Gain d’information ou déficit d’attention?

Les technologies de l’information sont omniprésentes dans les lieux d’enseignement. Les professeurs auront de la difficulté à contrôler leur utilisation. Les écoliers et les étudiants sauront-ils tempérer leurs intérêts numériques?

À chaque rentrée scolaire, le même scénario se déroule : les copains se retrouvent, des amitiés se créent, on se raconte ses vacances et on arbore ses fournitures d’école toutes neuves.

Depuis quelques années, voire plus d’une décennie, les étudiants de tous les niveaux d’enseignement sont de plus en plus nombreux à arriver en classe avec un nouvel appareil technologique. Les ordinateurs portatifs, les assistants numériques personnels et les téléphones mobiles évolués sont les produits technos les plus fréquemment utilisés par les apprenants, qu’ils aient été acquis avec de l’argent de poche ou bien fournis par les parents.

Dans certains programmes, du primaire à l’université, l’utilisation de ces outils technologiques est obligatoire. Les professeurs font eux-mêmes une utilisation intensive de l’ordinateur, des outils de création et de communication, de l’Internet et de la réseautique pour enseigner et interagir avec les étudiants. Le son des pages de cahiers qu’on retourne et des crayons qu’on aiguise est alors remplacé par un bruit constant de cliquetis de touches de clavier.

Mais dans d’autres milieux, l’utilisation des technologies est réservée à ceux qui en ont les moyens. Ceux qui possèdent de tels appareils créent de la distraction, de la jalousie et même de la convoitise auprès des confrères de classe qui n’ont pas les sous nécessaires pour avoir le leur. Des professeurs couperont court aux aspirations numériques de ces écoliers en interdisant leur présence en classe. Depuis longtemps, les téléphones mobiles et les téléavertisseurs (s’il en existe encore) sont interdits dans des salles de classe des écoles primaires et secondaires, afin que leurs sonneries ne dérangent pas les autres élèves.

Contrôle et tempérance

Toutefois, il est possible que les professeurs perdent le contrôle de l’utilisation des technologies par leurs élèves. L’ajout de fonctions comme le courrier électronique, la messagerie instantanée et la navigation sur Internet à de petits appareils fait en sorte que des étudiants peuvent communiquer entre eux ou se divertir à l’insu du professeur. Alors que les étudiants semblent avoir une tendance accrue à contester l’autorité, il est possible que celui ou celle qui se fait prendre en flagrant délit s’objecte à ce qu’on lui confisque cet appareil si important qui constitue un prolongement numérique à sa vie physique.

Des parents, plus soucieux de la propriété de biens que de l’éducation de leurs enfants, feront pression pour que l’appareil soit restitué. D’autres, conscients que l’école est un lieu d’apprentissage et non une salle de jeu, diront à leur enfant « qu’il n’avait qu’à bien se comporter » et qu’il devra attendre la fin de la session ou de l’année pour récupérer l’objet. Il paraît que des professeurs ont des tiroirs pleins d’appareils technologiques de toutes sortes à la fin de l’année et que certains produits ne sont même pas réclamés!

Lorsque l’étudiant devient grand, il peut poursuivre ses études au cégep ou à l’université. Là, l’utilisation des technologies est considérée comme étant normale, puisque les enfants sont devenus des adultes qui sont censés avoir assez de discernement et de maturité pour bien utiliser ces appareils technologiques. Or, l’émergence au cours des dernières années des réseaux sociaux et des contenus multimédias constitue une source de distraction qui fait en sorte qu’un étudiant blasé par les propos du professeur peut détourner son attention vers le cyberespace en moins de deux.

Que penser de tout cela? Bien des dirigeants d’organisations diront que ce n’est pas leur problème si les étudiants ne sont pas attentifs en classe à cause des technologies. Ils déchanteront peut-être lorsque les nouveaux employés feront une utilisation constante des appareils technologiques personnels au travail. Que feront-ils alors? S’ils mettent à la porte l’employé, celui-ci haussera les épaules et ira chez un autre employeur. Ils auront alors le choix entre faire de la discipline, délimiter l’utilisation personnelle des technologies ou laisser faire en espérant que les employés étireront leurs heures de travail pour compenser le temps qui n’est pas consacré au boulot.

Reste à savoir de quelle façon l’étudiant et l’employé prendront eux-mêmes conscience de l’importance de bien doser l’utilisation des technologies.

Comme elle est loin, l’époque où les cartes de hockey semaient l’émoi dans les cours d’école…

Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.


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Jean-François Ferland
Jean-François Ferland
Jean-François Ferland a occupé les fonctions de journaliste, d'adjoint au rédacteur en chef et de rédacteur en chef au magazine Direction informatique.

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