En décembre, Windows XP détenait 56,7% du marché mondial. Pourquoi?

À regarder les statistiques, on peut s’étonner que Windows XP soit encore aussi populaire. Mais, à bien y penser, ce n’est là que le résultat d’une réalité axée sur le gros bon sens.

J’ignore s’il s’agit d’une bonne ou d’une mauvaise nouvelle, mais Windows XP, ce système d’exploitation (SE) qui fêtera son dixième anniversaire en octobre prochain, détenait, le 31 décembre dernier, 56,72 % des parts du marché. Ça, c’est aux dires de NetMarketShare, une application de Net Applications, firme spécialisée dans les statistiques de ce genre. Autrement dit, voici un SE de dix ans qui continue de damer le pion à tous les autres, incluant le Mac OS X et le savorama Linux, et de loin.

Toute une histoire ! Un an après son lancement survenu en août 2001, Windows XP avait accaparé une part de 20 % du marché, abaissant du coup celle du populaire Windows 98/98SE à 38 %. Et, un an plus tard, en novembre 2003, il l’emportait sur tous ses rivaux avec 42,6 %, ce qui, selon W3Schools (1), plébiscitait Microsoft dans son rôle d’oligarque de la micro-informatique avec une part de marché évaluée à 93,7 %.

On peut donc parler d’un règne qui a commencé en septembre 2003, quelque deux ans après son lancement, étape où Windows XP a coiffé Windows 2000 au poteau en le dépassant de 0,1 % (selon W3Schools), un règne qui ne semble pas vouloir se terminer.

En effet, on a beau se promener d’un fournisseur de statistiques à un autre, Windows XP a fini l’année 2010 bien confortable sur sa chaise curule. En moyenne, on lui a reconnu 45,66 % du marché, soit 22 points de plus que son plus proche concurrent, Windows 7. Voilà donc huit ans que ce système d’exploitation s’épivarde à plus de 42 % et fait la loi. Pas si mal pour un SE que Microsoft ne touche plus qu’avec des bouts de bois.

Mais attention ! Windows 7, un SE lancé en octobre 2009, semble vouloir ruer de la même façon dans les brancards. Douze mois après son Jour 1, il s’enroulait en effet dans le velours du 20 % (plus ou moins selon les sources) et, fin décembre, il dépassait la barre du 23 %. Si le modèle de 2003 s’applique (j’ai bien dit « si »), cela pourrait signifier qu’en octobre prochain, il dépassera d’une longueur de nez Windows XP, un SE vieux de dix ans. « Le roi est mort, vive le roi ! », scandera-t-on, tout en s’en remettant au « photos-finish ».

Pourquoi un tel règne, du jamais vu dans les annales ? C’est une question de logique. Dans les entreprises, on a déployé XP avec des années de retard (vous vous rappelez NT4 ?) et on lui a adapté ses progiciels de gestion et autres outils de travail. En même temps, Vista est apparu et, comme un rôti de porc frais servi après la dinde et les tourtières, personne n’a eu le courage d’en manger. Pire, quand Windows 7 est finalement apparu, tout allait tellement bien avec XP qu’on a, encore une fois, choisi de passer son tour.

D’où la pression sur Microsoft pour permettre la rétrogradation vers Windows XP dans le contexte de PC flambants neufs tributaires de licences Windows 7. Redmond a dû plier et cette pratique pourra avoir cours jusqu’à deux ans après le début du règne du successeur de Windows 7. Cela signifie que le pourcentage de PC sous XP continuera d’être important dans les trois ou quatre années à venir, du moins au niveau des entreprises.

Quant à celui du petit entrepreneur ou du consommateur, ce n’est pas si différent. Prenez mon petit cas de journaliste techno. Sur dix ordinateurs (dont sept en réseau), j’en ai deux sous Windows 7, trois sous Mac OS X 10.6, un sous Ubuntu 10.10 et quatre sous Windows XP SP3. Ces derniers sont de rutilants P4 pétants de santé qui font parfaitement bien ce pour quoi ils sont utilisés. Tous sont nantis de prises USB2, de graveurs de DVD, d’adaptateurs WiFi et de tout le Saint-Frusquin essentiel aux petits bureaux. Les faire passer à Windows 7 ne me donnerait aucun gain de productivité et me créerait possiblement des ennuis de configuration. Donc je les garde tels quels et je les optimise de temps à autres.

Par contre, je sais qu’un jour qui n’est pas venu et qui fatalement viendra, ces quatre PC termineront à tour de rôle leur cycle de vie utile. Autrement dit, ils se réveilleront un bon matin dans un état où les réparer coûtera quasiment aussi cher que de les remplacer par des neufs. Donc, ils seront ignominieusement envoyés à la casse; ce n’est qu’à ce moment que mes licences de Windows XP seront remplacées par de nouvelles aux couleurs de Windows 7, voire de Windows 8.

En attendant, XP est un système d’exploitation moderne qui sait prendre en charge les besoins les plus connus. S’il est vrai que Windows 7 va beaucoup plus loin, son aïeul n’a pas encore commencé à déclarer forfait devant des tâches à accomplir. Du moins chez moi. Évidemment, il souffre de sa limite de 4 Go en ce qui a trait à la mémoire vive qu’il peut gérer. Mais bon, vais-je changer quatre PC parce qu’un jour, je voudrai les rehausser à plus de 4 Go de RAM ? Soyons sérieux.

Et croyez-vous vraiment que l’informatique ait fait de si grands bonds depuis 2004 ou 2005, années où Windows XP était à son pinacle, le rendant caduc ? Pantoute ! L’innovation fut majeure, c’est certain, mais elle fut surtout active en mobilité et dans les télécoms.

Pour tout dire, c’est plus que le syndrome « vieille pantoufle confortable » auquel on a affaire ici, c’est le réflexe du gros bon sens. De toute façon, Microsoft ne l’a-t-elle pas voulu ainsi ? Quand elle lança XP en 2001, les utilisateurs de Windows 3.1 et de Windows 95 furent abandonnés (avec vivres) sur une île déserte. Aucun moyen simple ne leur fut proposé pour se mettre à niveau.

Puis, en janvier 2007, quand ce fut au tour de Vista d’être propulsé sous les feux de la rampe (avec au moins un an de retard), les proprios de Windows 2000 furent à leur tour traités comme des pestiférés.

Ainsi, l’an dernier, les utilisateurs de Windows XP furent laissés pour compte quand apparut le flamboyant Windows 7. Ce qui signifie que s’il est facile facile de passer de Vista à Windows 7, ça se fait sans cadeau à partir de XP. Face à cette situation, bien des gens ont décidé de ne pas se casser la tête et de ne pas payer le gros prix pour Windows 7, en demeurant sous XP. Ce qui est cohérent !

Bref, XP est loin d’être en voie d’extinction, même si Vista est en train de fondre tranquillement et même si Windows 7 est meilleur. Rendu à l’éventuel Windows 8, on verra. En attendant, répétons le vieil adage anglo-saxon : « If it ain’t broke don’t fix it ! »

(1) Source de statistiques réputée comme étant peu complaisante à l’endroit de Microsoft.

Nelson Dumais est journaliste indépendant, spécialisé en technologies de l’information depuis plus de 20 ans.

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