Informatique en grille : vers un mariage de raison?

Des firmes d’analyse croient que la virtualisation, les services Web et l’architecture orientée vers les services contribueront à la progression de l’informatique en grille au sein des entreprises. Entre-temps, les fournisseurs de logiciels seraient réticents à adapter leurs produits.

Le concept d’informatique en grille, qui émane des années 70 lorsque la première mouture d’Internet a mis en réseau des centres informatiques distants pour qu’ils communiquent entre eux au moyen de protocoles standardisés, comporte des avantages comme l’utilisation d’une quantité d’ordinateurs abordables au lieu d’un seul superordinateur, l’optimisation des ressources et la réduction du temps de traitement. Les firmes d’analyse soulignent la progression du modèle, mais soulignent également l’existence d’enjeux qui en entravent la progression.

C’est dans cette perspective qu’Insight Research, qui avait étudié ce marché en 2003, indique que la technologie s’est déplacée de la communauté de recherche et des universités vers l’informatique commerciale « de masse » et a bien progressé dans la phase des adoptants précoces du cycle de vie d’une nouvelle technologie. La firme réfère à des ententes entre des entreprises de télécommunications et des développeurs d’intergiciels pour offrir de telles fonctionnalités aux clients intéressés, l’éclosion d’entreprises spécialisées et l’implantation de projets partiels ou d’expérimentations dans plusieurs organisations.

Par contre, Insight note que les logiciels d’informatique en grille sont encore difficiles à utiliser, que les standards dominants sont encore instables et qu’il n’existe pas encore d’implantation interopérable et stable, fondée sur les standards suggérés. L’autre élément décevant est le confinement de la plupart des grilles commerciales à un niveau local dans un seul lieu d’entreprise, à l’abri derrière un pare-feu, alors que les projets scientifiques et académiques franchissent les frontières organisationnelles.

La firme, qui indique que ces gains et ces réticences sont typiques des projets précoces, souligne le début de projets dans la phase de la « majorité initiale », dans des secteurs comme ceux de la recherche pharmaceutique, de l’ingénierie technique, des marchés financiers et de l’énergie.

Insight affirme que l’informatique en grille comporte des avantages, comme la réduction du coût total de possession des technologies, l’agrégation et l’amélioration de l’efficacité des ressources, ou la création d’organisations virtuelles pour le partage des applications et des données. Elle place même le concept dans la quatrième phase de l’évolution des technologies, aux côtés de l’informatique sur demande, de la virtualisation et des technologies organiques.

Du même souffle, Insight indique que le concept de grille informatique implique un ensemble complexe de techniques, tout comme il en est pour la virtualisation des ressources, et que les façons de procéder à une implantation sont nombreuses. Ainsi, la firme affirme qu’il faut parler, en termes d’adoption commerciale, de « poches de mouvement » pour un aspect du concept dans une industrie, et d’autres progrès dans une autre industrie.

Elle note également, au-dessus des perspectives d’industrie, la promotion intense du concept de la virtualisation par les développeurs de logiciels commerciaux, pour briser les silos d’applications des organisations, ce qui les porte à miser sur une approche de grille pour résoudre ce problème.

Disponibilité des applications: l’œuf ou la poule?

L’informatique en grille suscite l’intérêt de certains marchés verticaux, mais la disponibilité d’applications compatibles au concept constituerait un enjeu d’importance.

La firme d’analyse The 451 Group de New York, qui suit régulièrement ce marché, soulignait récemment que seules quelques applications avaient été écrites précisément pour un fonctionnement en grille, et que seulement une petite quantité d’applications appropriées pour une telle utilisation avaient été déployées ou migrées.

La firme note que des éléments de conception, des modèles de développement et des outils de nouveau genre seront requis pour créer et implanter des applications commerciales de grille. Également, elle indique que le jumelage du concept d’architecture orientée vers les services et de la grille informatique allouerait le développement et l’exploitation de services d’applications, sans égard à l’architecture sous-jacente, où l’ajout ou le retrait de ressources n’affecterait pas le développement d’applications. D’ailleurs, un groupe de recherche a observé que les grilles permettent aux adoptants précoces d’exploiter des services Web de meilleure façon, plus rapidement et à moindre coût.

Toutefois, les fournisseurs indépendants de logiciels interrogés n’apprécieraient pas les enjeux associés à l’adaptation de leurs produits. Cette adaptation nécessiterait l’écriture ou la réécriture de l’application et des interfaces de programmation, alors que l’exploitation d’une telle application dans un environnement distribué entraînerait des enjeux de partage du travail, de mise en attente, de partage de la mémoire et de gestion des données. L’approche présenterait aussi un danger lorsque deux applications souhaiteraient utiliser la même ressource en même temps, alors que la gestion de la sortie d’un travail comporterait également des enjeux de cache et d’intégration des ressources de réseautique, de traitement et de stockage.

« Le soutien pour la virtualisation et pour une architecture orientée vers les services est la direction clé typique pour les fournisseurs de logiciels qui n’ont pas encore adapté leurs logiciels pour l’informatique en grille. Ces fournisseurs disent qu’ils voient encore une demande limitée pour les applications utilisables en grille, bien que les adoptants précoces disent être souvent frustrés par l’immobilisme des fournisseurs », a dit William Fellows, analyste en chef au 451 Group.

Pour leur part, les analystes d’Insight estiment qu’il y aura une convergence de l’informatique en grille et des services Web, ce qui aura un impact sur la qualité et la diversité des services Web. Le développement de standards pour un cadre de travail des ressources pour les services Web (WSRF), sous la gouverne de l’organisation OASIS, permettra d’établir des standards ouverts pour recourir aux services transitoires et à la gestion de l’état pour les grilles. Ceci allouera les développeurs Web de recourir aux grilles informatiques, qui contribueront à leur tour au développement et à l’éventuelle adoption commerciale du concept d’informatique à la demande.

Jean-François Ferland
Jean-François Ferland
Jean-François Ferland a occupé les fonctions de journaliste, d'adjoint au rédacteur en chef et de rédacteur en chef au magazine Direction informatique.

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