De toutes les couleurs

Koodo vante en rose et en bleu ses services à forfait économiques, tandis que les consommateurs voient rouge devant les tarifs de transmission de données mobiles. Malgré tout, certains se tournent vers le marché gris pour acheter les appareils les plus attrayants. Un débat haut en couleur.

La téléphonie mobile, qu’on appelait il n’y a pas si longtemps « le cellulaire », n’a pas fini de faire parler d’elle.

Cette semaine, un fournisseur de services de télécommunications lançait un service prépayé à grand renfort de publicité dans les journaux et sur les panneaux d’affichage. Cette initiative mercantile visait à aligner l’offre du fournisseur avec celle des concurrents, présents sur le marché canadien.

Le lancement de ce service a permis de confirmer l’insatisfaction des consommateurs envers l’offre actuelle sur le marché des services de communications sans fil. L’insatisfaction, telle qu’exprimée sur Internet notamment, ne vise pas le nouveau service, mais plutôt l’état général de l’offre qui émane de fournisseurs dont le nombre se compte sur les doigts d’une main.

Des consommateurs voient rouge lorsqu’ils comparent le coût des forfaits mensuels ou bien les frais exigés par les fournisseurs canadiens avec la situation d’autres marchés de la planète. Alors que l’offre sur le marché canadien concerne des blocs de temps pour les communications vocales ou l’envoi de messages texte, plusieurs déplorent le retard de l’adaptation des forfaits pour la transmission de données sur les appareils mobiles.

Les fournisseurs font l’éloge des appareils et des services de nouvelle génération, qui permettent de prendre des photos ou de filmer des clips vidéo, d’écouter de la musique ou de visionner des émissions télé en rafale, de surfer sur Internet ou de recevoir des courriels. Ces fonctions impliquent la réception et l’envoi de données, pour lesquels les forfaits consistent en des blocs de données qui sont offerts à un tarif mensuel, avec des frais additionnels pour la consommation excédentaire.

Or, des internautes soulignent que le Canada est « pire que des pays du tiers-monde » en matière d’accès aux données sans fil. Une comparaison du coût exigé par les fournisseurs pour le transfert de 500 mégaoctets de données en un mois, effectuée en avril 2007 par Thomas Purves, clame qu’il en coûte des centaines, voire des milliers de dollars au Canada, alors qu’il en coûte moins de 75 $ en Nouvelle-Zélande, aux États-Unis et au Rwanda.

Des consommateurs sont verts d’envie envers les réseaux de nouvelle génération qui sont implantés dans d’autres pays et qui offrent une bande passante élargie et une diffusion accélérée de contenus à plus grande qualité. Certes, les fournisseurs se préparent à participer à une enchère pour l’obtention de fréquences qui permettront d’exploiter de tels réseaux, mais il faudra attendre plusieurs mois avant de voir ces réseaux entrer en fonction.

Des consommateurs « ont les bleus » lorsqu’ils voient que d’autres marchés de la planète bénéficient d’appareils multifonctions qui offrent une capacité accrue à celle des appareils offerts au Canada, par exemple pour la prise de photos à une résolution de plusieurs mégapixels.

Impatience

Au grand dam de l’industrie, certains consommateurs voient gris en matière d’accessibilité des appareils évolués. Notamment, le iPhone d’Apple, disponible depuis quelques mois aux États-Unis, fait l’objet d’achats et de modifications sur un marché parallèle de la part de ceux qui ne veulent plus attendre qu’il soit offert au Canada.

Le fabricant des appareils fait face à une situation particulière qui retarde la mise en marché du produit : d’un côté, une autre entreprise détient les droits sur la marque du produit, et de l’autre, le seul fournisseur apte à exploiter l’appareil n’offre pas des forfaits de données abordables… Néanmoins, des dizaines de personnes n’hésitent pas à payer le fort prix pour profiter de produits évolués.

D’ailleurs, les manifestations de contrariété en matière de téléphonie mobile sont multiples sur la Toile. Certains ont fondé des groupes d’intérêt sur Facebook et d’autres ont créé des pétitions afin que l’offre de produits ou l’adaptation des forfaits devienne une réalité au Canada.

Enfin, les inquiétudes des consommateurs ne sont pas exclusives aux individus, puisque des gestionnaires d’entreprise voient pourpre lorsqu’ils comparent les coûts des forfaits corporatifs avec ceux d’autres marchés. Les grandes organisations obtiennent des tarifs préférentiels, mais il en coûte tout de même plus cher ici qu’ailleurs. D’ailleurs, la CBC, en novembre 2007, a produit un intéressant dossier à propos des impacts des tarifs élevés sur les entreprises et l’économie.

Espérons que l’industrie ajustera bientôt son tir, ou que des institutions gouvernementales ou réglementaires forceront le changement de la donne. Le pays qui a longtemps fait l’envie d’autres nations en matière de télécommunications pourra ainsi reprendre sa place d’honneur. Alors, les consommateurs verront un arc-en-ciel illuminer le paysage de la téléphonie mobile.

Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.


À lire aussi cette semaine: De l’espoir pour la future main-d’oeuvre en TI Octas 2008 : mise en valeur d’une industrie en évolution Koodo Mobile : mieux vaut tard que jamais L’actualité des TI en bref La sécurité, une question de culture?

Jean-François Ferland
Jean-François Ferland
Jean-François Ferland a occupé les fonctions de journaliste, d'adjoint au rédacteur en chef et de rédacteur en chef au magazine Direction informatique.

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