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    Internet des objets : ça ne concerne pas juste les directeurs des TI

    BLOGUE – Bien que les organismes des TI risquent vraisemblablement d’être le moteur de la mise en application de l’Internet des objets au sein des entreprises, ce seront les utilisateurs des différents secteurs d’activité, allant de la commercialisation aux ventes, qui en récolteront véritablement les fruits.


    Il appartiendra aux services des TI de jeter les bases de la mise en application de l’Internet des objets, c’est-à-dire qu’ils devront s’occuper entre autres de créer le réseau permettant de connecter les appareils et de recueillir les données qu’ils génèrent, en plus de veiller à ce qu’ils soient sécurisés et gérés conformément aux exigences en matière de réglementation et de protection de la vie privée. Cependant, ce sont les applications possibles de ce réseau d’appareils reliés à l’Internet des objets, ainsi que les portes qu’elles ouvriront, qui attirent l’attention des dirigeants des différents secteurs d’activité.

    Le terme « Internet des objets » est peut-être nouveau, mais le concept devrait être familier pour la plupart des utilisateurs de l’entreprise. Comme le mentionne un récent rapport du magazine Harvard Business Review, les entreprises s’en servent depuis des années. « Les entreprises utilisent des capteurs et des réseaux pour fournir un flux continu d’information sur l’emplacement des appareils, la manière dont ils sont utilisés, leur condition et leur environnement depuis plus de 20 ans, révèle le rapport. La croissance explosive des appareils mobiles et des applications, ainsi que la grande accessibilité des connexions sans fils contribuent à mettre cette technologie à l’avant-plan. »

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    Image : Thinkstock

    En prenant en considération l’émergence de l’infonuagique, qui constitue un moyen accessible et peu onéreux de stocker et de traiter toutes les données générées par ces appareils, ainsi que l’adoption accrue de technologies d’analytique de pointe permettant d’extraire de manière plus efficace et rentable des renseignements susceptibles de donner lieu à une action, il est facile de deviner pourquoi l’Internet des objets est sur la voie de transformer le monde des affaires tel que nous le connaissons.

    Une étude réalisée l’an passé par IDC Canada estime que le nombre d’appareils intelligents reliés à l’Internet des objets au Canada passera de 28 millions en 2013 à 114 millions en 2018. Toujours selon le rapport, le compartimentage des départements disparaît peu à peu et les services de TI collaborent avec les différents secteurs d’activité sur des projets axés sur l’Internet des objets. Les dirigeants d’entreprise jouent un rôle de plus en plus important en ce qui a trait au choix de la technologie et, en 2014, environ 24 % des plateformes d’Internet des objets au Canada étaient gérées par des fournisseurs externes.

    Il est aussi intéressant de mentionner que seulement 13 % des organismes déclarent utiliser le même fournisseur pour les appareils, la connectivité, la plateforme logicielle et l’analyse de données. Cela signifie soit que les entreprises qui utilisent l’Internet des objets répartissent les risques entre de multiples fournisseurs soit qu’elles n’ont pas encore trouvé de fournisseur capable de répondre à tous leurs besoins en matière d’Internet des objets.

    Le marché canadien de l’Internet des objets étant voué à la croissance, il est possible que des fournisseurs offrant des solutions plus globales fassent leur apparition. En 2013, 13 % des moyennes et des grandes entreprises du Canada avaient déjà adopté cette technologie et 30 % planifiaient le faire au cours des 24 mois suivants. Les dépenses associées à l’Internet des objets sont susceptibles de passer de 5,6 millions à 21 milliards d’ici 2018. Pour l’instant, les solutions simples axées sur le suivi des actifs et le contrôle de la sécurité sont à l’avant-garde.

    De plus amples recherches ont été réalisées cette année par IDC Canada sur le marché potentiel de l’Internet des objets au Canada et sur la possibilité de croissance en ce qui a trait à 36 cas d’utilisation spécifiques au sein de 11 industries verticales clés. Il s’avère que les secteurs d’industrie qui connaissent la plus forte croissance en matière d’Internet des objets au Canada sont le secteur des biens de consommation, le secteur manufacturier, ainsi que les secteurs de l’assurance, des soins de santé et des transports.

    « Au cours des 10 prochaines années, le marché de l’Internet des objets connaîtra une forte croissance verticale », dit Nigel Wallis, directeur de la recherche en matière d’Internet des objets et de croissance verticale chez IDC Canada. « Le marché de l’Internet des objets prendra véritablement son essor au Canada en 2015. IDC prévoit que la croissance des revenus associée à l’Internet des objets sera très importante, mais qu’elle demeurera linéaire. »

    L’Internet des objets est peut-être voué à une croissance stimulée par les différents secteurs d’activités, mais M. Wallis prévient que la sécurité et la protection de la vie privée, le coût, le besoin de personnalisation et le conservatisme traditionnel des Canadiens face aux nouvelles technologies pourraient être des facteurs dissuasifs.

    Pour les entreprises qui ont déjà fait le saut vers l’Internet des objets, les avantages se révèlent tangibles. Un rapport du Harvard Business Review sur les premiers adeptes de cette technologie indique que le principal avantage de l’Internet des objets et le facteur déterminant de son adoption est l’amélioration du service à la clientèle, suivi par l’accroissement des revenus générés par les produits et les services, l’optimisation de l’utilisation des actifs sur le terrain et la collecte d’information supplémentaire pour appuyer les efforts liés aux mégadonnées et à l’analytique. Les scénarios de déploiement les plus communs comprennent le suivi des actifs, la sécurité, la gestion de flotte, la gestion des équipes sur le terrain, la gestion des données sur l’énergie et le suivi de l’état.

    Le rapport mentionne que l’Internet des objets ne sert pas uniquement à économiser de l’argent ou à gérer ses actifs et ses employés à distance : les premiers adeptes de cette technologie déclarent qu’elle peut également modifier le modèle d’entreprise en permettant aux entreprises d’offrir de nouveaux services. Par exemple, le fait d’être en mesure de vérifier la performance du produit dans l’environnement du client pourrait permettre à une entreprise d’ajouter « l’entretien préventif » à son offre de service. « En reliant les produits et en comprenant mieux ce qui leur arrive, il est possible d’amasser de l’information sur la manière dont ils sont utilisés et de savoir quand ils ont besoin d’être réparés, précise Michele Pelino, l’analyste principale de Forrester Research, au magazine Harvard Business Review. L’un des grands changements à venir sera la transformation des entreprises axées sur les produits en entreprises axées sur les services. »

    Il est cependant important de garder en tête que les clients doivent voir l’intérêt de partager des données avec votre entreprise. Curtis Hutcheon, directeur général et vice-président de Dell Security, croit que l’interaction en direct et l’accès instantané à l’information seront les principaux avantages de l’Internet des objets. « Cela générera une quantité phénoménale d’information qui permettra aux gens d’en apprendre davantage sur leurs produits et leurs clients, dit M. Hutcheson. Chez Dell, nous en savons tellement sur ce que nos clients font avec les pare-feu parce que nous communiquons avec plus de 500 000 d’entre eux tous les jours, ce qui nous permet de mieux les protéger. Comme ils partagent des données avec nous, il faut que les clients en tirent un avantage indéniable. »

    Un autre avantage de l’Internet des objets pour les différents secteurs d’activité : cette technologie permet de mieux comprendre comment les clients utilisent leurs produits et, ainsi, d’obtenir une meilleure vue d’ensemble de la situation. Les solutions « machine à machine », l’ancêtre de l’Internet des objets, étaient généralement de vieilles applications autonomes qui recueillaient des renseignements dans un seul but, par exemple la gestion de flotte. Désormais, les entreprises peuvent jumeler les données de gestion de flotte avec d’autres données pour améliorer la sécurité des employés ou analyser les mouvements de la circulation routière. Selon les analystes, le but d’appliquer de plus grandes sources de données à un moteur d’analyse perfectionné est d’être en mesure d’identifier les tendances et les possibilités autrement impossibles à déceler que présentent les données imbriquées.

    De nombreuses pièces doivent être mobilisées pour y parvenir : les équipes des services des TI et les dirigeants des différents secteurs d’activité devront travailler main dans la main pour veiller à ce que les bases technologiques soient en place, que les bonnes données soient recueillies et que l’analytique soit correctement effectuée pour en tirer des renseignements qui ajouteront de la valeur à l’entreprise. Et il faut commencer maintenant.

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    Jeff Jedras
    Jeff Jedras est le rédacteur en chef adjoint chez IT World Canada. Il participe principalement aux portails Computer Dealer News et ITbusiness.ca, où il couvre les domaines de la revente et des petites et moyennes entreprises.