure peuvent contenir 750 gigaoctets, soit 153 600 fois la quantité du disque dur original. Les disquettes font ricaner les adolescents, alors que les disques optiques en format CD (700 Mo) ou DVD (4,7 ou 9 Go) et les clés USB (jusqu’à 8 Go) offrent des centaines ou des milliers de fois plus d’espace.

Les incultes ont beau rire des capacités préhistoriques des supports de stockage, mais chaque moyen nouveau ou capacité rehaussée de stockage a historiquement constitué un bienfait sans précédent pour les utilisateurs de l’informatique. Les ricaneurs riront moins lorsqu’ils feront face, tôt ou tard, à la réalité que tout utilisateur a rencontrée à un moment ou un autre de sa vie technologique, soit le manque d’espace.

Disque plein

Au fur et à mesure de l’utilisation de l’ordinateur et de ses nouvelles applications, le nombre de fichiers et leur poids n’ont cessé d’augmenter. Des fichiers en code ASCII et des dessins en bâtonnets en quatre couleurs, nous sommes passés à des documents vectoriels complexes, des bases de données imposantes et à des fichiers multimédias massifs. D’ailleurs, le grand public doit une fière chandelle aux créateurs d’algorithmes de compression qui permettent de réduire grandement la taille de fichiers audio ou vidéo, sinon les disques rigides verraient leur capacité en gigaoctets être comblée en moins de deux.

Mais les professionnels qui travaillent avec des quantités astronomiques de données ou avec des fichiers sources de grande qualité n’ont plus besoin de gigaoctets, mais de téraoctets pour travailler avec aisance. Avec l’émergence de l’achat de vidéo en ligne et la vidéo haute définition qui gagne en popularité, le grand public lui aussi aura besoin d’une quantité accrue d’espace disque.

Les médias amovibles à capacité rehaussée, également, ne cessent de gagner en popularité. La clé USB de 128 Mo, d’une valeur inestimable il y a quelques années, fait maintenant pâle figure à côté des clés d’un ou deux gigaoctets. Les disques optiques HD-DVD ou Blu-Ray, qui pourront contenir jusqu’à cinquante gigaoctets, seront également prisés de maints utilisateurs.

Par ailleurs, le besoin croissant d’espace disque soulève également une problématique en matière de sauvegarde des données. Si les unités de sauvegarde pouvaient en une nuit recopier plusieurs centaines de mégaoctets d’un disque, comment y parviendront-elles pour sauver dix ou cent fois plus?

Certes, les nouvelles générations d’appareils sont plus rapides et peuvent stocker davantage de données sur un ruban, tandis que des bibliothèques robotisées peuvent changer automatiquement les rubans. Toutefois, est-ce que la redondance des disques ne devient pas une solution plus économique et plus pratique, surtout lorsqu’on considère que la récupération d’un fichier peut prendre beaucoup de temps s’il est « à la fin » du ruban de sauvegarde?

Bicoque binaire

À quoi cela sert-il d’avoir tant d’espace disque? On n’aura jamais assez de fichiers pour tout remplir cela! Cette phrase, probablement, a déjà été entendue au moins une fois. Or, la quantité incroyable de contenus créés ou téléchargés démontre qu’on n’a jamais trop d’espace disque. C’est comme une maison : à mesure qu’on accumule des meubles, des biens, des « cossins » et/ou des êtres humains (!), le besoin d’un plus grand logis devient inévitable.

Ainsi, les disques rigides à capacité calculée en gigaoctets feront bientôt place aux disques à capacité calculée en téraoctets, puis en pétaoctets, en exaoctets, en zettaoctets et en yottaoctets. Ces appellations feront bien rire plusieurs gens, mais ces capacités accrues seront salutaires pour les engrangeurs d’informations binaires.

Il faudra toutefois prendre le temps de défragmenter ces énormes disques rigides, ce qui prendra une éternité, mais ça, c’est une autre histoire…

Jean-François Ferland
Jean-François Ferland
Jean-François Ferland a occupé les fonctions de journaliste, d'adjoint au rédacteur en chef et de rédacteur en chef au magazine Direction informatique.

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