Cycle de vie des technologies: complexe, mais essentiel

En raison de la diversité et des interrelations caractérisant les environnements technologiques, la gestion du cycle de vie des produits devient une activité stratégique au sein des organisations.

La compréhension et la maîtrise des différentes étapes de la gestion du cycle de vie des technologies – depuis l’introduction du produit dans le marché jusqu’au retrait du soutien technique qui y est associé – permet à une organisation de mieux composer avec l’évolution de ses besoins d’affaires, de maintenir des niveaux de service optimaux et d’assurer la rentabilité de ses actifs. Partagé par un grand nombre de spécialistes, dont ceux de Forrester Research, ce point de vue est d’autant plus appuyé que la rapidité des changements est particulièrement marquée au sein de l’industrie des TI.

Si la gestion du cycle de vie peut représenter un avantage considérable, elle pose aussi un défi important. Non seulement les technologies évoluent-elles à un rythme effarant, mais, en cette époque où la complexité des environnements informatiques est plus grande que jamais et où les liens entre ses diverses composantes se multiplient, la gestion du cycle de vie exige un effort accru. « Il y a une dizaine d’années encore, on se contentait d’établir l’inventaire du patrimoine technologique, des actifs financiers, des serveurs et de leurs logiciels », rappelle Cyrille Maltot, directeur et chef de projet au sein de la firme de service-conseil synAIRgis. « Le support et la gestion du changement n’étaient pas nécessairement liés à la gestion des actifs d’inventaire, alors qu’ils jouent un rôle important dans le cycle de vie », dit-il.

Composantes technologiques interreliées et en plus grand nombre

Aujourd’hui, poursuit-il, l’attention des entreprises à cet égard se tourne davantage vers des « services d’affaires réels de bout en bout, qui permettent de gérer le cycle de vie de différentes choses – services, applications et infrastructures ». Dans les environnements actuels, ces éléments sont en lien les uns avec les autres, d’où l’accroissement de la difficulté à en gérer le cycle de vie.

« On voit arriver dans le marché des équipements dont la puissance de traitement s’intègre à la réseautique et au stockage », indique Réjean Bernard, vice-président principal, Technologie et infrastructure chez CGI. Dans la même veine, les applications installées sur les équipements sont très nombreuses, phénomène amplifié par le recours croissant à la virtualisation. On se retrouve ainsi avec un grand nombre d’applications, caractérisées par des besoins différents. Dans ce contexte, la gestion du cycle de vie du matériel est très dépendante de celle des logiciels. « Cela ajoute un élément de complexité qui demande une planification plus raffinée, dit-il. Plus il y a de composantes, plus la gestion du cycle de vie des produits est complexe. »

Fin août, Michael Blecher, vice-président de Gartner et analyste dans le secteur Applications Architecture Research, a écrit dans un blogue que l’on ne doit pas évaluer les technologies isolément, car l’interdépendance des différents éléments influe sur la décision que l’on prendra à savoir quand et de quelle façon l’on doit se départir d’une technologie particulière. La virtualisation, la webisation et l’informatique en nuage sont autant d’éléments de complexification, précise Cyrille Maltot. Idéalement, les services d’affaires doivent être décrits dans une base de données de gestion des configurations (CMDB en anglais). Cela permet d’en connaître précisément les infrastructures et les liens et, ainsi, de planifier l’achat, l’utilisation et la durée de vie des produits requis. Les bases de données CMDB prévoient la gestion des relations entre les différents composants technologiques.

On les appelle « outils de découverte » dit-il, car ils déterminent non seulement les éléments logiciels rattachés aux actifs, mais aussi leurs relations. Selon lui, l’architecture joue un rôle prépondérant au départ parce que de là découlent « l’évolution et la pérennité de l’ensemble ». L’informatique est complexe, ce qui implique des changements complexes à gérer, dont il faut tenir compte d’entrée de jeu. Pour Réjean Bernard, le design et une architecture souple constituent des éléments différenciateurs. « La capacité d’innover doit être prise en compte dans la gestion du cycle de vie des architectures de base. On doit toujours tenir compte de cet élément. Des technologies trop rigides font perdre de grandes opportunités », prévient-il.

Pénétration dans les entreprises

Sachant qu’une organisation peut retirer des avantages appréciables de la gestion du cycle de vie des produits, quelle est la réponse des entreprises à cet égard?

Mentionnons d’abord qu’une gestion efficace en cette matière demande des efforts. Il est facile de reporter à plus tard les mises à jour et les modifications nécessaires à l’optimisation de son environnement. Mais, attention! Les économies ainsi réalisées ne seront que de courte durée, car tôt ou tard viendra le moment de procéder à des changements et cela pourrait représenter alors un projet considérable. « Mieux vaut réaliser une gestion courante et facile, et minimiser les risques de dépassement, estime Réjean Bernard. L’exercice doit tenir compte de la durée de vie de chaque composant, qui peut varier considérablement selon le type et la classe du produit ».

Cyrille Maltot dit avoir connu des organisations où l’on renouvelait à grands frais des contrats de soutien technique sans savoir que les applications visées n’étaient plus utilisées. Selon lui, tous les éléments propres au cycle de vie – patrimoine, logiciels, licences, durée de vie, soutien technique, changements – paraissent compliqués de prime abord, mais une gestion efficace de ces composantes devient rentable à moyen et à long terme. « Les organisations ont tendance à se limiter au strict nécessaire, mais depuis quelques années, de grandes entreprises québécoises prennent le virage de la gestion du cycle de vie », observe-t-il.

De son côté, Réjean Bernard croit que le recours à ce mode de gestion dépend du secteur d’activités et de la taille de l’entreprise. Certaines industries – la finance, par exemple – intègrent davantage les technologies à leurs processus, de sorte que la facilité à ajouter des éléments à leur environnement informatique devient un élément important – qui stimule le besoin de gérer le cycle de vie. D’autres industries, tel le secteur manufacturier, ont tendance « à retarder et à étirer la vie utile des produits. Par ailleurs, la PME n’accorde pas une importance aussi grande au concept, mais aurait peut-être intérêt à le faire », croit-il.

Pour Cyrille Maltot, il est clair que la grande entreprise en retire des avantages plus grands. Cela dit, « la gestion parfaite du cycle de vie est un vœu pieux », tempère-t-il. L’exercice n’est pas facile, car il s’agit de « maintenir l’image de quelque chose qui bouge énormément, le patrimoine informatique de l’entreprise étant en changement constant. »

À cet égard, il existe aujourd’hui des outils de découverte de taille intermédiaire – dont certains sont conçus au Québec – et, même, des logiciels à code source libre. De tels outils facilitent grandement la vie des entreprises en faisant l’inventaire des états gérés ainsi que la gestion des actifs de service et des configurations d’après la méthodologie ITIL (Information Technology Infrastructure Library, ou Bibliothèque pour l’infrastructure des technologies de l’information). Selon Réjean Bernard, un autre facteur susceptible d’aider les entreprises est le logiciel service (SaaS), qui offre la possibilité de se délester quelque peu de la complexité de la gestion du cycle de vie en la confiant au fournisseur d’équipement.

En bout de piste, la diversité et l’envergure des environnements technologiques actuels rendent plus que jamais nécessaire la gestion du cycle de vie. Il devient très ardu de mener efficacement les affaires d’une entreprise sans avoir un portrait précis de ses actifs technologiques, croit Cyrille Maltot. Sans compter que les enjeux environnementaux prennent de l’ampleur et devraient, à court terme, contribuer à donner une impulsion au concept.

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