Cogep: vingt ans de maintenance et de conviction

Cogep, le développeur d’une solution de gestion de la maintenance de Québec, fête ses vingt ans. En relatant les évolutions des deux dernières décennies, autant chez les éditeurs de logiciels et les clients qu’en technologie et en interne, son président Michel Fournier démontre que le recours à une approche proactive s’avère avantageuse.

Le développeur Cogep, de Québec, commercialise Guide TI, un logiciel intégré de gestion de la maintenance d’actifs à l’intention des organisations des secteurs de l’industriel et de l’immobilier, ainsi qu’aux exploitants de flottes de véhicules.

Le président de l’entreprise, Michel Fournier, oeuvrait pour Cogep avant que l’entreprise n’existe comme entité distincte. En 1986, il a joint une division de la firme ADS qui était alors la troisième plus importante firme d’ingénierie au Québec. Il explique qu’en 1989, l’une des deux divisions spécialisées en informatique de cette firme d’ingénierie a fait faillite et entraîné une perte de 1 M$, ce qui a rendu les propriétaires « frileux ».

Ces derniers ont alors opté pour l’établissement d’une coentreprise baptisée Cogep, avec une firme de Laval nommée Calculus qui n’existe plus. M. Fournier, qui occupait les postes de vice-président et de directeur de l’informatique, a racheté graduellement avec un collègue les parts de Calculus jusqu’en 1995, puis les parts d’ADS jusqu’en 2001. Il a racheté les parts de son partenaire d’affaires en 2007.

M. Fournier relate qu’en 1989 Cogep a procédé à unification en une seule solution de trois produits de gestion de la maintenance qui étaient destinés aux trois clientèles présentement visées. À l’époque la solution était programmée en COBOL, les clients étaient surtout situés au Québec et l’entreprise comptait douzaine d’employés. Aujourd’hui, la solution repose sur des technologies Microsoft et intègre graduellement des fonctionnalités Web, le marché hors Québec est en développement et l’entreprise compte vingt employés et une dizaine de sous-traitants.

Reconnaissance tardive

En entrevue, M. Fournier souligne le caractère proactif de son entreprise en matière d’établissement de liens avec d’autres logiciels, par exemple avec des logiciels d’automates programmables industriels (Programmable Logic Controller en anglais) qui servaient à récupérer des données de compteurs, par exemple pour obtenir des heures d’opération de moteurs. Des liens étaient aussi établis avec des progiciels financiers. « Faire des liens avec d’autres produits a toujours été une de nos forces, pour ne pas avoir à réinventer la roue », indique-t-il.

Or, si la liste des développeurs de logiciels avec lesquels la solution de Cogep peut être intégrée arbore plusieurs noms d’éditeurs québécois, M. Fournier explique que sa firme n’a fait l’objet d’une considération commerciale que récemment.

« Jusqu’en 2005, la plupart des firmes québécoises qui avaient du succès voyaient de haut des petites firmes comme nous. Lorsqu’ils faisaient des liens, c’est parce que leurs clients leur poussaient l’obligation de le faire. Ils ne voyaient pas de complémentarité avec nos produits. Nous avons vécu cela pendant plusieurs années, alors que nous tentions des approches pour développer des marchés communs et même sortir du Québec, mais c’était très difficile parce que ces gens étaient fermés à des petites boîtes comme nous », relate-t-il.

« Depuis, cela a complètement changé parce que nous avons une excellente clientèle au Québec et que nous développons la clientèle hors Québec. Notre faiblesse dans le passé était que nous étions très spécialisés. Nos clients nous aimaient beaucoup, mais nous n’avions pas d’approche marketing pour augmenter notre visibilité. Depuis que j’ai pris en charge la direction de Cogep, c’est une facette en laquelle je crois beaucoup, où j’ai mis beaucoup d’énergie. Nous commençons à en voir des résultats, avec des [collaborations avec] Logibec, PG Govern… Les gens courent après moi maintenant et non le contraire! », ajoute-t-il.

« Un logiciel est aussi bon que ses utilisateurs. Nous avons toujours mis beaucoup d’énergie sur le service à la clientèle, ce qui est de plus en plus payant pour nous. Lorsque ces firmes parlent avec nos clients et se font dire ‘Avec Cogep on a un service A-1’, cela les sécurise de faire affaire avec nous. »

Les bienfaits du contrôle

En vingt ans, le recours aux technologies de l’information a beaucoup évolué. Ainsi, Cogep a intégré à sa solution la logistique fondée sur les codes à barres il y a dix ans, les requêtes de service par le biais du Web il y a cinq ans et l’utilisation des assistants numériques il y a deux ans. M. Fournier ajoute qu’un plan d’évolution, qui se terminera en 2011, vise à rendre l’application à 100 % multiniveau, donc exploitable autant sur le Web qu’en client-serveur.

Toutefois, s’il constate une évolution de ses clients en matière d’adoption des technologies de l’information, M. Fournier estime que le type de clientèle desservie progresse à un rythme plus lent que dans d’autres secteurs d’activités, ce qui l’incite à ne pas brusquer les choses.

« Notre approche des dernières années a été de voir ce dont les clients avaient le plus besoin pour le Web et nous en ajoutons graduellement chaque année, explique-t-il. Nous avons des compétiteurs en Amérique du Nord qui ont fait des virages massifs, mais pas nécessairement avec de grands succès. Les domaines de l’industriel et de l’immobilier ne sont pas ce que je considère des domaines de précurseurs pour ce qui est des applications électroniques. »

Il ajoute que de convaincre les clients à recourir de façon accrue aux technologies de l’information est un travail constant. Cela exige, notamment, de produire des études de retour sur investissement. Souvent, les responsables n’ont pas de données comparatives qui ont trait aux coûts de maintenance, alors que ces dépenses sont noyées dans un montant global ou qu’un procédé manuel ne peut procurer d’information détaillée.

« Notre dada est de parler de l’aide au contrôle et à la diminution des coûts de maintenance en prenant le contrôle de ces opérations d’une façon plus soutenue et structurée. Plusieurs gens n’adhèrent pas à la maintenance préventive et se disent ‘Notre usine opère, pourquoi ferait-on plus de prévention?’ Ce dont ils ne se rendent pas compte, c’est qu’avant ils fonctionnaient sur un quart de travail et que maintenant ils en ont trois, sept jours sur sept. Les machines sont plus sollicitées et les machines, comme on dit en bon Québécois, se mettent ‘à péter de tous bords et de tous côtés’ et parfois il est trop tard. »

À l’écoute des évolutions

En parallèle, l’équipe de Cogep poursuit l’évolution de sa solution par le biais du partage des données. M. Fournier met la touche finale à un partenariat avec une entreprise en gestion énergétique de Toronto pour la récupération et le partage de données aux fins de maintenance dans le domaine de l’immobilier, tandis qu’une approche similaire est effectuée dans le domaine industriel avec des compagnies québécoises qui fabriquent leurs propres équipements.

« D’ailleurs, une problématique est qu’il existe beaucoup d’outils de prise de données, mais peu d’outils d’interprétation de données. C’est une des facettes que nous mettons en place, mais en temps réel, ce qui nous différencie des concurrents canadiens et américains. »

D’autre part, pour suivre l’évolution des besoins des clients, Cogep a recours à des groupes d’usagers. « Nous sommes une des rares entreprises québécoises qui tient régulièrement une rencontre de notre groupe d’usagers – nous en serons à notre dixième en vingt ans – avec 150 à 200 de nos clients réunis en même temps. Un des buts est de parler avec notre clientèle et d’échanger sur leurs visions et le développement de leurs marchés. »

S’il dit apprécier le développement accru des opportunités commerciales au cours des dernières années, M. Fournier estime que le marché des clients potentiels reste encore à convaincre.

« On entend souvent – et j’y adhère – que les Québécois en informatique sont de très bons développeurs, mais pas de bons vendeurs. C’est cette approche qu’il faut renforcer non seulement dans notre domaine, mais dans plusieurs domaines d’activité. C’est pourquoi nous travaillons depuis quelques années avec une firme de marketing. Mais juste au Québec, il y a facilement 30 % à 40 % des entreprises qui n’utilisent pas des produits tels que le nôtre. »

***

Nouveau créneau techno

Au cours de ses deux premières décennies d’exploitation, Cogep a desservi trois secteurs d’activités, soit l’industriel, l’immobilier et la gestion de flottes de véhicules. Or, M. Fournier relate que la flexibilité de la solution logicielle commercialisée a incité des clients à y recourir pour combler des besoins au niveau de la gestion… de leurs parcs informatiques.

Alors que son entreprise oeuvre à obtenir la certification ITIL pour desservir toute entreprise qui exploite un parc informatique d’envergure, M. Fournier commente cette utilisation inattendue de son produit et du nouveau créneau commercial qui en émane.

« On s’entend qu’il existe une panoplie de logiciels de gestion de parcs informatique, où la plupart offrent quelque chose de bien au niveau des requêtes de service, mais [ces solutions] n’ont pas de profondeur. Avec nos modules, nous pouvons apporter une approche en gestion d’actifs qui est complémentaire à ce que nous faisons avec les requêtes. Des clients, comme le Casino de Montréal, utilisent notre produit pour obtenir des facettes qu’ils n’avaient pas avec d’autres produits strictement spécialisés pour les parcs informatiques », indique-t-il.

« Nous apportons une expérience et une maturité en gestion des actifs qui est rattachée à des équipements de production ou à des flottes de véhicules. Pour une organisation qui a 1 000 ordinateurs, d’avoir de la planification de remplacement de parc informatique implique des données qui sont encore plus nécessaires qu’il y a dix ans. »

Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.

Jean-François Ferland
Jean-François Ferland
Jean-François Ferland a occupé les fonctions de journaliste, d'adjoint au rédacteur en chef et de rédacteur en chef au magazine Direction informatique.

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