Emplois : gris à court terme, rose à long terme

Alors que Monster.ca note une baisse importante du recrutement en ligne à court terme, Jobboom prédit un avenir très optimiste pour l’emploi d’ici 2012, et plus particulièrement dans le secteur des TI.

Les sites de recrutement et de gestion de carrière en ligne Monster.ca et Jobboom.com ont dévoilé les résultats d’études complémentaires sur le marché du travail au pays. Alors que Monster s’est penché sur le niveau d’activité sur les principaux sites canadiens de recrutement et de gestion de carrière, Jobboom s’est appliqué à établir des perspectives d’avenir concernant la demande de main-d’oeuvre au pays, tous secteurs confondus.

Étant donné la différence de points de vue des deux études, leurs conclusions diffèrent. Ainsi, les observations à court terme du premier site sont beaucoup plus négatives que les prédictions à long terme du second, dénotant ainsi l’impact négatif de la crise économique sur le marché de l’emploi.

C’est dans cette perspective que Monster.ca note une diminution significative du niveau d’activité sur les sites de recrutement en ligne au quatrième trimestre de 2008, à la grandeur du pays. L’entreprise se base sur un indice maison, appelé Indice Monster de l’emploi et qui analyse le niveau d’activité ayant cours sur une grande variété de sites de carrière et de tableaux d’affichage d’offres d’emploi d’entreprises, y compris le sien, pour établir cette affirmation. Portant sur dix catégories de professions, cet indice atteint la valeur de 118 au quatrième trimestre, ce qui représente une baisse de 22 % sur le même trimestre de 2007, alors qu’il atteignait 151. L’Indice, que l’entreprise calcule depuis 2005 sur une base trimestrielle, a chuté de façon progressive, étant passé de 160 au deuxième trimestre de 2008 à 145 au troisième trimestre.

Bien que toutes les catégories d’emplois suivies par l’Indice aient enregistré une baisse des activités de recrutement en ligne, ce sont les catégories Métiers, Transport et Professions du secteur primaire qui ont affiché les pertes les plus importantes, soit 26 % d’année en année, et celles des Professions des arts, culture, sports et loisir, les moins importantes (2 %).

Sur une base régionale, le Québec ne s’en tire pas trop mal, son indice ayant affiché une baisse de 17 points d’année en année. La baisse la plus importante a eu lieu en Nouvelle-Écosse, dont l’indice a perdu 39 points par rapport à 2007, alors que la baisse la moins importante avait lieu au Manitoba et à Terre-Neuve/Labrador (11 points). À l’intérieur même de la province, les villes de Montréal et de Québec sont aux antipodes, la première affichant une des baisses les plus marquées, soit 38 points, et la deuxième, l’une des moins importantes, soit 8 points.

Perspectives d’avenir

Pour sa part, Jobboom fonde son optimisme sur l’enquête qu’elle a menée auprès de 150 programmes de formation professionnelle, technique et universitaire, laquelle conclut à un taux de chômage d’au plus 5 %; pour 82 programmes, il est même inférieur à 4 %, ce qui équivaut à une situation qualifiée de « plein emploi », aux dires de l’entreprise qui a consulté 400 intervenants pour établir ses prédictions. Ayant profité de l’occasion pour dévoiler son ouvrage Les Carrières d’avenir 2009, Jobboom s’attend à ce que le marché de l’emploi entre dans sa phase critique en 2012, alors que la demande ne cessera de s’intensifier, suite notamment au départ pour la retraite des baby-boomers.

L’entreprise prévoit donc d’ici là un déséquilibre important entre le nombre de diplômés et le nombre d’offres d’emploi dans au moins une cinquantaine de disciplines. En outre, les diplômés en technologies de l’information (TI) sont en bonne position pour profiter de ce déséquilibre entre l’offre et la demande. Il y a, par exemple, 162 offres d’emploi pour les 14 diplômés du programme de techniques de bureautique du Cégep de Rosemont.

Le secteur des TI fait d’ailleurs partie des secteurs de choix, tels qu’identifiés par Jobboom et qui comprennent aussi les secteurs de l’aérospatiale, de l’agriculture, des assurances et de la biotechnologie et pharmaceutique. C’est dans cette perspective que l’entreprise s’attend à ce que 33 000 nouveaux travailleurs en TI doivent être recrutés d’ici 2011 au Québec pour répondre à la demande. Le secteur, qui arrive à peine à satisfaire ses besoins en main-d’oeuvre aujourd’hui, employait 53 000 personnes en 2006.

En outre, la demande de main-d’oeuvre dans le sous-secteur du jeu électronique et du multimédia, qui employait 6 000 personnes en 2008, sera stimulée au cours des prochaines années par l’arrivée du jeu électronique sur téléphone cellulaire. Le déséquilibre entre l’offre et la demande est déjà important dans ce sous-secteur, qui est l’un des sous-secteurs des TI qui se portent le mieux au Québec actuellement. Les candidats possédant un baccalauréat ou une maîtrise sont particulièrement recherchés, sauf en ce qui a trait aux graphistes et aux designers pour qui un diplôme d’études collégiales ou professionnelles suffit.

« Il faut dépasser les réflexes de court terme et les commentaires alarmistes, conclut Patricia Richard, directrice générale des contenus, Éditions Jobboom. Cela a marqué la récession des années 90 et a conduit à des baisses dramatiques d’inscriptions dans les programmes reliés à des secteurs alors en difficulté. Les conséquences se font encore sentir aujourd’hui. Quand ces secteurs entrent dans un cycle de reprise alors que les travailleurs et les étudiants les ont boudés pendant plusieurs années, la situation est problématique. De surcroît, la décroissance de la population active que connaît le Québec oblige à une meilleure planification de la main-d’œuvre, peu importe le contexte économique. »

« Le vieillissement de la main-d’œuvre est une tendance à moyen et à long terme, alors que le ralentissement économique, on n’en parlera peut-être plus dans un an, renchérit Simon Prévost, vice-président Québec de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante. Certains secteurs continueront d’être en pénurie [de personnel], même à travers le ralentissement. »

Alain Beaulieu est adjoint au rédacteur en chef au magazine Direction informatique.

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