HP dope ses serveurs X86

Sur un champ de bataille, un général peut vouloir mettre toutes les chances de son bord en contre-attaquant avec ses meilleures unités, celles qui en imposent déjà. D’ou la logique derrière le lancement qu’effectuait lundi dernier la division Serveurs et Stockage de HP, un lancement qui en a étonné plus d’un.

(Las Vegas) Dans une avalanche de chiffres prometteurs fournis aux participants de la « Global Partner Conference » de 2012, Hewlett-Packard lançait lundi après-midi à Las Vegas le signal qu’elle était de retour aux affaires et que l’ère Apotheker était chose du passé. Pour ce faire, Dave Donatelli, le vice-président exécutif et directeur général de la division texane ESSN (Enterprise Servers, Storage, Networking and Technology Services) lançait une nouvelle gamme de serveurs X86 bardés d’intelligence et d’automatismes, les ProLiant Gen8, des machines disponibles le mois prochain avec comme mission celle de « changer l’industrie du serveur ».

Fait à souligner, l’événement avait lieu sans la présence du grand partenaire Intel dont le processeur à huit coeurs, le Xeon-E5 ne se profile toujours pas à l’horizon. Comme les Gen8 viennent remplacer les ProLiant G7 dont le processeur Intel est un Xeon 5500 ou 5600 (il y a aussi des Opteron d’AMD), on peut déduire qu’ils utiliseront le très attendu Xeon E5 (Sandy Bridge-EP) qui se veut la suite stéroïdée du 5500. Mais rien n’a transpiré, personne n’a dit mot. Mystère et boule de gomme ! (1)

Malgré la suite de catastrophes qui a frappé HP en 2011, la ESSN a vraiment bien tiré son épingle du jeu (voir encadré ci-contre). C’est dommage que son patron ait ouvert le bal en inondant les participants de statistiques, de pourcentages, de promesses et en soulignant bien gras les occasions d’affaires destinées aux partenaires. Comme ce discours a été repris et peaufiné dans presque toutes les présentations subséquentes, tout laisse croire que le marketing a su, hélas!, faire taire l’ingénierie.

C’est donc à force de répétition qu’on a fini par comprendre que cette génération de machines, était beaucoup plus rapide que celle des ProLiant G7, qu’elle consommait beaucoup moins d’énergie et surtout, qu’elle était capable de délester l’équipe des TI d’une grande partie de ses tâches grâce à une capacité d’automatisation inédite. Le refrain ? Il faut contrer la tradition voulant que pour un dollar investi dans un parc de serveurs, il y en ait trois qui servent à l’entretien

Ces affirmations proviennent des évaluations obtenues durant la période de test. La plateforme Gen8 a en effet été mise à l’essai chez une centaine de clients d’HP, ce qui aurait permis d’apporter plus de 150 innovations, certaines très intéressantes. En plus, a soutenu Dave Donatelli, cette façon de procéder a permis d’établir à cinq mois le retour sur l’investissement en cas d’achat. Par contre, aucun prix n’a été mentionné.

Plus rapides et moins énergivore? Démonstration à l’appui, on a pu voir deux serveurs côte à côte, des engins comparables en ce qui a trait à la mémoire et au processeur et on a pu constater que l’une des deux bafouait littéralement l’autre sur le plan vitesse d’exécution et consommation réduite d’énergie. La gagnante bénéficiait de l’architecture Gen8, l’autre de la G7. On imagine le gain supplémentaire lorsque les Gen8 se feront insérer un processeur Xeon G5.

HP est arrivé à hisser de 70 % la capacité de calcul par Watt utilisé. Dans l’ensemble, en prenant en compte la myriade de petites trouvailles relative à la consommation d’énergie, on estime chez HP qu’à tous les quatre Gen8 de connectés dans un parc de serveurs, il est possible d’en activer un cinquième sans rien ajouter à la facture d’électricité.

Capacité d’automatisation ? La grande caractéristique des nouvelles machines, affirment les évangélistes HP à la grandeur de la « Global Partner Conference », c’est qu’elles sont capables de délester l’équipe des TI d’une grande partie de ses tâches en raison de leur capacité d’automatisation. Elles peuvent lui simplifier la vie grâce aux dispositifs intelligents dont on les a équipées, tout comme on l’a fait (jusqu’à un certain point) pour leurs châssis et leurs connecteurs. Et cela vaut aussi bien pour les entreprises qui fonctionnent en mode « nuage privé » que celles qui fournissent aux autres de l’espace infonuagique.

Citons la firme de recherche IDG

– HP est numéro 1 sur le marché mondial des serveurs avec 29,8 % du marché;

– Il en a été ainsi au cours des 38 derniers trimestres;

– HP encaisse 51 % des revenus mondiaux du marché des serveurs sur châssis, ce qui en fait le no 1 au monde;

– Cela signifie 2,2 fois les livraisons d’IBM et 5,7 fois celles de Dell;

– Sur la planète, HP est le plus important fabricant de serveurs à base de processeurs Itanium;

– HP est également no 1 en ce qui a trait aux serveurs sous Windows avec 37,6 % du marché, ainsi qu’à ceux sous Linux avec 30,7 % du marché.

Il y a là de quoi remonter le moral des actionnaires et faire oublier les mésaventures du TouchPad, et des ordiphones, ainsi que la mise en vente (décision cassée) de la division PC.

Ce chamboulement majeur a été amorcé du temps du P.D.G. Mark Hurd, il a filé sans anicroche durant le court règne de Leo Apotheker et il bat actuellement son plein. En fait, il a été structuré en trois volets et, dans cette logique, les ProLiant Gen8 s’inscrivent dans le troisième sous le nom de « Projet Voyageur ». C’est un volet qui aurait nécessité, à ce jour, des investissements de R&D de 300 millions de dollars américains et qui aurait permis à HP de déposer 900 nouvelles demandes de brevets.

Quant aux deux premiers volets, ils ont été annoncés l’automne dernier. L’un se nommait « Projet Moonshot », l’autre « Projet Odyssey ». Avec de pareils noms, on imagine HP qui se targue d’être LA meilleure porte d’entrée sur le Nuage (« No one knows the Cloud better than HP! », semble vouloir aller plus loin.

Moonshot était le cadre où HP a présenté ses innovations en matière de consommation énergétique réduite (p. ex. le recours à des processeurs ARM). Odyssey, lui, c’est le volet où la multinationale a pu démontrer que les applications de type « mission critique » pouvaient parfaitement bien être tributaires de processeurs X86 ou de produits non Intel comme AMD ou ARM. Un beau pied de nez à Oracle dont la solution Solaris, une variante Unix, a bien des adeptes.

Pour en revenir au 3e volet, celui lancé lundi, on parle de ProActive Insight, une nouvelle architecture de systèmes qui se veut une réponse à la situation intenable (« unsustainable », a dit Mark Potter, patron de la division Serveurs et logiciels) à laquelle les entreprises sont confrontées : avec la révolution multimédia en cours, la masse des données est en croissance exponentielle et elle déjoue toutes les prévisions. On imagine les maux de tête en ces temps de misère économique!

Or, la solution ne serait ni de doubler les pieds carrés dans les centres de données, ni de renforcer l’équipe des TI, des gens qui passeraient déjà 70 % de leur temps à bidouiller « manuellement » leurs systèmes au lieu d’accomplir des tâches plus créatives ou plus stratégiques pour leur entreprise. La solution serait plutôt de recourir à une infrastructure de serveurs intelligents. C’est le gros bon sens, n’est-ce pas? De répéter les porte-parole de HP, ces nouveaux joujoux tripleraient la productivité de leurs administrateurs en éliminant la plupart des opérations manuelles (p. ex. les fastidieuses mises à jour).

Par exemple, quand un serveur plante (downtime), ce qui, une fois sur deux découle d’une erreur humaine, le coût peut être faramineux selon la taille de l’entreprise. Pour éliminer ce risque, les ProLiant Gen8 disposent des technologies Active Health et HP Insight en ligne. Ainsi, le serveur peut analyser automatiquement son propre état de santé en contrôlant 1 600 paramètres d’ingénierie (facultatifs) particuliers au système. Grâce à ces dispositifs, il devient possible, selon HP, de résoudre les problèmes d’interruptions imprévues jusqu’à 66 fois plus rapidement.

C’est ce qui fait dire à Mark Potter qu’il est devenu possible pour les serveurs « de prendre soin d’eux-mêmes, accordant au personnel des centres de données davantage de temps pour l’innovation des affaires. » Tellement vrai, insiste-t-on, qu’on a un taux de réussite de 95 % lors d’une première tentative autonome de réparation décidée par le serveur lui-même («95 % first time fix rate»).

HP semble avoir pensé à tout; plein de bricoles, certaines vraiment géniales, ont été ajoutées, les « Smart Socket » et autres « smart drive ». Je vais vous en faire grâce ici; lisez plutôt l’article de mon collègue Jean-François Ferland.

Est-ce que la géante de Palo Alto va gagner la guerre? On l’ignore. Pour l’instant, tout ce qu’on peut constater, c’est qu’elle a repris l’offensive et qu’elle se vante d’être armée jusqu’aux dents. À l’ennemi d’aller vérifier si ce lourd déferlement de chiffres et de pourcentage tient la route !

(1) Incidemment, on dit Gen8 au lieu de G8 parce que prononcé en anglais – dgi é te – les Chinois y comprennent un mot vulgaire relatif à l’anatomie mâle …)

Pour consulter l’édition numérique du magazine de décembre 2011/janvier 2012 de Direction informatique, Cliquez ici.

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