Déménager ou rester là 

Peut-être vous souvenez-vous de ce tube des années 60 interprété par la regrettée Pauline Julien, «Déménager ou rester là». C’est un peu ce ver que j’ai à l’oreille en rapport avec les lourdes mises à niveau qui se profilent devant moi. Vais-je déménager vers OS X 10.8 et vers Windows 8 ou vais-je rester avec OS X 10.7 et Windows 7?

L’angoisse m’assaille, me gruge les méninges, m’aiguise le caractère, me bloque la digestion, me rend inopérante la galanterie nocturne. J’aurai bientôt deux décisions très sérieuses à prendre dans un contexte où les enjeux sont fondamentaux. En 2012, vais-je rehausser mes Mac vers l’OS X 10.8 (Mountain Lion) et vais-je faire passer mes PC à Windows  8 – Metro? Voilà, en gros, la cause principale de mes insomnies; c’est à un point tel que je ne pense même plus à ma machine Linux!

SI je réponds oui aux deux éléments de ma question, je ne suis vraiment pas sorti de l’auberge. L’OS X 10.8 aura beau apparaître un trimestre avant Win 8, ce qui, théoriquement, pourrait me donner le temps nécessaire à bien l’apprivoiser avant de passer à son concurrent de Redmond,  ça ne changera rien au fait que je devrai galérer sérieusement.

Voyez-vous, en installant Mountain Lion, je me trouve à adhérer à un écosystème dont commence sérieusement à faire partie l’iOS, le système d’exploitation des iMachins. En entrant mon ID Apple et son mot de passe, il me deviendra possible d’intégrer toute mon information importante : rien à télécharger, rien à configurer. Je rejoindrai ces millions d’utilisateurs d’iOS qui se servent déjà d’iMessage, de Reminders, du iCloud ou encore du Game Center et qui pourront naturellement continuer à le faire sur un Mac grâce à OS X (quel bon argument de vente…).

En acceptant cette vision, je pourrai, par exemple, n’avoir qu’un seul service de messagerie finement intégré (aucun bizounage requis) dans mes bidules mobiles (iPhone et MacBook Pro) et dans mes machines sédentaires (Mac mini et Mac Pro) : même info, même interface, même source, différentes machines, zéro config, déclare-t-on dans les milieux branchés! Autrement dit, en acceptant cette ergonomie imaginée, semble-t-il, par Steve Jobs lui-même, ma cyberprésence se trouvera à basculer du côté Apple de la force.

Mais si je réponds oui, j’aurai l’air un peu nono quand ce sera au tour de Windows 8 de vouloir s’installer dans ma vie. Bien que moins en profondeur, lui aussi, à sa façon, propose une intégration avec la fine pointe de la mobilité. Son interface Metro ressemble à celle de Win Phone 7. L’architecture du nouveau SE lui permettra de ronronner tout en béatitude sous le plus petit des processeurs ARM comme sous les gros fardiers stéroïdés d’Intel. Et ici aussi, on parle d’un écosystème. Pas comme chez Apple où tout est contrôlé propre propre propre, mais quand même.

En adoptant ce modèle informatique, je devrai logiquement privilégier un téléphone Windows quand il me faudra me renégocier un forfait mobile quelque part. Ce serait en effet rater une belle occasion que de continuer avec Android ou iOS, des avenues moins naturelles à Win 8 mais qui, bien sûr, finissent par se connecter comme c’est déjà le cas sous Win XP, Vista et 7. Et, quand j’y pense sérieusement, ne serait-ce pas là un geste sensé que de passer pour de bon à Win 8? Ne suis-je pas un inconditionnel d’Outlook? J’ai essayé autant comme autant d’abandonner ce gros module de Microsoft Office, mais je n’ai jamais pu me résoudre. Outlook, c’est LA norme. Ça marche parfaitement bien et je sais comment en tirer profit.

D’un autre côté, sachant ce à quoi je m’expose en répondant oui aux deux éléments de la question, il se peut que je décline l’offre d’Apple et de Microsoft. Et pour cause!

Je viens à peine de terminer la migration de mes Mac vers OS X 10.7 (Lion) et il y a plein de trucs que je découvre au fil de mon utilisation. Quant à mes PC, jamais ils n’ont aussi bien fonctionné depuis que j’utilise Win 7. Je me targue même de dire, moi qui ai vraiment, oui vraiment, utilisé toutes les versions de Windows depuis le tout début, surtout depuis la 3.1, que cette mouture est la plus belle, la mieux ficelée et la plus satisfaisante jamais lancée par l’Empire de Redmond. XP, à côté, c’est de la petite bière.

Si, cette fois, je « passe mon tour », cela signifie que je refuse de me faire embrigader dans un écosystème. Je ne peux adhérer en même temps à celui de Cupertino et à celui de Redmond; on m’impose un choix. Comprenez mon angoisse.

J’adore Photoshop et j’estime que les versions PC, du moins les CS 3, 4, 5 et 5.5, sont infiniment plus conviviales et productives que leurs équivalents Mac. Par contre, je déteste le logiciel de montage d’Adobe, Premiere; je n’ai jamais pu me l’entrer en tête. Il en est tout autrement de FinalCut Pro X, un produit OS X fabriqué par Apple avec lequel j’ai beaucoup de plaisir. Si je bidouille un clip vidéo, je prépare mes images fixes dans Photoshop PC et je les monte sur Mac dans FinalCut Pro X.

Vous me voyez venir? Par analogie, je dispose d’un compte infonuagique de messagerie chez Apple (me.com), mais je le gère dans Outlook 2010 sur PC. Ma collection de photos et de pièces musicales est dans un Mac mini sous iPhoto et iTunes (détestable sous Windows); je n’aime pas Windows Media Player et je déteste Picasa de Google. Heureusement, certains produits me permettent de travailler aussi bien sur Mac que sur PC. Je pense à des logiciels comme VLC, QuickTime, Firefox, Chrome, Opera, Adobe InDesign et bien d’autres.

Côté bureautique, je colle avec Microsoft Office pour des raisons associées au syndrome de la vieille pantoufle. Ici, je privilégie la plateforme Windows, même si sur Mac, j’utilise l’excellente version Office:mac 2012. C’est un problème plus fondamental relié à ma productivité. C’est que, contre toute logique, je persiste à utiliser la configuration de clavier dite patrimoniale (French Legacy). Pour taper un « à » un « è » ou un « ù », on appuie sur la touche à gauche de Enter en même temps que sur le lettre qu’on veut accentuer; seul Windows rend cela possible. Autre exemple d’inconvénient, je n’ai jamais réussi à générer avec mes claviers Mac des guillemets anglais (ces “…” qui sont pourtant essentiels quand on tape du HTML). Ce qui fait de moi, côté clavier, un cas lourd de résistance au changement.

Bref, comme c’est là, j’ai d’excellentes raisons (en plus d’aimer les ordis) de conserver dans mon univers les deux plates-formes dominantes. Ma crainte, si je me laisse séduire par les mises à niveau majeures qui s’en viennent, c’est que je devrai briser cette belle cyberharmonie.

Il paraîtrait qu’on ne peut prendre que le meilleur dans les différents camps. On ne peut choisir un design de Ferrari sur un châssis de Mercedes, avec un moteur de Nissan et une suspension de Lincoln. Il faut plutôt choisir un camp et s’y résigner. Car dans la vie, on est blanc ou noir, Québécois ou Canadien, yin ou yang. Alors, j’angoisse.

Que faire? Déménager ou rester là?

Pour consulter l’édition numérique du magazine de décembre 2011/janvier 2012 de Direction informatique, cliquez ici

Nelson Dumais est journaliste indépendant, spécialisé en technologies de l’information depuis plus de 20 ans.

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