De la carte perforée au Web 2.0 : L’aventure de la micro-informatique

Du 3 au 9 septembre, au Pavillon d’éducation communautaire (PEC) Hochelaga-Maisonneuve, vous pourrez survoler 30 ans d’histoire de l’informatique. Une exposition à ne pas manquer.

Pour vous parler de L’aventure de la micro-informatique, une exposition qu’il ne vous faut surtout pas rater, il va me falloir passer par Paris pour vous amener à Montréal, coin Pie-IX et Ontario (à quatre pas et quart de la station de métro Pie-IX). Cela parce que du 3 au 9 septembre, entre 9 et 17 heures, les gens du Pavillon d’éducation communautaire (PEC) Hochelaga-Maisonneuve vous feront survoler 30 ans d’histoire, vous faisant passer des cartes perforées au Web 2.0, cela avec guides, explications et, surtout, artefacts.

Passer par Paris? Bien entendu. C’est là qu’on retrouve le Musée de l’informatique, la seule institution de ce genre en Europe. Hébergé au sommet de la Grande Arche de la Défense, ce centre est devenu depuis son ouverture en 2007, le vingtième lieu de visite le plus fréquenté à Paris, le premier et le deuxième étant la Tour Eiffel et le Musée du Louvre. On parle de 300 000 visiteurs par an, ce qui justifie une équipe de 40 employés. Pas si mal pour un organisme sans but lucratif (OSBL) qui n’a pas trois ans. Pour son directeur fondateur, le journaliste techno Philippe Nieuwbourg, c’est bien la preuve qu’un tel concept est viable.

Évidemment, Paris, ce n’est pas Montréal; l’échelle est différente. Reste que Montréal est un des centres majeurs de la techno nord-américaine, réalité qui, à l’instar du musée parisien, pourrait s’avérer un atout de premier plan. Les boîtes informatiques de Paris ont vite pris l’habitude de fréquenter « leur » musée, voire même d’y tenir fêtes et congrès, m’a expliqué le confrère Nieuwbourg, coprésident d’honneur de l’exposition montréalaise. Que peut-on espérer de mieux pour garantir un roulement et une certaine pérennité? Tout cela pour dire que si ç’a été possible à Paris, pourquoi ce ne le serait pas à Montréal?

Touchés dans leur quotidien

Dans le cas du Musée de l’informatique, Philippe Nieuwbourg avait déjà une solide collection d’objets, dont certains plutôt rares dont un Micral, le micro-ordinateur que les Français considèrent comme étant le plus ancien au monde. Dans le cas de Montréal, le PEC Hochelaga-Maisonneuve dispose également d’une belle collection de machines. « Ça marche parce que ça touche les gens dans leur quotidien, explique M. Nieuwbourg. Ils voient des machines qu’ils ont connues dans les 30 dernières années, avec lesquelles ils ont peut-être travaillé. »

L’appellation « musée informatique » n’est-elle pas paradoxale? Habituellement, les musées à vocation historienne ne font pas dans le très récent. Comment l’informatique, science bien actuelle plutôt jeune, peut-elle devenir sujet d’intérêt muséographique? Comment intéresser les grands experts en muséologie à une évolution d’interrupteurs, à un empilage fou d’inventions pas toujours gagnantes, à de l’intangible ne pouvant émouvoir que certains détenteurs de PhD? « Nous avons comprimé les trente dernières années, répond le directeur parisien. Nous avons pu passer de la naissance de la micro-informatique à son futur. Les gens viennent et ils disent : on a connu tout ça! On était là! Mais ça s’est passé tellement rapidement! Où s’en va-t-on maintenant? Qu’est-ce que ce sera dans trente ans d’ici? »

Pourquoi alors ne pas créer un musée avec pignon sur rue à Montréal? Une question d’argent. Hochelaga-Maisonneuve est dans l’opposition aussi bien au municipal, qu’au provincial et qu’au fédéral. Jusqu’ici, les demandes d’aide financière ont été rejetées. En ce sens, la méthode traditionnelle pour concrétiser un tel projet, soit l’obtention de subventions, ne fonctionne pas. En tout cas pour l’instant. Il faut donc agir autrement.

Un intérêt pour l’industrie?

D’où l’idée d’une exposition comme L’aventure de la micro-informatique. Si ça marche, si les gens viennent, si des gens de l’industrie s’y intéressent, ce sera la preuve qu’il y a lieu d’aller plus loin, qu’il y a un marché pour ce genre particulier d’activité, bref, qu’un éventuel musée pourrait être viable. Car qui dit institution muséale dit roue qui se met à tourner. Les donateurs se pointent, les collections s’enrichissent, leur nombre augmente, les expositions deviennent de plus en plus intéressantes, cela attire de nouveaux donateurs, ce qui amène davantage de gens, de visites scolaires, de projets éducatifs, ce qui fait croître les recettes de billetteries, enfin, ce qui enrobe le projet d’un baume de crédibilité. Là, l’État finit par appuyer; un ministre aura été ému, un fonctionnaire impressionné, un journaliste scandalisé.

Donateurs? Effectivement, sans donateurs, point de collection. « À quoi sert un vieil ordinateur qui dort au grenier ou dans la cave, demande Philippe Nieuwbourg, une machine puissante et utile en son temps que personne ne voit plus jamais, alors que dans une collection de musée, elle pourrait faire la joie de bien des visiteurs? »

C’est tout cela qu’on m’a soutenu hier après-midi. J’ai eu droit en outre aux explications de la DG du PEC Hochalaga-Maisonneuve, Louise Montgrain, et à celles du professeur-conférencier Marc-André Léger, un informaticien bien connu dans le milieu universitaire. C’est d’ailleurs lui qui prononcera certaines des conférences du midi durant la semaine de l’exposition.

Mais en attendant que le rêve se concrétise, il faudra tout remballer les artefacts le 9 septembre au soir. « À Paris, nous avons aussi commencé par une expo, une expo qui a duré huit mois et qui a été visitée par 250 000 personnes. » M. Nieuwbourg est convaincu que la méthode est la bonne. À un point tel que son musée a investi 5 000 $ dans le projet d’Hochelage-Maisonneuve. Il y a même eu jumelage officiel entre les deux organismes. 5 000 $ n’est peut-être pas le pactole tant espéré, « mais c’est une sorte de déclencheur, soutient Mme Montgrain, une base sur laquelle construire le socle de l’étape suivante. »

En un mot, plus on sera d’amateurs à visiter cette expo, plus ses chances de se concrétiser en vrai musée seront importantes.

NDLR: Nelson Dumais a également publié cet article dans son blogue sur technaute.ca. Nous le reproduisons ici avec l’aimable autorisation de l’auteur. Et comme il veut vous mettre l’eau à la bouche pour cette exposition, il a pris de nombreux clichés qui sont en ligne à la fin de son billet.

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